lundi 27 septembre 2021

Complainte des naufragés de l'Ile-aux-Grues (1845)

La Pointe-aux-Pins de l'Ile-aux-Grues, à la hauteur de Montmagny, où,
dans la nuit du 26 au 27 novembre 1845, eut lieu sur les battures
la tragédie décrite dans la complainte ci-dessous.

(Photo : Balise Québec ; cliquer sur l'image pour l'élargir)




         (Fragments)


   C'est à Saint-Jean Port-Joli,
   Cinq hommes se sont embarqués.
   Ils étaient pères de famille
   À Québec voulant aller.
   Vers les quatre heures du soir,
   Vingt-six novembre dernier, 
   Ils embarquent sans le vouloir,
   Chacun craignant le danger. […]


   Le vaisseau cinglant au large
   Sur les vagues découragées,
   Était peinte sur leur visage
   La frayeur est bien tracée.
   Le bateau vogue sur l'onde 
   Toujours prête à submerger.
   Le vent souffle et la mer gronde,
   Tout fait craindre le danger. 

   La pluie qui tombe du ciel 
   Vient encore les affliger ; 
   La nuit sombre de ses ailes
   Les oblige de mouiller.
   Enfin tout l'équipage 
   Est en grande anxiété.
   Il faut chercher un mouillage
   Et nous mettre en sûreté. 

   Le capitaine à la barre
   Regarde de tout côté.
   Souvent il crie à Chouinard :
   Sur le devant faut sonder. 
   La Pointe-aux-Pins qu'on découvre
   Ici il nous faut entrer. 
   Le vent nord'est le bois couvre,
   Nous serons en sûreté. 

   C'était prêt de ce rivage
   Qu'ils havrent pour la nuit
   Pour laisser passer l'orage.
   Peu après le vent calmit ; 
   Ils descendent dans la chambre
   Chacun se changer d'habits.
   Ils font la prière ensemble,
   Croyant bien passer la nuit.

   Vers les onze heures du soir,
   Louison Pelletier leur a dit : 
   Qu'entends-je sur la mer,
   Le vent nord'ouest est-il pris ?
   Babin dont le Capitaine
   Vite sur le pont a monté.
   Il regarde, il examine,
   Voit que le vent est changé. […]

   L'aquilon qui souffle, qui gronde,
   Va toujours en augmentant. 
   La mer qui grossit ses ondes
   Fait mouvoir le bâtiment.
   À chaque lame qui frappe
   Sur le devant du bateau, 
   Voilà le guindeau qui échappe, 
   Va être emporté à l'eau. […] 

   Catastrophe épouvantable,
   Babin se mit à crier. 
   Quel naufrage pitoyable,
   Nous allons bien tous geler.
   Le vent le glace, le saisit,
   Commence à se lamenter :
   Saint Jean, sauvez-moi la vie,
   Plusieurs fois l'a répété. […]

   Après toutes les recherches,
   Ils ne trouvent que deux décédés.
   Enfin ils hâtent leur marche
   Et vont trouver leurs naufragés.
   Nous avons trouvé, dirent-ils,
   Que les corps des deux noyés.
   Toutes nos recherches inutiles,
   Chouinard on n'a pu trouver. 

   Pelletier, Morin dirent encore
   À bord il faut retourner.
   Nous apporterons les morts.
   Chouinard il faut le chercher.
   Mais bien vite dans cette île,
   Tout le monde est informé.
   Chacun cherche sur la rive,
   Trouve Chouinard gelé. 

   On apporte les trois corps
   À la maison de Gagné.
   Hélas ! quel triste sort
   Pour ces trois infortunés.
   Morin fit faire les trois bières,
   Les ensevelit dedans
   Et les porte au presbytère
   En attendant le beau temps. 

   Le digne curé de l'île,
   Toujours plein de charité,
   Les fit entrer dans l'église.
   Sur leurs corps leur a chanté
   Les oraisons funéraires,
   Sur leurs tombes a prononcé :
   Des flammes du Purgatoire
   Qu'ils en fussent tous délivrés.

   Le vent cesse et le froid tombe
   Après onze jours écoulés.
   On traverse les trois tombes,
   Au Sud elles sont arrivées.
   Vous autres épouses chéries,
   Tendres cœurs désolés, 
   Venez recevoir vos maris
   Dans leurs tombeaux renfermés.

