lundi 6 septembre 2021

Le regret

Zéphirin Mayrand (1842-1918)

(Source : son recueil Gerbes d'automne)




   Ah ! pourquoi donc me fuir, ivresse passagère,
   Bonheur dont tout un reflet dorait mon horizon ?
   Être heureux ici-bas n'est-il donc que chimère ?
   Est-ce donc un vain mot ? N'est-ce qu'illusion ?

   Je me laissai bercer par la voix d'une femme ;
   De la fidélité je sus garder les lois ;
   L'astre de l'espérance avait lui dans mon âme ;
   Et confiant j'aimai pour la première fois. 

   Chère, te souvient-il de ces heures rapides
   Où nous allions causer le langage du cœur ? 
   Mon regard quelquefois troublait tes yeux humides, 
   Et ton front se couvrait d'une chaste rougeur.

   Te souvient-il encore, inoubliable amie, 
   Quand ma nacelle errant au souffle des zéphyrs
   Semblait fuir d'elle-même au gré de nos désirs,
   Revenant à regret vers la rive fleurie. 

   Te souvient-il encore des marches matinales
   Que le chant des pinsons égayait et charmait ?
   Te souvient-il des fleurs aux radieux pétales
   Que je savais choisir pour t'en faire un bouquet ?

   Félicité trompeuse, espérance éphémère !
   Hier, j'étais aimé, son cœur battait pour moi ;
   Elle dort, aujourd'hui, bien seule... au cimetière.
   Ah ! pour moi l'avenir bien sombre et plein d'émoi.

   Pourtant, du souvenir la tige enracinée 
   Tient encore à mon cœur plein de mornes regrets ;
   Dans mon âme elle vit l'amante inoubliée : 
   Là-haut, peut-être, un jour reverrai-je ses traits.

                                    Zéphirin Mayrand* (1864)



Tiré de : Zéphirin Mayrand, Gerbes d'automne, Montréal, 1906, p. 15-16.

* Zéphirin Mayrand est né à Contrecœur le 31 décembre 1842, de Zéphirin Mayrand, navigateur sur le Saint-Laurent, et d’Apolline Lamoureux. Il fit ses études à l’École commerciale de Verchères, puis, de 1855 à 1862, son cours classique au Collège de L’Assomption.
Après ses études de droit à l’Université Laval de Québec, il fut reçu notaire à l’âge de 21 ans. Durant quinze ans, il exerça sa profession à Saint-Philippe de Laprairie, puis à Contrecœur pendant 18 ans. En 1899, il vint s’établir à Montréal et continua à exercer sa profession jusqu’à la fin de ses jours.
C’est lui qui est à l’origine de l’érection, en 1913, du monument aux Patriotes à Saint-Denis-sur-Richelieu. Il avait notamment acquis le terrain où s’était livré le plus fort de la bataille victorieuse des Patriotes à Saint-Denis, afin que ce lieu soit préservé pour les générations futures.
Collaborateur auprès de plusieurs journaux et périodiques littéraires, dont L’Opinion publiqueL'Album universel et Le Monde illustré, il est l'auteur d'un recueil de poésies, Gerbes d’automne (1906), puis, à son retour d'un voyage en Europe, il a publié Souvenirs d’outre-mer (1912). Il a été le fondateur, puis le secrétaire, de la Société des gens de lettres de Montréal.
Zéphirin Mayrand est mort à Montréal le 9 mars 1918. Il avait épousé Cordélie Meunier dit Lapierre à Saint-Antoine-sur-Richelieu le 22 novembre 1865, puis en secondes noces Hortense Gagné à Montréal, le 2 février 1914. Il était le père d’Oswald Mayrand et l'oncle d'Adolphe Hurteau, que les Poésies québécoises oubliées ont tous deux présentés (cliquer sur leurs noms).
(Sources : La Presse, 11 mars 1918 ; Le Devoir, 11 mars 1918 ; Les anciens et les anciennes du Collège de L’Assomption : les membres du 23e cours 1855-1862, 2014, p. 18 ; Généalogie du Québec et d’Amérique française - site web).

De Zéphirin Mayrand, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté: Légende des guérets (cliquer sur le titre). 


Zéphirin Mayrand, vers
1862, peu de temps avant
la composition du poème
ci-haut.

(Source : Association des
anciens et anciennes du
Collège de L'Assomption)

Gerbes d'automne, recueil de
Zéphirin Mayrand d'où est tiré
le poème Le regret, ci-haut. Pour
se procurer un très rare exemplaire
de ce recueil, cliquer ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Article sur Gerbes d'automne, recueil de Zéphirin Mayrand,
dans le Journal de Françoise, 17 février 1906. 

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

Le Passe-Temps, 10 février 1906.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

La Presse, 30 janvier 1906.

(Source : BANQ ; cliquer 
sur l'article pour l'élargir)

Le Bulletin, 4 février 1906.

(Source : BANQ ; cliquer 
sur l'article pour l'élargir)

Gerbes d'automne, de Zéphirin Mayrand, a été mentionné
par la femme de lettres « Madeleine » (nom de plume
d'Anne-Marie Huguenin, dans La Patrie du 3 mars 1906.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

Zéphirin Mayrand est à l'origine de la mobilisation qui a abouti à la
création du monument aux Patriotes à Saint-Denis-sur-Richelieu
lieu de leur seule bataille victorieuse contre l'oppresseur anglais, le
 23 novembre 1837. Le monument a été dévoilé le 1er juillet 1913.

(Source : Patrimoine culturel du Québec)


Pour consulter le dossier de presse que nous avons constitué 
sur le dévoilement du monument aux Patriotes, le 1er juillet 
1913 à Saint-Denis-sur-Richelieu, cliquer sur cette image : 


Zéphirin Mayrand s'adressant à la foule
durant la cérémonie de dévoilement du
monument aux Patriotes le 1er juillet
1913, à Saint-Denis-sur-Richelieu.

(Source : La Presse, 2 juillet 1913) 

Une partie de la foule durant la cérémonie de dévoilement du monument
aux Patriotes le 1er juillet 
1913, à Saint-Denis-sur-Richelieu.

(Source : La Presse, 2 juillet 1913 ; cliquer sur l'image pour l'élargir) 

Comme le relate, non sans sarcasme, le
journal Le Pays du 5 juillet 1913, Zéphirin
Mayrand a lancé  une pique contre le premier
ministre du Québec de l'époque, Lomer
Gouin
, dont  le gouvernement n'a pas versé
un sou pour le monument aux Patriotes. 

(Source : BANQ)


Dossier de presse sur le décès de Zéphirin Mayrand, 
survenu à Montréal le 9 mars 1918
(cliquer sur les articles pour les élargir) : 

La Presse, 11 mars 1918. 

(Source : BANQ)

La Presse, 11 mars 1918.

Le Devoir, 11 mars 1918.

(Source : BANQ)

La Presse, 11 mars 1918.

La Patrie, 13 mars 1918.

(Source : BANQ)

Cette notice nécrologique dans La Presse
du 11 mars 1918 nous apprend que 
Zéphirin Mayrand a été inhumé au 
cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à
Montréal, et non dans son village
natal de Contrecœur. 


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