lundi 30 novembre 2020

Le Sanctus à la maison

Le Sanctus à la maison, tableau de Charles Huot (1855-1930)
qui a inspiré le sonnet ci-dessous de Pamphile Le May (1837-1918).
Le tableau a été détruit lors de l'incendie de la résidence de 
Bois-de-Coulonges, en 1966 à Québec.

Eau-forte de ce tableau commandée par Henri d'Arles (1870-1930) pour son ouvrage
Propos d'art (1903), premier livre de critique d'art d'un auteur né au Québec
(voir les informations sous le poème ci-dessous).

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)






   Par la fenêtre ouverte on voit la floraison.
   C'est l'heure de la messe. Au loin un clocher brille.
   Tout le monde est parti ; seule, une jeune fille
   Vaque aux soins du ménage en la pauvre maison.

   Une croix noire pend à la blanche cloison.
   Dans son corsage neuf l'enfant est bien gentille.
   L'eau bout, la vapeur monte. Un chat luisant se grille
   Au poêle d'où s'échappe un reflet de tison.

   Mais voici que l'airain tinte dans le ciel rose.
   Sanctus ! Sanctus ! Sanctus !... La jeune fille pose
   Le chou vert sur un banc, au clou le gobelet.

   Sanctus ! Sanctus !... Avant que la cloche se taise,
   Elle tombe à genoux et, les bras sur sa chaise,
   Elle incline la tête et dit son chapelet. 

                                Pamphile Le May (1904)



Tiré de : Pamphile Le May, Les Gouttelettes, Montréal, Librairie Beauchemin Limitée, 1904, p. 157.

De Pamphile Le May, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : 

 Le poète pauvre ;

 La nouvelle année ; 

 Épitre à mon ami Sulte ; 

Ultima Verba.

Voyez également : À la mémoire de Pamphile Le May


Pour en savoir plus sur Pamphile Le May, 
cliquer sur cette image : 


Le sonnet Le Sanctus à la maison, ci-haut, est tiré
de Les Gouttelettes, recueil de Pamphile Le May. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Le premier livre de critique d'art publié par un auteur né au Québec
est Propos d'art, d'Henri d'Arles (né Henri Beaudet à Arthabaska) et
paru en 1903. Le contenu de l'ouvrage est centré sur l'œuvre de
Charles Huot, Le Sanctus à la maison, qui a également inspiré
le sonnet de Pamphile Le May présenté ci-haut. 

Pour consulter ou télécharger gratuitement ce 
volume, cliquer sur cette illustration : 



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Nos poésies oubliées, sorti de presse le 3 septembre 2020, qui présente
100 poètes oubliés de chez nous, avec pour chacun un poème, une 
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samedi 28 novembre 2020

Fantasio

Edmond Paré (1857-1897)
alias "Fantasio"
sujet du poème de Joseph-
Pierre Turcotte
, ci-dessous.




   C'était une âme alerte et vive
   Dans un corps fragile et dormant.
   L'âme souffrait d'être captive ;
   Le corps souffrait du mouvement.

   Durant cette existence brève,
   L'âme altière et le corps chétif
   Ont lutté sans merci ni trêve,
   Comme la vague et le rescif.

   Vague qui sans cesse déferle,
   Tantôt calme et chaude, au soleil
   Faisant luire son flanc de perle
   Et ses paillettes de vermeil ; 

   Tantôt par le vent agitée,
   Se démenant avec orgueil
   Et retombant soudain, heurtée
   Au sombre obstacle de l'écueil.

   Mais la vague était immortelle : 
   Elle a brisé l'obstacle enfin
   Pour s'en aller, contente d'elle,
   Se perdre en l'océan divin. 

              Joseph-Pierre Turcotte (1899)



Tiré de : Edmond Paré, Lettres et opuscules (ouvrage posthume) Québec, Dussault et Proulx Imp., 1899, p. 15.