   Qui pourrait sans verser des larmes
   Voir les mères et les enfants,
   Tous dans de mortelles alarmes,
   S'écrier incessamment : 
   À vous doux enfants chéris,
   Et encore tendres et badins,
   À peine commence la vie,
   Et les voilà orphelins.

   Pelletier, Morin qui survivent,
   Ne sauraient les oublier.
   Et la douleur la plus vive
   Est dans leur cœur bien gravée. 
   Oh ! vous divine Marie
   Qui les avez protégés,
   Souvenez-vous je vous en prie
   Des malheureux naufragés. 

                   Gabriel Greffard* (1845)



Fragments tirés du Bulletin des recherches historiques, vol. 23, mars 1917, p. 83-86. La complainte, qui n'est que partiellement reproduite ci-haut, contient 37 couplets ; pour en consulter l'entièreté, cliquer sur cette image : 




* Gabriel Greffard est né à Rivière-Ouelle le 22 septembre 1788, de Gabriel Greffard et de Geneviève Rousseau. Le 27 août 1789, son père, alors qui défrichait une terre de trois arpents qu'il avait achetée dans la seigneurie de Rivière-Ouelle, est mort après seulement huit jours de travaux. Le père n'ayant légué que des dettes, la tutelle du bambin Gabriel dut être entérinée par un tribunal (voir dans les documents ci-dessous). 
   Il aurait reçu une éducation plutôt rudimentaire et il n'est pas établi qu'il savait écrire. Il a gagné sa vie comme journalier, en plus d'avoir été domestique pour la famille Letellier, à Rivière-Ouelle. Dans ses Mémoires, l'abbé Alphonse Casgrain (1830-1920), natif lui aussi de Rivière-Ouelle, rapporte que Gabriel Greffard, en plus des complaintes que nous lui connaissons, composait « des chansons du temps des élections ». Selon l'historien Léon Trépanier (qui situe erronément Gabriel Greffard à Saint-Jean-Port-Joli), « Greffard était une sorte de chevalier errant qui vers 1830 rimait les événements de l'époque ». 
  Gabriel Greffard est mort à Rivière-Ouelle, le 4 décembre 1852 et fut inhumé dans le cimetière du village. Il était célibataire.
   Ces données biographiques sont publiées pour la première fois ici-même, puisque les auteurs des ouvrages qui font état de la « complainte » de Gabriel Greffard affirment ignorer les origines de même que les dates de naissance et de décès de son auteur (voir ci-dessous les copies des actes de baptême et de sépulture de la paroisse de Rivière-Ouelle).

   Dans son ouvrage intitulé À travers les Anciens canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, l'historien-archiviste Pierre-Georges Roy explique : 

   « M. Pamphile LeMay a longuement parlé des poètes illettrés de sa paroisse natale, Lotbinière. Il a même publié plusieurs de leurs poèmes. Lotbinière n'avait pas le monopole des poètes illettrés. Saint-Jean-Port-Joli a aussi eu les siens. 
   M. l'abbé Casgrain rapporte une conversation qu'il eut un soir à l'hospitalier manoir de Saint-Jean-Port-Joli avec M. de Gaspé
   Nascuntur poetae (« On naît poète »), dit M. de Gaspé ; cet axiome du poète latin est bien vrai. J'ai connu des hommes sans aucune instruction, doués d'un véritable talent poétique, talent grossier, si vous le voulez, mais talent réel. Sous l'enveloppe rustique de leur langage, on découvrait le génie de l'inspiration. 
   Et M. de Gaspé fit connaître à son ami le poète rustique Gabriel Griffard ou Greffard : C'est le poète en vogue de la Côte-du-Sud. Ses complaintes sont chantées dans toutes les paroisses. On se réunit dans les maisons pour le faire chanter ; et plus d'une fois, on a vu son auditoire tout en larmes à la fin de ses complaintes. Il faut que cet homme ait un véritable talent pour produire une telle émotion sur ceux qui l'écoutent ».

