jeudi 28 février 2019

Petite barcarolle

Modeste Champoux (1881-1918)

(Source : Archives des Eudistes)




        PAR UN BEAU JOUR 


   Vogue bien ma nacelle,
   Berce-nous sur les flots ;
   La vague nous appelle ;
   Ramons, gais matelots.

   Aux chants des ondes qui coulent,
   Au rythme des flots qui roulent,
   Reposons nos coeurs,
   Lassés des labeurs ;

   Et berçons-nous. 

   Entre la terre,
   Pour nous si chère, 
   Sous le ciel pur,
   Sur l'eau d'azur ;

   Emporte-nous.  


        LE MATIN 


   Berce ma barquerolle,
   Dieu nous donne un beau jour ; 
   Du ciel bleu la coupole
   Sourit avec amour.

   L'aube a des teintes sublimes,
   Du monde on revoit les cimes ;
   Bientôt l'astre d'or
   Mettra son décor.

   Glissons sur l'eau.

   L'eau vient si belle
   Quand naît le jour ;
   Glissons sur elle,
   Jusqu'au retour. 

   Glissons sur l'eau. 


        LE SOIR 


   Glisse bien ma nacelle,
   Porte-nous sur les flots ;
   La nuit vient, solennelle,
   Jouissons beaux matelots.

   La Terre inspire les âmes,
   Le Ciel nous montre ses flammes ;
   La mer, pour les voir,
   Reprend son miroir.

   Flottons sur l'eau. 

   Sous les étoiles
   Aux beaux yeux d'or,
   Sous les grandes voiles
   Où tout s'endort ; 

   Flottons sur l'eau. 


        AVANT L'ORAGE  


   Berce bien ma nacelle,
   Porte-nous sur les flots ;
   L'océan nous appelle,
   Ramons, gais matelots.

   Mais si la vague profonde
   Brave le ciel noir qui gronde,
   Fuyons les malheurs
   Des jeunes rameurs ;

   Rentrons chez nous.

   Et sur les lames
   Aux pâles eaux,
   Frappant des rames
   Ces froids tombeaux, 

   Rentrons chez nous. 

         Modeste Champoux* (1916)



Tiré de : Père Modeste Champoux, La Vieille Maison ; Petite barcarolle, Montréal, Maison Ed. Archambault (distribution), 1916, p. 29-32. Ce poème est présenté comme suit : « Cette poésie légère a été faite plus spécialement pour s'adapter à un morceau bien connu du professeur Champoux (le musicien et oncle du poète) Petite Barcarolle. La Petite Barcarolle, parole et musique, paraîtra sous peu et sera également en vente chez Ed. Archambault, 312 Ste-Catherine Est, Montréal ». 

* Modeste Champoux est né à Saint-Paul-de-Joliette le 21 novembre 1881, de Cyriaque Champoux, cultivateur, et d'Henriette Goyette. De 1895 à 1900, il fit son cours classique au Séminaire de Joliette, puis poursuivit ses études au Juvénat de Church Point (Nouvelle-Écosse).
   Entré au noviciat des Eudistes, à Halifax, il fut ordonné prêtre dans cette même villele 25 mai 1907. De 1907 à 1910, il enseigna au Collège de Sainte-Anne-de-Pointe-à-l'Église (Church Point), puis, de 1910 à 1915, au Collège du Sacré-Coeur, à Caraquet (Nouveau-Brunswick). De 1915 à 1917, il revint au Collège de Sainte-Anne-de-Pointe-à-l'Église pour y enseigner les belles-lettres et le chant. En 1918, il fut nommé vicaire à Chandler, en Gaspésie.
  Il composa divers poèmes et, en 1916, publia une brochure contenant deux poèmes, La Vieille maison et Petite barcarolle. Il publia dans le journal L'Étoile du Nord, de Joliette, de nombreux autres poèmes qu'il projetait de réunir dans un recueil dont le titre devait être Campagnes laurentiennes. Son poème La Vieille maison a été mis en musique par son oncle, Modeste Paul Champoux, compositeur et professeur de musique à Syracuse, dans l'état de New York.
   Modeste Champoux est mort à Chandler le 3 décembre 1918, victime de l'épidémie de grippe espagnole qui sévissait alors. Il était âgé de 37 ans. 
(Sources : Archives des Eudistes (remerciement spécial à M. Jean-Pierre Deshaies, associé-eudiste, pour son aide empressée et fort utile) ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 261 ; J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français, Saint-Hyacinthe, La Tribune, 1908, p. 116 ; Les Anciens du Séminaire : écrivains et artistes, Joliette, 1927, p. 126-127 ; Ancestry.ca). 