   L'auteur du poème ci-haut, Joseph-Pierre Turcotte est né à Saint-Jean-de-l'île-d'Orléans le 21 mai 1857. Reçu avocat en 1881, il pratiqua le droit dans la région de Québec. Il fut également greffier de la Cour des sessions de la paix à Québec. Participant à la vie littéraire et politique de la Vieille Capitale, il contribua à de nombreux journaux et périodiques, dont Le Petit journal, la Revue de Québec, L'Élection, L'Union libérale, L'Électeur, Le Soleil. Il se présenta aux élections provinciales de 1886 et 1896, mais sans succès. Il fut élu député fédéral de Québec lors d'une élection partielle en 1908, mais ne se représenta pas aux élections générales de 1911. Joseph-Pierre Turcotte est mort à Québec le 6 janvier 1940. 
(Sources : Le Soleil, 27 novembre 1897 et 8 janvier 1940 ; Wikipedia)

   Edmond Paré, sujet du poème ci-haut de Pierre-Joseph Turcotte, est né à Québec (quartier Saint-Roch) le 20 septembre 1857, de Georges-Edmond Paré et d'Ursule Huot. Il fit ses études classiques au Petit séminaire de Québec, où il se fit déjà remarquer pour ses talents littéraires, puis étudia le droit à l'Université Laval. 
   Reçu avocat le 13 juillet 1884, il ouvrit un cabinet d'avocats avec Gilbert H. Larue et Arthur Delisle, puis plus tard avec Philéas Corriveau avec lequel il pratiqua jusqu'à sa mort. 
   En 1887, il fit un voyage en Europe. À Paris, il collabora à quelques journaux de là-bas et de Québec, auxquels il envoya des chroniques suivies et appréciées. Il envisagea de s'établir à Paris pour réaliser son rêve de devenir journaliste, mais cela ne se produisit pas. Il revint à Québec où il pratiqua le droit et s'occupa de l'entreprise de son père à la mort de celui-ci, mais sans qu'il développe le goût des affaires. 
   Passionné de littérature et d'arts, il publia des articles dans divers journaux et périodiques, dont plus particulièrement L'Union libérale,  un journal tenu par des jeunes indépendants du parti libéral et dont il fut l'un des fondateurs, sous le nom de plume de "Fantasio". Érudit, avide de lectures sur toutes sortes de sujets littéraires, artistiques ou scientifiques, il était connu comme l'un des gens de lettres les plus remarquables de son époque à Québec. Deux ans après sa mort, son ami Ludovic Brunet fit publier Lettres et opuscules, un recueil de ses meilleurs textes. En 1912, plusieurs de ses textes furent inclus dans un ouvrage, Chroniques littéraires de l'Union libérale ; ses écrits occupent 110 des 236 pages de cet ouvrage.
   Edmond Paré est mort à Québec le 24 novembre 1897, des suites de la tuberculose. Il était âgé de quarante ans. Il avait épousé Célina Dorion le 7 avril 1891, à la chapelle de l'Hôpital général de Québec. Il était le neveu de Pierre-Gabriel Huot.
(Sources : Edmond Paré, Lettres et opuscules, Québec, Dussault & Proulx Imp., 1899 ; Chroniques littéraires dans l'Union libérale, Québec, 1912, p. 127-236 ; Jules S. Lesage, Mélanges : notes artistiques et propos littéraires, Québec, p. 135-137 ; Le Soleil, 27 novembre 1897, Ancestry.ca).  

Le poème de Joseph-Pierre Turcotte en hommage à Edmond 
Paré est tiré du recueil posthume de textes de ce dernier 
paru deux ans après sa mort, Lettres et opuscules
On peut télécharger ou consulter gratuitement ce 
volume en cliquant sur l'image suivante : 



Pour lire la préface de Ludovic Brunet dans Lettres et opuscules 
en hommage à Edmond Paré, cliquer sur cette illustration : 



Pour consulter ou télécharger le volume Chroniques littéraires 
de l'Union libéraleoù 110 des 236 pages contiennent des 
chroniques et articles d'Edmond Paré, cliquer sur cette illustration : 


Signature d'Edmond Paré au jour de son mariage, dans 
le registre de la chapelle de l'Hôpital général de Québec,
6 avril 1891. Edmond Paré et son épouse ont eu trois
enfants, qui étaient en bas âge à la mort de leur père.