   Quand à la Complainte des naufragés de l'Ile-aux-Grues, qui est présentée ci-haut, Pierre-Georges Roy raconte : 

   « Le 28 novembre 1845, une goélette de Saint-Jean-Port-Joli, pesamment chargée de bois de corde, était forcée par la tempête de chercher un refuge à la Pointe-aux-Pins, située à l'extrémité supérieure de l'île aux Grues. Le vent sauta tout-à-coup du nord-est au sud-ouest et la goélette fut jetée à la côte, malgré les efforts de l'équipage pour prendre le large. La secousse produite par l'échouement de la goélette fit rompre un de ses mâts qui s'abattit sur le pont, blessant gravement deux membres de l'équipage. Ces malheureux, incapables de se mouvoir, furent gelés à mort sur le pont de la goélette. 
   Les trois autres marins avaient pu gagner terre. L'un d'eux essaya de se rendre au manoir de l'île, situé à l'extrémité inférieure. Transi par le froid et gêné dans sa marche par ses vêtements mouillés, il tombe à mi-route et fut gelé à mort, lui aussi. 
  Les deux autres marins s'étaient dirigés du côté nord de l'île où se trouvaient toutes les habitations moins le manoir. Ils étaient à la veille de succomber comme leurs compagnons lorsqu'ils furent recueillis par un brave cultivateur, Ignace Côté, qui leur donna tous les soins que réclamait leur état. 
   Les trois marins qui périrent furent le capitaine Babin, le matelot Chouinard et le sieur Anctil, cultivateur de Saint-Jean-Port-Joli. Louis-Toussaint Pelletier et le nommé Morin, qui se sauvèrent, étaient de Saint-Roch-des-Aulnaies
   La consternation fut grande sur toute la rive sud lorsqu'on apprit le naufrage de la goélette du capitaine Babin. Lui et son équipage étaient de respectables citoyens qui laissaient des familles nombreuses. Il n'en fallait pas plus pour exciter la sympathie du poète Greffard et il écrivit ou plutôt composa ― car il n'est pas certain qu'il savait écrire ― une complainte en trente-sept couplets qui se chanta un peu partout sur la rive sud du Saint-Laurent, pendant près de trois-quarts de siècle ». 
(Sources : Ancestry.ca ; Pierre-Georges Roy, À travers les Anciens canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, Montréal, G. Ducharme libraire-éditeur, 1943, p. 33-36 ; Gaston Deschênes, Les origines littéraires de la Côte-du-Sud, Québec/Sainte-Foy, Septentrion/Éditions des Trois-Saumons, 1996, p. 12-15 ; Léon Trépanier, « Quand le barde Gabriel Griffard de Saint-Jean-Port-Joli chantait les malheurs qui assombrissaient sa paroisse », La Patrie, Montréal, 30 avril 1950). 


Ces deux ouvrages évoquent la Complainte des naufragés, ci-haut présentée.
Avec de la chance, on peut tomber sur le livre de Pierre-Georges Roy dans 
les librairies d'occasion, mais Les origines littéraires de la Côte-du-Sud, de
Gaston Deschênes, est toujours disponible ; pour informations, cliquer ICI.


Dans le journal La Patrie du 30 avril 1950, l'historien et 
organisateur culturel Léon Trépanier a consacré un long
article pour rappeler le souvenir de Gabriel Greffard (que
toutefois il situe erronément à Saint-Jean-Port-Joli alors
que le barde était plutôt de Rivière-Ouelle). 
Pour consulter ce texte, cliquer sur cette image : 


Acte de baptême de Gabriel Griffard daté du 22 septembre
1788 dans le registre de la paroisse de Rivière-Ouelle. On
y lit que Greffard est né le même jour.

(Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'élargir)

Acte de sépulture de Gabriel Greffard daté du cinq décembre 
1788 dans le registre paroissial de Rivière-Ouelle. On y lit
que Greffard est mort le jour précédent.

(Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'élargir) 


Gabriel Greffard est devenu orphelin de père alors qu'il était âgé 
de moins d'un an. Sa tutelle dut être entérinée par les 
autorités judiciaires. Pour consulter le document du greffe
de la Cour, cliquer sur cette image : 




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jeudi 23 septembre 2021

Une boucle de cheveux

Alexandre de Laronde (1866-1944)

(Source : J. R. Léveillé, Anthologie de la 
poésie franco-manitobaine
, Saint-Boniface
Éditions du Blé, 1990)




   Pourquoi m'interroger, pourquoi me regarder,
   Quand je contemple, seul, dans un profond silence,
   Ces boucles de cheveux que j'ai voulu garder ?
   Cet humble souvenir murmure l'espérance ! 
   Il rappelle à mon âme un être qui n'est plus,
   Mélange inexplicable, et de profonds mystères,
   Et de grands dévouements, si souvent reconnus,
   Et de noble grandeur, et de peines amères.