Le poème Petite barcarolle, ci-haut, a été
publié dans cette brochure parue en 1916.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite de Modeste Champoux
dans La Vieille maison ; Petite barcarolle.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Introduction à la brochure contenant les poèmes La Vieille maison
et Petite barcarolle, de Modeste Champoux.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cet entrefilet annonçant la publication de
La Vieille maison ; Petite barcarolle, de
Modeste Champoux, est paru dans
La Presse du 25 mars 1916.

(Source : BANQ)

Le décès de Modeste Champoux fut souligné
dans La Presse du 12 décembre 1918.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cet article consacré au musicien Modeste Paul Champoux et à son neveu le poète
Modeste Champoux est paru dans L'Étoile du Nord, de Joliette, le 20 janvier 1927.
Le même texte a été publié de nouveau dans la même année dans le volume
Les Anciens du Séminaire : écrivains et artistes, p. 126-127.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'oncle de Modeste Champoux, Modeste Paul Champoux (1852-1923)
a composé une pièce musicale pour accompagner le poème de son
neveu, La Vieille maison. En cliquant ICI, on peut en écouter une
belle interprétation par Michel Du Paul, à qui nous exprimons
notre vive gratitude.

Modeste Champoux repose au cimetière
de Chandler, en Gaspésie, où il est mort
de la grippe espagnole en 1918 et où il
venait d'être nommé vicaire.

(Sources : vidéo des archives des Eudistes)

Monument funéraire d'origine du Père Modeste Champoux et de son confrère
Joseph Renac, au cimetière de Chandler, en Gaspésie. On  aperçoit deux
membres de la congrégation des Eudistes, Gérald Léger (1909-1988)  et
 Moïse
 Arsenault (1907-1984). La photo date des années 1970.

(Sources : Les Eudistes)


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lundi 25 février 2019

Le ruisseau qui murmure

Anna Duval-Thibault (1862-1958)

(Source : Le coin du feu, février 1893)




   Auprès du ruisseau qui murmure
   S'agitent gracieusement
   Les branches à verte parure
   Sous le souffle enjoué du vent,
   Qui berce dans sa course folle
   La fleur à la fraîche corolle.

   Avec sa joyeuse lumière,
   Le brillant soleil du matin
   Réveille et ranime la terre,
   Qui sourit sous le ciel serein.
   Ses rayons tremblent sur l'eau pure
   Du léger ruisseau qui murmure.

   Auprès du ruisseau, solitaire
   Et pensive, je songe à vous : 
   Vous aimeriez cette onde claire
   Et son gazouillement si doux ;
   Vous aimeriez cette prairie
   Verte, soleilleuse et fleurie.

   Pour reposer sous l'ombre douce
   De l'arbre qui s'incline au vent,
   Vous auriez un siège de mousse ;
   Et vous pourriez, tout en rêvant, 
   Suivre des yeux l'onde charmante
   Du ruisseau qui babille et chante.

   Sur cette rive pacifique, 
   Recueillis et silencieux
   Sous ce ciel pur et magnifique,
   Nous causerions... avec nos yeux.
   Un regard chargé d'éloquence
   Remplirait nos coeurs d'espérance. 

   Et tous les oiseaux du bocage,
   Sympathiques aux amoureux,
   Nous rediraient dans leur ramage : 
   ― Aimez-vous bien ! Soyez heureux !
   Cela finirait l'aventure 
   Auprès du ruisseau qui murmure. 

                Anna Duval-Thibault(août 1887)



Tiré de : Anna Duval-Thibault, Fleurs du printemps, Fall River (Massachusetts), Société de Publication de l'Indépendant, Éditeur, 1892, p. 147-149