(Source : Ancestry.ca)

Article paru dans Le Soleil (Québec) du 27 novembre 1897, à l'occasion de la mort
d'Edmond Paré. L'auteur est son ami Ludovic Brunet, qui deux ans plus tard publiera
Lettres et Opuscules, un recueil de textes et articles de Paré.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article sur les funérailles d'Edmond Paré dans Le Soleil 
du 27 novembre 1897. On y remarque quelques noms
de notables de l'époque, dont Simon-Napoléon Parent,
alors maire de Québec qui sera premier ministre du
Québec de 1900 à 1905. 

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)



En 1946, soit près de 50 ans après la mort d'Edmond Paré, 
Jules L. Lesage lui consacra quelques pages dans son livre
Mélanges : notes et artistiques et propos littéraires. Pour 
prendre connaissance du propos de Lesage sur Paré, 
cliquer sur cette image : 



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mardi 24 novembre 2020

Les saisons

Adolphe Poisson (1849-1922)

(Source : La Revue nationale,
vol. 1, février-juillet 1895)




   Au doux soleil de mai naissent les primevères ;
   Les champs pleins de parfums se couvrent de gazons,
   Et l'oiseau déserteur de nos climats sévères
   Arrive par essaims des lointains horizons.
   Ainsi, quand dans les cœurs la jeunesse palpite,
   Elle y fait à l'instant éclore les amours ;
   L'essaim des doux espoirs les fait battre plus vite,
               Emportant plus vite leurs jours.

   Au chaud soleil d'Août tombent les blondes gerbes.
   Adieu la marguerite aux calices penchants ! 
   De plus robustes fleurs vont émailler les herbes,
   De plus acres parfums vont embaumer les champs.
   À l'été de la vie ainsi le temps dévore
   Des espoirs nés d'hier et mûris à moitié. 
   L'amour frêle se fane et le cœur voit éclore
               La forte fleur de l'amitié.

   Sur le ciel gris d'Octobre on voit l'épais bocage
   Secouer à regret son feuillage jauni.
   Sous les vents déjà froids qui soufflent avec rage
   Le fruit tombe de l'arbre et la plume du nid.
   Ainsi quand l'homme arrive à sa saison d'automne,
   Il voit se disperser tous ses espoirs flétris,
   Et l'hiver dans son cœur que la vieillesse étonne
               N'entassera que des débris !

   Quand Décembre grelotte, on voit l'ombre qui plie
   Sous la neige tombée en flocons miroitants,
   Et sous son froid linceul la plaine ensevelie,
   Frileuse, se dérobe aux baisers des autans.
   Ainsi l'homme qui touche au terme de sa course
   En vain veut se raidir sous le poids lourd des ans ;
   Heureux encor si Dieu lui dérobe la source
               Où sont les souvenirs cuisants ! 

   La Nature du moins revient à sa jeunesse
   Et reprend ses oiseaux, ses chants, ses gazons,
   Tandis que l'homme, lui, courant vers la vieillesse,
   Ne passe qu'une fois par ses quatre saisons ! 
   Le gazon se refait, la fleur se renouvelle,
   Tout sous le grand ciel bleu chante : RESURREXIT !
   La jeunesse, qui fuit malgré qu'on la rappelle,
               Jamais deux fois ne refleurit  !

                                      Adolphe Poisson (1895)



Tiré de : Adolphe Poisson, Heures perdues, Québec, Imprimerie générale A. Côté et Cie, 1895, p. 61-63. 

Pour en savoir plus sur Adolphe Poisson, voyez la notice biographique et les documents sous son poème L'hospitalité du poète

D'Adolphe Poisson, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : 

- Aux défenseurs oubliés de la patrie

- À Monsieur Suzor-Coté, artiste-peintre ;

- Brève est la vie

- L'envie.
 