   J'ai vu, j'ai vu son front, dans l'ardeur des combats,
   Et sa seule présence animait le courage ;
   J'ai reconnu sa voix dominant les débats,
   Pour défendre nos droits et conjurer l'orage ;
   Je l'ai revu naguère, exilé malheureux !
   Seul, triste et délaissé, sa grande âme était pleine
   De ces cuisants chagrins ; l'avenir à ses yeux
   Montrait la liberté des enfants de la plaine.

   Il est tombé là-bas, comme tombe un héros ;
   Pour sauver la patrie, il s'est offert victime ;
   Frappé par les arrêts de cruels tribunaux, 
   Il a livré son cœur, holocauste sublime !
   Venez, cœurs généreux, de ces jours écoulés
   Venez pleurer encor la fatale mémoire ;
   Mais réjouissez-vous, le chef des « Bois-Brûlés »
   Revit dans la splendeur, la splendeur de sa gloire.

                              Alexandre de Laronde* (1885)



J. R. Léveillé, Anthologie de la poésie franco-manitobaine, Saint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 1990, p. 253-254.

« Le poème est daté de décembre 1885. Le 12 de ce mois avaient lieu à Saint-Boniface les funérailles de Louis Riel. Celui-ci n’est pas nommé, mais il ne peut s’agir d’un autre que lui d’après le texte. De plus, on sait que toute l’affaire de 85 a suscité beaucoup d’émoi chez les pensionnaires du collège, et qu’un grand nombre de gens se sont rendus auprès de la dépouille exposée durant deux jours à la maison de la famille, à Saint-Vital. On peut donc facilement déduire que le collégien Alexandre, Métis, ait vu à retenir ou à faire retenir une mèche de cheveux de Riel en souvenir » ― J. R. Léveillé, Anthologie de la poésie franco-manitobaine, p. 254.

     * Alexandre de Laronde est né le 22 avril 1866 à la Plaine du Cheval blanc, aujourd’hui Saint-François-Xavier (Manitoba), de Louis de Laronde, Métis, guide, chasseur et trappeur, et de Gudule Morin.
Il fit ses études classiques au Collège de Saint-Boniface, dont il fut l’un des premiers bacheliers, en 1887. Selon un témoignage, « il excellait en tout : il était éloquent, il se distinguait dans les joutes littéraires, il aurait pu devenir avocat célèbre, et un grand écrivain ». 
Il préféra toutefois devenir instituteur rural dans sa terre natale du Manitoba et prit d’abord la charge de maître d’école à la Pointe-des-Chênes, en plus d’y avoir été notaire public. Il enseigna ensuite au village de Saint-Laurent, où il fut aussi juge de paix. Il devint conseiller municipal, puis, en 1896, maire de cette municipalité. Mais dès l’année suivante, il quitta Saint-Laurent pour enseigner à Mossy River.
Également organiste, il a publié, souvent sous pseudonyme ou de manière anonyme, des poèmes et articles dans divers périodiques, dont Le Manitoba. Il a notamment publié un vibrant hommage à l’abbé Georges Dugas (1833-1928), ancien directeur du Collège de Saint-Boniface, qu’il qualifia de « travailleur infatigable qui a tant fait pour les Métis ». Mais il semble que la modestie pour laquelle Alexandre de Laronde était réputé ait fait en sorte que plusieurs de ses écrits soient restés inconnus. 
Il parlait couramment le saulteux, langue d’une tribu amérindienne présente au Manitoba de même qu’en Saskatchewan et en Ontario. Selon lui, le nom « Manitoba » viendrait du saulteux et signifie « Détroit de l’Esprit ».
Alexandre de Laronde est mort le 27 mai 1944, à Saint-Laurent (Manitoba). Il avait épousé, en 1899, Marie Coutu, dont il devint veuf en 1904, puis en secondes noces, en 1906, Rosalie Gaudry.
(Sources : J. R. Léveillé, Anthologie de la poésie franco-manitobaine, Saint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 1990, p. 243-244 ; Gamila Morcos, Dictionnaire des artistes et des auteurs francophones de l’Ouest canadien, Québec, Presses de l’Université Laval et Edmonton, Faculté Saint-Jean, 1998, p. 179).


La thèse exprimée ci-haut par J. R. Léveillé. 
à l'effet qu'Alexandre de Laronde aurait pu
posséder une mèche des cheveux de Louis
Riel semble tout à fait probable, car nous
avons découvert dans le journal La Patrie du
17 mars 1937, dans un dossier rappelant la
mise à mort de Louis Riel par le régime
fédéral canadien, que le poète, alors âgé
de 19 ans, est l'un des signataires de l'acte
de sépulture de Riel, à Saint-Boniface.

