jeudi 7 février 2019

Le vieux chat et la souris

Le vieux chat et la souris
Gravure de Jean-Jacques Grandville




   Une jeune souris, en sortant de son trou,
   Fut prise un jour par un matou,
   Vieux scélérat sans conscience
   Et qui dans sa vie avait fait
   Maint mauvais tour, maint vilain trait : 
   « Ciel ! pour quel crime ou quelle offense
   « M'en voulez-vous ? lui dit la souris en tremblant.
   « Par pitié ! laissez-moi la vie !...
   ― « Tais-toi, misérable étourdie !
   « Lui répond le chat en grondant.
   « Qu'ai-je besoin de tes grimaces ?...
   « Tous tes soupirs ne me font rien.
   « Quand tu serais une des grâces
   « Je te croquerais aussi bien ». 

   Ni la sagesse de Socrate,
   Ni les meilleurs raisonnements,
   Ne nous sauverons des méchants
   Quand ils nous tiennent sous leur patte.

                         Paul Stevens* (1857)



Tiré de : Paul Stevens, Fables, Montréal, Jean-Baptiste Rolland libraire, p. 67. 

*  Paul Stevens est né en Belgique le 1er mai 1830, de Jacques-Joseph Stevens, chef de bureau au ministère de la Guerre à Bruxelles, et d'Adélaïde-Rosa-Josépha Wautier. Arrivé au Québec avant juillet 1854, à l'âge de 24 ans, il se fixa d'abord à Berthierville, où il épousa, le 10 mai 1855, Marie Vallier dit Léveillé.
   Collaborateur aux journaux Le Pays, L'Ordre, Le National et L'Avenir, il devint en 1857 rédacteur de La Patrie. À l'automne de la même année, il devint professeur de français au Collège de Chambly, dont il devint plus tard le principal. À partir de 1858, il donna des cours de français et de dessin à Montréal, puis, en 1860, il fonda avec Édouard Sempé et Charles Wugk dit Sabatier un journal littéraire et artistique, L'Artiste, dont seulement deux numéros furent publiés.
   Dès 1858, il donna de nombreuses conférences dans le cadre des activités du Cabinet de lecture paroissial. La plupart de ses conférences ont été publiées dans L'Écho du Cabinet de lecture paroissial.
   Il a publié deux volumes, Fables (1857) et Contes populaires (1867).
  À partir de la fin des années 1860, Paul Stevens fut précepteur des familles Chaussegros de Léry et Saveuse de Beaujeu, à Coteau-du-Lac, où il est mort le 29 octobre 1881.
  Dans L'Illustration nouvelle du 21 octobre 1937, on peut lire : « On sait en effet que la fable, ce genre littéraire que La Fontaine a porté à un si haut degré de perfection, a trouvé des imitateurs en la terre du Canada français. Quelques fables anonymes virent le jour avant que sur nos bords s'élevât la voix de Crémazie. Son contemporain, Paul Stevens, instituteur, né en Belgique, publiait vers 1856, dans La Minerve, des fables que tous les journaux de l'époque se hâtèrent de reproduire ». 
(Sources : Edmond Lareau, Histoire de la littérature canadienne, Montréal, 1874, p. 92-93 ; L'Illustration nouvelle, 21 octobre 1937, p. 15 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 241 ; Biographi.ca).

Pour en savoir plus sur Paul Stevens, cliquer ICI


Fables, de Paul Stevens, d'où est
d'où est tiré Le vieux chat et la souris,
ci-haut. Il ne reste sur le marché qu'un
seul exemplaire de l'édition originale,
voir ICI. Sinon on peut ICI consulter
en ligne les Fables, ou ICI en acheter
à bas prix une copie numérisée.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Paul Stevens a dédicacé ses Fables à
à Denis-Benjamin Viger, qui était
un important personnage politique. À
noter le profond respect que Stevens
exprime dans cette dédicace à l'égard de
sa nouvelle patrie, le Canada français,
que l'on dit de nos jours le Québec.

Dans sa monumentale Histoire de la littérature canadienne,
parue en 1874, l'avocat et écrivain Edmond Lareau a écrit ces
lignes au sujet de Paul Stevens et de son oeuvre littéraire.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Mention du décès de Paul Stevens dans
Le Courrier du Canada du 4 novembre 1881.
(Source : BANQ)

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