Heures perdues, recueil d'Adolphe Poisson
d'où est tiré le poème Les saisons, ci-haut.
On peut ICI télécharger gratuitement
le recueil. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Dédicace manuscrite d'Adolphe Poisson
dans son recueil Sous les pins.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Adolphe Poisson est l'un des 100 poètes présentés dans 
Nos poésies oubliées, un volume paru en septembre 2020 
dans une édition unique et limitée. Pour se procurer l'un des 
quelques exemplaires encore disponibles, et dont chacun 
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dimanche 22 novembre 2020

Ceux qu'on a aimés

Firmin Paris, nom de plume de
Maxime Hudon (1841-1914)

(Source : Musée de la civilisation du Québec)




                                                               Le soir est près de l'aurore : 
                                                               L'astre à peine vient d'éclore
                                                               Qu'il va terminer son cours.

                                                                                     LAMARTINE


   J'ai vu l'astre du jour comme un disque de flamme
                       Descendre dans les flots,
   Et j'ai senti monter du profond de mon âme
                       D'ineffables sanglots. 

   Je me disais : Combien d'astres chers et propices
                       Se lèvent sur nos jours
   Pour arriver aussi pleins de pures délices
                       Au terme de leur cours !

   Les uns ont devant nous répandu la lumière
                       Dans le sombre chemin
   Et retiré nos pas de la bourbeuse ornière
                       Où nous mit le destin.

   D'autres, de leur regard, de leur approche chère,
                       Ont réchauffé nos cœurs ;
   Ils nous ont, quelques jours, de l'existence amère
                       Endormi les douleurs.

   Nous les avons aimés comme en hiver on aime
                       Un soleil radieux ;
   Leur présence nous fut, dans la détresse même,
                       Un avant-goût des cieux.

   La tombe inexorable ou l'absence éternelle
                       Nous les ont enlevés
   Avant les jours remplis d'espérance si belle
                       Que nous avions rêvés.

   Brillants adolescents, vieillards chargés d'années
                       Ou blonds anges joufflus,
   Frères, amis d'enfance ou débris d'hyménées,
                       Nous ne les reverrons plus. 

   Nous ne les reverrons plus ! Ce rivage incolore
                       Reverra bien des jours : 
   Son soleil s'est couché pour se lever encore ;
                       Mais eux, c'est pour toujours.

              Maxime Hudon*, alias Firmin Paris (1907)




Tiré de : Firmin Paris (nom de plume de Maxime Hudon), Sentiments et souvenirs, deuxième série: Au large, Québec, Léger Brousseau imprimeur, 1907, p. 114-115.

*  Maxime Hudon est né à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie (comté de Kamouraska) le 19 décembre 1841, de Maxime Hudon, cultivateur, et de Rosalie Lavoie. Il fit ses études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à Rimouski et à Québec. 
  Il fut ordonné prêtre le 11 juillet 1869 à Notre-Dame-du-Mont-Carmel (comté de Kamouraska), par Mgr Charles-François Baillargeon. Après avoir été professeur au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (1869-70) où il enseigna la littérature, il devint vicaire à Rivière-Ouelle (1870-71), à Sainte-Famille-de-l'île-d'Orléans (1871-72), à Saint-Pierre-de-l'île-d'Orléans (1872-73). Prêtre desservant à l'Ancienne-Lorette (1873-77), il fut nommé curé de Saint-Narcisse-de-Beaurivage (1877-84), où il fit construire l'église et le presbytère. En 1884, il devint curé de Berthier-sur-Mer et occupa ce poste jusqu'à sa retraite en 1896. 
   Il collabora à divers journaux et périodiques, s'intéressant particulièrement à la langue française. Sur ce sujet, il signa une chronique, intitulée Glane philologique, dans La semaine religieuse de Québec, dans laquelle il se porta à la défense de la langue populaire. Il est l'auteur d'un recueil de poésies, Sentiments et souvenirs, dont le deuxième tome, sous-titré Au large, est le seul paru de cet ouvrage.
   Maxime Hudon est mort à Berthier-sur-Mer le 6 octobre 1914. Il fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse.
(Sources : Gaston Deschênes, Les origines littéraires de la Côte-du-Sud, Québec, Les éditions du Septentrion, 1996, p. 91-92 ; Camille Roy, Érables en fleurs : pages de critique littéraire, Québec, 1923, p. 113-129 ; J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français ; les contemporains, Saint-Hyacinthe, Imprimerie de La Tribune, 1908, p. 303 ; Bulletin des recherches historiques, avril 1931, p. 246 ; ChroQué ; L'Action sociale, 7 octobre 1914 ; Le Devoir, 7 octobre 1914).