Pour lire le dossier complet, cliquer ICI.

Le poème Une boucle de cheveux, ci-
haut, d'Alexandre de Laronde, est tiré
de l'Anthologie de la poésie franco-
manitobaine
. Pour se procurer cet
ouvrage, cliquer ICI.

En avril 1912, une délégation de représentants politiques nationalistes du Québec
se sont rendus sur la tombe de Louis Riel, à Saint-Boniface, pour lui rendre 
hommage. On reconnaît, quatrième à partir de la gauche, Armand LaVergne,
grand tribun nationaliste. Le premier à partir de la droite est Paul-Émile
Lamarche
, qui reste un modèle d'intégrité politique et de patriotisme.
Pour en savoir plus sur ces deux personnages, cliquer sur leurs noms.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'élargir)

Le monument funéraire de Louis Riel tel
qu'on peut le voir à notre époque.

(Source : Wikitree ; cliquer sur
l'image pour l'élargir) 

Ceci est le cercueil qui a servi à transporter le corps de Louis Riel entre
Régina (Saskatchewan), lieu de sa pendaison, à Saint-Boniface, au
Manitoba. Il repose au cimetière de cette localité. 

(Source : Passion et histoire)


Pour prendre connaissance du poème que Louis Riel 
adressait en 1879 à John A. MacDonald, premier 
ministre du Canada qui le fera pendre six ans plus 
tard, cliquer sur cette image : 



Pour avoir composé un poème pour dénoncer les
dirigeants du régime fédéral canadien qui ont fait 
pendre Louis Riel, Rémi Tremblay a perdu son 
poste de traducteur de la Chambre des Communes,
à Ottawa, devenant de ce fait le premier écrivain
censuré de l'histoire du régime fédéral établi
en 1867. Pour découvrir ce poème, cliquer
sur cette image : 



Voyez également le Chant du Métis, du 
Franco-Manitobain Georges Lemay, en 
cliquant sur cette image : 



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lundi 20 septembre 2021

Visions bleues

Joseph-Amédée Girouard (1865-1938)

(Source : Richard Santerre, Anthologie de la littérature
franco-américaine de Nouvelle-Angleterre
, tome 4,
Bedford, National Materials Development Center for
French, Bedford (New Hampshire), 1980)




   Bien au-delà des bleus nuages
   Que le couchant broche de feu,
   Bien au-delà des clairs mirages
   De l'orange sur le ciel bleu,
   Quelque part au fond de l'espace
   Dans l'immense champ de vermeil,
   Au sein de l'univers qui passe 
   Est un monde de bleu soleil. 

   Une clarté pourpre très molle
   Teint le bleu de son horizon ;
   Au lointain, l'oiseau bleu qui vole
   Semble léger comme un frisson ;
   Le bleu reflet de ses montagnes 
   Caresse l'horizon profond
   Du voile couvrant ses campagnes,
   Et flotte, léger, vagabond.

   Dans la bleuâtre transparence
   De ses nombreux lacs argentés,
   Au fond des soirs bleus, en silence,
   Se mirent des cieux argentés ; 
   Au bord de ses claires fontaines
   Au fond de lapis-lazuli
   Dans le bleu pur des porcelaines,
   Souffle un zéphyr doux, amolli, 
   Et les eaux pures de ses fleuves,
   Roulant sur leur lit de saphir,
   S'en vont silencieuses, veuves 
   De murmures, sans un soupir.

   Ô ma pauvre âme voyageuse
   Qui vas sans cesse à l'infini,
   Dans ta course mystérieuse
   Sous le firmament embruni, 
   Dois-tu, dans les sphères astrales
   De saphir, de vermeil, de feux,
   Toucher les plaines sidérales
   Du monde de tes rêves bleus ?

           Joseph-Amédée Girouard* (1909)



Tiré de : Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, Providence (Rhode Island), The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 51. 