* Anna Marie Duval est née à Montréal le 15 juillet 1862. Son père était originaire des Cantons-de-l'Est. Trois ans plus tard, en 1865, ses parents émigrèrent à Troy, dans l'état de New York. En 1877, la famille s'établit dans la ville de New York.
   Après son cours secondaire, elle entra au New York Normal College (aujourd'hui Hunter College), une institution d'enseignement particulièrement attachée à l'égalité raciale et à l'avancement des femmes, dont elle reçut son diplôme d'études supérieures. C'est à ce collège qu'elle devint amoureuse d'un jeune Américain au nom inconnu qui mourut peu après leurs fiançailles, un événement tragique qui la plongea dans un état de désespoir.
   Elle se réfugia à Québec où elle se remit suffisamment de son chagrin pour publier quelques poèmes dans le journal L'Indépendant, de Fall River au Massachussetts, où elle alla vivre vers 1887. Elle collabora dès lors de façon régulière à L'Indépendant, l'un des plus importants journaux franco-américains de la Nouvelle-Angleterre. Le 10 septembre 1888, elle épousa l'administrateur et plus tard propriétaire du journal, Onésime Thibault.
   En 1920, son mari ayant vendu ses parts dans le journal, la famille alla s'établir à San Diego, en Californie. Anna Duval-Thibault avait donné naissance à huit enfants, dont trois se rendirent à leur majorité.
   Elle publia en 1888 un roman, Les deux testaments ; Esquisse de moeurs canadiennes, paru d'abord en feuilleton dans L'Indépendant puis en volume à Fall River. En 1892, elle publia un recueil de poésies, Fleurs du printemps, devenant ainsi la première femme en Amérique à publier un recueil de poésies en langue française. 
   Anna Duval-Thibault est morte à San Diego (Californie) le 23 octobre 1958, à l'âge de 96 ans.
(Sources : Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 17 ; Anthologie de la littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 2, Bedford (New Hampshire), National Materials Development Center for French, 1980, p. 94 ; Bulletin de la Société historique franco-américaine, 1967).

D'Anna Duval-Thibault, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté Les marches naturelles de la rivière Montmorency, de même qu'un poème de François-Xavier Burque en son hommage : Paroles de reconnaissance à Madame Duval-Thibault


Le poème Le ruisseau qui murmure, ci-haut, est tiré
du recueil Fleurs du printemps, d'Anna Duval-Thibault.
On peut ICI en télécharger
gratuitement un exemplaire.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Pour souligner la publication du recueil Fleurs du printemps, d'Anna Duval-Thibault,
cet article signé par Joséphine Dandurand, femme de lettres et fille de Félix-Gabriel
Marchand
, est paru en février 1893 dans le magazine féminin Le coin du feu.


(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Première partie (suite ci-dessous) d'un article paru en 1967 sous la signature
de Paul P. Chassé dans le Bulletin de la société historique franco-américaine.

(Source : Archive.org ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Deuxième et dernière partie de l'article ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans La Presse du 30 avril 1892 à l'occasion
de la sortie du recueil Fleurs du printemps.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Entrefilet paru dans le journal L'Électeur,
de Québec, le 28 avril 1892.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention d'Anna Duval-Thibault dans un ouvrage publié
en 1900 par  le Conseil des femmes du Canada et intitulé
Les femmes du Canada, leurs vies et leurs oeuvres, p. 214.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Mention d'Anna Duval-Thibault dans un article de
Louis-Philippe Robidoux intitulé Le mouvement
littéraire dans les Cantons de l'Est
et inclus dans
l'édition-souvenir du centenaire de Sherbrooke,
La Tribune, 31 juillet 1937, p. 27. 

Dans le Bulletin de recherches historiques d'avril 1967, on mentionne
le recueil Fleurs du printemps, en rappelant qu'il s'agit du « premier
 recueil de vers français publié en Amérique par une femme ».

(Source : BANQ)


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vendredi 22 février 2019

Au gré de l'onde

Albert Ferland (1872-1943)

(Source : son recueil Mélodies poétiques)




   Pour me charmer murmure encore,
   Ô mon aimable Saint-Laurent,
   Si tu veux que, jusqu'à l'aurore, 
   Ma nef s'abandonne au courant. 

   Oui, que ta vague la plus tendre,
   Sous les frais baisers du zéphyr,
   À mon oreille fasse entendre
   Son plus harmonieux soupir. 

   Que j'aime, lorsque tout sommeille,
   Hormis l'étoile, qui, la nuit,
   Semble sur nous un oeil qui veille,
   Rêver sur l'onde qui s'enfuit !

   Que j'aime, quand je te caresse
   Amoureusement de la main,
   Te voir, comme ému de tendresse,
   Soulever mollement ton sein !

   Que j'aime, accompagnant ta vague,
   Voir, en déroulant leurs splendeurs,
   Tes bords se perdre dans le vague
   Des ténébreuses profondeurs !

   Quelquefois auprès de la rive
   Dont j'écoute les doux accords,
   Dans ma nacelle qui dérive,
   Au roulis des eaux je m'endors.