Sentiments et souvenirs, dont le deuxième
tome, intitulé Au large, est le seul à avoir 
paru de cet ouvrage d'où est tiré le poème
Ceux que nous avons aimés, ci-haut. Les 
exemplaires de l'édition originale sont 
extrêmement rares, mais on a accès
à l'entièreté de son contenu ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'abbé Maxime Hudon, à un âge plus avancé.

(Source : Musée de la civilisation de Québec)

Article paru dans L'Action sociale, de Québec, le 7 octobre 1914.
Cet article contient deux erreurs : d'abord, le prénom de l'abbé
Hudon qui en réalité est Maxime et non "Maximin", puis la
mention de "deux séries de vers" qu'il aurait publiés est
erronée, car il n'en a publié en réalité qu'une seule.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Tandis qu'il était curé de Saint-Narcisse-de-Beaurivage,
entre 1877 et 1884, l'abbé Maxime Hudon avait fait
construire l'église de la paroisse, qui existe toujours
et est classée "Immeuble patrimonial".

(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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jeudi 19 novembre 2020

Regards sur l'Infini

Jean Dollens, nom de plume d'
Estelle Bruneau (1910-1953)

(Source : Musée d'histoire de Sherbrooke)




   Vois ! le souffle de l'automne a balayé la terre
   Et mortes sont les fleurs, expirés les parfums !
   Les feuillages des bois et tes rêves défunts,
   Dispersés à tous vents, gisent dans la poussière.

   Par l'implacable sort te voilà contristé...
   Ah ! si de l'Infini tu n'attends point de flamme,
   Si tu ne donnes pas des ailes à ton âme,
   Tu n'es pas au-dessus de la fatalité !

   Tu voudrais dominer notre misère humaine !
   Mais, si tu ne nourris en ton cœur l'Idéal,
   Si tu n'aspires pas à plus haut que ton mal,
   Si tu n'as point d'essor, ton espérance est vaine.

   Sur le plus haut sommet, l'aigle qui fait son nid
   Ne connaît, dans son vol, aucun vent qui l'arrête ;
   Il vit dans les éclairs ; il brave la tempête ;
   Son royaume commence où la terre finit.

   Il plane sur l'abîme ― et planer c'est sa vie.
   Aux caprices du temps il garde un même accueil.
   Il ne craint que la foudre. Et  c'est là son orgueil  
   Si l'orage le frappe, il meurt sans agonie ! 

              Estelle Bruneau alias Jean Dollens (1934)



Tiré de : Jean Dollens (nom de plume d'Estelle Bruneau), Nostalgies, Sherbrooke, La Tribune Ltée, p. 152.  

Dans un article publié dans le numéro d'octobre 1951 de la revue Les Carnets viatoriens et intitulé « Nelligan a-t-il subi une influence anglaise ? », Alfred DesRochers, poète majeur du vingtième siècle québécois, présente une anecdote révélatrice quant aux aptitudes poétiques d'Estelle Bruneau. Puisque l'on sait fort peu de choses sur cette poétesse estrienne, il vaut donc la peine de ressortir des oubliettes ce que DesRochers raconte à son sujet : 

« Mes amis m'ont dit par ailleurs que Nelligan fut toujours un lecteur omnivore et boulimique ; qu'il retenait une page de vers d'un coup d'œil, cadences, richesse ou pauvreté des rimes, somptuosité ou banalité des images, etc. J'ai connu deux jeunes filles ― bien vivantes encore, Dieu merci ! Eva Senécal et Estelle Bruneau (Jean Dollens), qui jouissaient d'un tel talent. 
  Il me souvient qu'Eva Senécal, vers la vingtaine, ayant découvert une heure plus tôt les Éblouissements de la comtesse de Noailles, en parla durant toute une soirée, illustrant sa pensée d'une citation infaillible de substance et allant repiger le texte sans la moindre hésitation, alors que moi ― qui me vantais d'une assez bonne mémoire et qui avais lu le livre en pleine solitude, à tête reposée ― je n'en gardais qu'une impression d'ensemble.
   Estelle Bruneau lisait une page des Illuminations de Rimbaud ou des Stances de Moréas et, se fermant les yeux, en enfantait un jumeau d'imagerie ou de cadence, sans user d'un seul mot du modèle.
   Ces phénomènes, à moi qui peine à désenganguer la moindre impression ; qui, à la lecture, ne rencontre que des scènes et des sites de mon enfance ; ces phénomènes, dis-je, m'ont toujours paru incompréhensibles ; mais, les ayant vus, je ne peux nier leur existence ». 