*Joseph-Amédée Girouard est né à Saint-Hyacinthe le 17 juillet 1865, de Joseph Girouard et d’Edwilge Daudelin. Après ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe, il étudia la médecine à l’Université Laval, à Québec. 
Dès l’obtention de son diplôme de médecine, en 1889, il partit au Montana pour y pratiquer sa profession. Il vint par la suite s’établir dans le Maine, d’abord à Westbrook, où il ne resta que peu de temps, puis, en 1891, il s’établit à Lewiston où allait se dérouler le reste de sa carrière. 
Chirurgien et obstétricien à 1’Hôpital Sainte-Marie de Lewiston, dont il fut l’un des fondateurs, il a vu naître plus de 8 000 enfants au cours de sa carrière. Homme d’une grande modestie, catholique fervent, on a dit qu’il était estimé de tous et connu pour sa générosité envers sa paroisse et les institutions franco-américaines qu’il sut encourager, autant par sa présence que par son argent. La musique le passionnait ; il était d’ailleurs un pianiste apprécié. Selon Paul P. Chassé, il « s'occupait d'organiser toutes sortes de manifestations artistiques et culturelles pour faire de Lewiston un des plus grands centres intellectuels franco-américains ». 
Ses poèmes parurent d’abord dans le journal franco-américain Le Messager, de Lewiston, puis dans un recueil intitulé Au fil de la vie (1909). Ardent patriote canadien-français, il était également préoccupé par les conditions de vie et de travail de ses compatriotes canadiens-français de Nouvelle-Angleterre, qui travaillaient à longueur de journée dans des usines malsaines. Il composa notamment à leur intention La chanson des ouvrières. Il était particulièrement préoccupé par l'exploitation en usine des femmes et des enfants.
Joseph-Amédée Girouard est mort à Lewiston le 1er mars 1938.  Conformément à ses dernières volontés, il repose dans sa ville natale de Saint-Hyacinthe aux côtés de sa femme, Anne Burke, qu’il avait épousée à Saint-Hyacinthe le 27 octobre 1890 et qui est décédée en 1923.
(Sources : Dictionnaire des auteurs franco-américains de langue française, Assumption University, Worcester (Massachusetts) ; Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, Providence (Rhode Island), The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 44 ; Richard Santerre, Anthologie de la littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 4, Bedford (New Hampshire), National Materials Development Center for French, 1980, p. 1 ; James Myall, « Poetry from de Lewiston Mills of 1909 », site web du Bangor Daily News (Maine), 7 septembre 2017 ; Dion-Lévesque, Rosaire. Silhouettes franco-américaines, Manchester (New Hampshire), Publications de l’Association canado-américaine, 1957, p. 372-373 ; Sœur Mary-Carmel Therriault, La littérature française de Nouvelle-Angleterre, Montréal et Québec : Fides, 1946, p. 210-211 ; Wikitree.com).

Pour en savoir plus sur Joseph-Amédée Girouard, cliquer ICI. 

Cliquer ICI pour prendre connaissance d'un article récent (septembre  2017) du Bangor Daily News (de Bangor, Maine) sur l'aspect social de la poésie de Joseph-Amédée Girouard. 

De Joseph-Amédée Girouard, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le travail de l'enfance (cliquer sur le titre). 



Le poème Visions bleues, ci-haut, de
Joseph-Amédée Girouard, est paru 
dans l'Anthologie de la poésie franco-
américaine de la Nouvelle-Angleterre
,
éditée en 1976, dans le cadre des 
activités du bicentenaire de la
Déclaration d'indépendance des
États-Unis. Ce projet fut réalisé
sous la direction du professeur
Paul P. Chassé.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)


Pour en savoir plus sur Joseph-Amédée Girouard, 
voyez l'article biographique que lui a consacré 
l'écrivain franco-américain Rosaire-Dion Lévesque
en cliquant sur cette image : 


Les poésies de Joseph-Amédée Girouard
figurent également dans le tome 4 de
l'Anthologie de la littérature franco-
américaine de la Nouvelle-Angleterre
,
parue en 1980 à Bedford (New
Hampshire) et qui contient 9 tomes.
 
(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 8 mars 1938.

(Source : BANQ)

Le Devoir, 4 mars 1938.