   Tandis que, ravi, je contemple
   Les beautés sublimes des cieux,
   Ce grandiose et vaste temple
   Où par l'astre Dieu parle aux yeux ;

   Tandis qu'un rocher, noir panache
   Narguant le front des horizons,
   À son épaule immense attache
   Une épaulette de rayons ;

   Comme un doux coursier dont les rênes
   Flottent librement sur son cou, 
   Dans la nuit sombre tu m'entraînes
   Et me porte je ne sais où. 

   Ah ! que ton flot caresse encore
   Le flanc de mon léger vaisseau,
   Et me berce jusqu'à l'aurore
   Comme l'enfant dans son berceau !

   Et ne crains pas de me déplaire
   En me faisant suivre ton cours ; 
   Car partout ta rive m'est chère : 
   Elle est le nid de mes amours. 

                     Albert Ferland(1893)



Tiré de : Albert Ferland, Mélodies poétiques, Montréal, P. J. Bédard Imprimeur-Relieur, 1893, p. 61-64.

* Albert Ferland est né à Montréal le 23 août 1872, d'Alfred Ferland et de Joséphine Hogue. Ayant refusé d'entreprendre des études classiques, il travailla tour à tour dans une épicerie, une étude d'avocat, à l'imprimerie Beauchemin et dans la fabrique de son père, avant d'enseigner le dessin et la gravure, notamment au Monument-national. Autodidacte, il parvint en quelques années à acquérir une culture considérable.
   Pendant ce temps, publia des poèmes dans les périodiques Le Samedi et Le Monde Illustré. Il participa en 1895 à la fondation de l'École littéraire de Montréal, dont il fut le secrétaire de 1900 à 1903, puis le président en 1904. La même année, il publia l'unique numéro de la Revue de l'art. Il est l'auteur de quatre recueils de poésies : Mélodies poétiques (1893) ; La consolatrice (1898) ; Femmes rêvées (1899) ; Le Canada chanté (en 5 volumes, parus de 1908 à 1946).
   Vers 1910, il décrocha un emploi comme dessinateur pour le service postal. Mais lorsque des coupures budgétaires provoquèrent sa mise à pied, il se vit plongé dans la misère. Comme le raconte son biographe Gaëtan Dostie : « Quand on le força à prendre sa retraite, le 28 janvier 1941, à 69 ans, il supplia qu'on prolonge son emploi car il n'avait droit à aucune pension. L'indigence fut son lot. Il dut quêter ses médicaments souventes fois. En novembre 1943, il attrape une grippe dont il ne se remettra pas ». 
   Albert Ferland est mort à Montréal le 9 novembre 1943. Il avait épousé en 1894 Eugénie Chapleau. 
(Sources : Gaëtan Dostie et Jean-Guy Paquin, Albert Ferland, 1872-1943, Du pays de Canard Blanc Wâbininicib au plateau Mont-Royal, Montpellier (Outaouais), 2003 ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 508 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 478 ; La Tribune, 11 novembre 1943). 

D'Albert Ferland, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Retour des corneilles.


Au gré de l'onde, ci-haut, est tiré du recueil
Mélodies poétiques, d'Albert Ferland. On
peut ICI le télécharger gratuitement.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cet ouvrage consacré à l'artiste remarquable
qu'était Albert Ferland est paru en 2003. On
peut trouver ICIICI, ICI, ICI et ICI de
rares exemplaires de ce livre qui contient
de nombreuses poésies de Ferland.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'écrivaine Gaëtane de Montreuil, dont les Poésies québécoises oubliées ont présenté le
poème Maniwokon : la légende du Lac au Fantôme, a publié cet hommage à l'occasion du
la mort d'Albert Ferland, dans Le Devoir du 13 novembre 1943.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cet hommage signé par l'écrivain et journaliste Roger Duhamel
est paru dans Le Devoir du 20 novembre 1943.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Tribune, Sherbrooke, 11 novembre 1943

(Source : BANQ)

Le Devoir, 10 novembre 1943

(Source : BANQ)


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mardi 19 février 2019

La Rose et l'Immortelle

Pierre Garnot (1801-1869)

(Source : Le Répertoire national, vol. 2)




   La Rose et l'Immortelle en un même jardin
   S'entretenaient un jour ensemble ;
   Chacune plaignait son destin. 

   « Que mon sort est affreux, amie, ah ! qu'il me semble
   Que ma triste immortalité 
   N'est rien près de votre beauté ;
   Oh ! oui, je céderais sans peine,
   Pour le moindre de vos appas,
   Cette immortalité qui me gêne et m'enchaîne
   Et dont je ne fais aucun cas ». 