Pour en savoir plus sur Estelle Bruneau, voyez les notices biographiques et documents sous ses poèmes La voix des âmes et Cimes.

Nostalgies, recueil de Jean Dollens, nom de
plume d'Estelle Bruneau, d'où est tiré le poème
Regards sur l'Infini, ci-haut. On peut en trouver
de rares exemplaires ICI et ICI
.

Dédicace de Jean Dollens, nom de plume d'Estelle 
Bruneau, dans son recueil de poésies Nostalgies
Son propos semble indiquer qu'elle fut atteinte d'une 
maladie sérieuse dès les années 1930, ce qui a peut-
être contribué à son décès prématuré à l'âge de 
43 ans, en 1953. D'après une signature sur la
couverture du livre, cette dédicace a été faite au
Dr Richard Gaudet, chirurgien de Sherbrooke.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Jean Dollens est l'un des 100 poètes présentés dans 
Nos poésies oubliées, un volume paru en septembre 2020 
dans une édition unique et limitée. Pour se procurer l'un des 
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lundi 16 novembre 2020

Retour au village natal : la rivière du Sud

La rivière du Sud

(Source : La Voix du Sud)




      (Troisième partie du poème Retour au village natal ;
      L'auteur est né à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud)



   J'ai vu dans son vieux paysage
         La rivière du Sud,
   Où je me jetais à la nage,
         Où j'accordais mon luth ;

   Cette rivière aux flots limpides
         Où, glissant en bateau,
   Je suivais des yeux les rides
         Du sillage sur l'eau...

   Où, m'asseyant sur quelque roche,
         Je guettais le poisson
   Qui se mouvait agile au proche
         Et mordait l'hameçon...

   Collégien d'humeur tranquille,
         Par les jours d'été chaud,
   J'y venais étudier Virgile
         Dans un creux des coteaux.

   Le bruit constant des moissonneuses 
         Aux champs pleins de soleil,
   Donnait aux églogues fameuses
         Un charme sans pareil. 

   Belle rivière, sur tes grèves
         Qu'ombragent ces doux bois, 
   Elle et moi faisions de beaux rêves
         Bien souvent autrefois,

   Et revenions parmi les seigles
         Au son de l'Angélus,
   Avec mille propos espiègles,
         Et des cœurs tout émus ! 

                  Jules Gendron (1930)



Tiré de : La Côte-du-Sud vue par ses poètes : anthologie compilée par Gaston Deschênes, inédit, Sainte-Foy, 1987. 

Pour en savoir plus sur Jules Gendron, voyez la notice biographique et les documents sous son poème L'amour et la gloire

Jules Gendron (1868-1947)

(Source : son poème épique La légende des chevaliers d'Oïl,
Québec, éditions Victor Lafrance, 1928)

La rivière du Sud à Saint-François-de-la-rivière-du-Sud,
village natal de Jules Gendron, auteur du poème ci-haut.

(Source : Chaudière-Appalaches)

Jules Gendron est l'un des 100 poètes présentés dans 
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L'historien Gaston Deschênes, dont on peut suivre l'intéressant carnet-web ICI, est
le concepteur de La Côte-du-Sud vue par ses poètes, une anthologie non publiée
d'où est tiré le poème ci-haut de Jules Gendron. Il a publié d'autres ouvrages sur sa
région natale de la Côte-du-Sud, dont (cliquer sur les titres pour plus d'informations) : 

Les origines littéraires de la Côte-du-Sud ;

L'Année des Anglais : la Côte-du-Sud à l'heure de la Conquête ;

Curiosités de la Côte-du-Sud (avec Pierre Lahoud).