(Source : BANQ)


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jeudi 16 septembre 2021

Nos arpents de neige

Joseph-Adolphe Hurteau (1875-1949)

(Source : son recueil Papillons d'âme)





   Qui rira maintenant de nos arpents de neige ?
   Où sont les malins dont la bouche sacrilège
   Osa vilipender notre pays natal ?
   La terre où sûrement s'accomplit l'idéal
   De la Nouvelle-France, où notre destinée
   Par un commun effort s'embellit chaque année,
   La terre où tant d'aïeux illustres sont couchés,
   Que tant de découvreurs, de saints, de pionniers,
   De prêtres, de héros, enrichissaient naguère
   Des sueurs et du sang d'une nation fière,
   Est le plus beau pays visible sous les cieux.
   Sur nos arpents de neige un peuple industrieux
   Récolte assez de blé pour en vendre à la France
   Durant les mauvais jours. Et quand la Providence
   Aura multiplié ce peuple encore enfant,
   Il produira de quoi nourrir un continent. 

   Sur nos arpents de neige on voit des lacs immenses
   Comme des mers, des bois sans fin dont le silence
   Profond, mystérieux, ravit les étrangers, 
   De grands champs cultivés, de spacieux vergers,
   De riches prés couvrant de vastes étendues,
   De gigantesques monts qui portent suspendues
   À leur sommets altiers de grandes floraisons
   De glace miroitant de toutes les façons.

   Sur nos arpents de neige on trouve assez d'espace
   Pour y mettre à son aise la plus nombreuse race,
   Pour hospitaliser tous les Européens ;
   Notre sol vénéré possède d'autres biens : 
   Il a des habitants à l'âme fière et saine,
   Au corps robuste et fort comme du bois de chêne,
   Des habitants heureux, pleins de fécondité,
   Aspirant à longs flots l'air de la liberté,
   Surpassant par le cœur les faiseurs de ripailles
   Qui dansaient autrefois au palais de Versailles. 

                             Joseph-Adolphe Hurteau*




Tiré de : Joseph-Adolphe Hurteau, Papillons d'âme, Montréal, 1923, p. 171-172. 

* Joseph-Adolphe Hurteau est né à Contrecœur en 1875, de Pierre-Mathias Hurteau et de Clémentine Mayrand.
   Il commença dès sa jeunesse à publier des poèmes et articles dans des journaux, notamment dans L'Illustration nouvelle. Il fit ses études de droit à l'Université Laval de Montréal et fut admis au Barreau en 1899.
  Il pratiqua brièvement sa profession pour ensuite passer au journalisme, étant entré à la rédaction du quotidien La Presse, où il resta quelques années. Il revint ensuite à sa profession d'avocat, notamment à titre de conseiller juridique pour Ville Saint-Pierre et Ville LaSalle, alors des municipalités autonomes sur l'île de Montréal.
  Il n'abandonna jamais son goût pour les lettres, ayant d'ailleurs été président, en 1898-1899, du Cercle Ville-Marie, une association vouée à la tenue d'activités littéraires, musicales et théâtrales. Certaines de ses pièces, dont un poème sur Marguerite Bourgeoys, étaient déclamées par les élèves durant les cérémonies de fin d'année scolaire. En 1923, il fit paraître son unique recueil de poésies, Papillons d'âme, qui réunit plusieurs pièces qu'il avait publiées dans les journaux durant sa jeunesse, en plus de poèmes composés à des périodes ultérieures.
   Joseph-Adolphe Hurteau est mort à Montréal le 6 janvier 1949. Il était l'époux de Marguerite Mathieu. Il était le neveu de Zéphirin Mayrand et le cousin d'Oswald Mayrand (cliquer sur leurs noms). 
(Sources : La Patrie, 30 septembre 1899 ; La Presse, 9 juin 1923 ; La Patrie, 7 janvier 1949 ; Le Canada, 8 janvier 1949 ; La Presse, 15 janvier 1949).

De Joseph-Adolphe Hurteau, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Nos vieux (cliquer sur le titre).


Le poème Nos arpents de neige, ci-haut, 
est tiré de Papillons d'âme, recueil de
Joseph-Adolphe Hurteau. 

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Dédicace de Joseph-Adolphe Chapleau dans son recueil Papillons d'âme.

(Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'élargir). 

Portrait dessiné de J.-Adolphe Hurteau à la « une » de 
l'édition du 30 septembre 1899 du journal La Patrie.

(Source : BANQ)

Le Devoir, 30 mai 1923.

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L'Autorité, 9 juin 1923.

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La Presse, 28 mars 1923.

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La Revue moderne, mai 1923.

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La Presse, 9 juin 1923.

(Cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Patrie, 7 janvier 1949.

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Le Canada, 8 janvier 1949.

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Le Canada, 10 janvier 1949.

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La Patrie, 10 janvier 1949.

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L'Autorité, 15 janvier 1949.

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