   À la Rose en ces mots s'adressait l'Immortelle,
   Pleurant sur sa condition,
   Sacrifiant tout autre don
   Au plaisir d'être belle. 

   « Que votre plainte est indiscrète, 
   Lui disait la Rose à son tour.
   Si vous saviez quelle peine secrète
   Me vient consumer chaque jour.
   Je possède, il est vrai, des charmes,
   Je l'emporte sur mes compagnes
   Par mon éclat et mes attraits ;
   Mais puis-je jouir du bonheur ? Jamais.
   Faites attention à mon peu de durée : 
   Vous voyez la même journée
   Bien souvent éclairer et flétrir mes appas.
   Non, ma chère, je ne crois pas
   Que mon destin soit préférable
   À celui dont vous jouissez ;
   Le vôtre est bien plus agréable
   Que celui que vous m'enviez.
   Il est vrai, vous n'êtes point belle,
   Mais quel bonheur pour vous : vous êtes éternelle ». 

   Elle aurait parlé plus longtemps,
   Mais le jardinier survenant
   La force à céder la parole.

   « Cessez votre plainte frivole,
   Mes belles, leur dit-il d'un air tout courroucé ;
   Quand même Jupin irrité 
   Se rendrait à votre désir,
   Vous n'en seriez pas plus contentes ;
   Vous le feriez encor souffrir
   Par vos clameurs impertinentes.
   Taisez-vous, ne dites mot,
   Remerciez-le de votre lot.

   Vous raisonnez comme les hommes :
   Il n'est dans le siècle où nous sommes
   Personne content de son sort ;
   Et c'est sur Jupiter que tombe tout le tort.
   Depuis l'habitant des chaumières
   Jusqu'au plus puissant potentat,
   Chacun se plaint de ses misères,
   Nul n'est content de son état.
   Mais le maître des Dieux, fatigué de leurs plaintes
   Et de leurs soupirs ennuyeux, 
   Désormais ne veut plus écouter leurs complaintes,
   Et je crois qu'il fera bien mieux : 
   Car de pouvoir toujours contenter tout le monde,
   Il n'est rien de si rare en la machine ronde. 
   Cessez donc de chercher un destin plus heureux : 
   Aimez l'état où vous ont mis les Dieux ». 

                                       Pierre Garnot* (1842)



Tiré de : Le Répertoire national, volume 2, Montréal, J. M. Valois & Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 316-318.

* Pierre Garnot est né à Montréal le 29 juin 1801, de Jean-Pierre Garnot et de Véronique Gagnier. À l'âge de dix ans, il entra au Collège de Montréal où il fit ses études classiques. Il prit la soutane en 1819 et la garda durant sept ans comme professeur dans la maison où il avait fait ses études. Il étudia ensuite le droit durant deux ans. Il se maria à Saint-Joseph-de-Chambly le 11 avril 1831 avec Julie Éléonore Morin.
   Il fut ensuite professeur au Collège de Chambly, où il enseigna de 1830 à 1836 et dont on considère qu'il fut l'un des fondateurs. En 1836, il fut rédacteur pendant six mois du journal L'Écho du Pays, puis il enseigna au Collège de l'Assomption jusqu'en 1844.
   Installé à Montréal à partir de 1844, il donna des cours privés de latin et de français. Diverses institutions d'enseignement anglophones requirent ses services comme professeur de français.
   Il fut aussi l'un des fondateurs de l'Académie commerciale catholique de Montréal, une école scientifique et industrielle également nommée École du Plateau (située sur le site actuel de la Place des Arts), qu'il regardait comme son œuvre la plus importante et où il enseigna depuis la fondation de cet établissement, en 1853, jusqu'à sa mort survenue à Montréal le 15 février 1869.

   Dans les années précédant son décès, il s'était particulièrement consacré à l'enseignement des jeunes enfants. Il était également un membre actif de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
(Sources : Anastase Forget, Histoire du collège de l'Assomption, Montréal, 1933, p. 470 ; Le Répertoire national, volume 2, Montréal, J. M. Valois & Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 222 ; Le Courrier du Canada, 19 février 1869)


La fable poétique La Rose et l'Immortelle,
ci-haut, est parue dans le deuxième tome
du Répertoire national, que l'on peut ICI
consulter ou télécharger gratuitement. 

Pierre Garnot fut bien regretté lors de son décès, comme en témoigne
cet article paru dans Le Courrier du Canada du 19 février 1869.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Mention du décès de Pierre Garnot dans le numéro de
mars 1869 de L'Écho du Cabinet de lecture paroissial.

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