Bien au-delà des bleus nuages
Que le couchant broche de feu,
Bien au-delà des clairs mirages
De l'orange sur le ciel bleu,
Quelque part au fond de l'espace
Dans l'immense champ de vermeil,
Au sein de l'univers qui passe
Est un monde de bleu soleil.
Une clarté pourpre très molle
Teint le bleu de son horizon ;
Au lointain, l'oiseau bleu qui vole
Semble léger comme un frisson ;
Le bleu reflet de ses montagnes
Caresse l'horizon profond
Du voile couvrant ses campagnes,
Et flotte, léger, vagabond.
Dans la bleuâtre transparence
De ses nombreux lacs argentés,
Au fond des soirs bleus, en silence,
Se mirent des cieux argentés ;
Au bord de ses claires fontaines
Au fond de lapis-lazuli,
Dans le bleu pur des porcelaines,
Souffle un zéphyr doux, amolli,
Et les eaux pures de ses fleuves,
Roulant sur leur lit de saphir,
S'en vont silencieuses, veuves
De murmures, sans un soupir.
Ô ma pauvre âme voyageuse
Qui vas sans cesse à l'infini,
Dans ta course mystérieuse
Sous le firmament embruni,
Dois-tu, dans les sphères astrales
De saphir, de vermeil, de feux,
Toucher les plaines sidérales
Du monde de tes rêves bleus ?
Joseph-Amédée Girouard* (1909)
Tiré de : Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, Providence (Rhode Island), The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 51.
*Joseph-Amédée Girouard est né à Saint-Hyacinthe le 17 juillet 1865, de Joseph Girouard et d’Edwilge Daudelin. Après ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe, il étudia la médecine à l’Université Laval, à Québec.
Dès l’obtention de son diplôme de médecine, en 1889, il partit au Montana pour y pratiquer sa profession. Il vint par la suite s’établir dans le Maine, d’abord à Westbrook, où il ne resta que peu de temps, puis, en 1891, il s’établit à Lewiston où allait se dérouler le reste de sa carrière.
Chirurgien et obstétricien à 1’Hôpital Sainte-Marie de Lewiston, dont il fut l’un des fondateurs, il a vu naître plus de 8 000 enfants au cours de sa carrière. Homme d’une grande modestie, catholique fervent, on a dit qu’il était estimé de tous et connu pour sa générosité envers sa paroisse et les institutions franco-américaines qu’il sut encourager, autant par sa présence que par son argent. La musique le passionnait ; il était d’ailleurs un pianiste apprécié. Selon Paul P. Chassé, il « s'occupait d'organiser toutes sortes de manifestations artistiques et culturelles pour faire de Lewiston un des plus grands centres intellectuels franco-américains ».
Ses poèmes parurent d’abord dans le journal franco-américain Le Messager, de Lewiston, puis dans un recueil intitulé Au fil de la vie (1909). Ardent patriote canadien-français, il était également préoccupé par les conditions de vie et de travail de ses compatriotes canadiens-français de Nouvelle-Angleterre, qui travaillaient à longueur de journée dans des usines malsaines. Il composa notamment à leur intention La chanson des ouvrières. Il était particulièrement préoccupé par l'exploitation en usine des femmes et des enfants.
Joseph-Amédée Girouard est mort à Lewiston le 1er mars 1938. Conformément à ses dernières volontés, il repose dans sa ville natale de Saint-Hyacinthe aux côtés de sa femme, Anne Burke, qu’il avait épousée à Saint-Hyacinthe le 27 octobre 1890 et qui est décédée en 1923.
(Sources : Dictionnaire des auteurs franco-américains de langue française, Assumption University, Worcester (Massachusetts) ; Paul P. Chassé, Anthologie de la poésie franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, Providence (Rhode Island), The Rhode Island Bicentennial Commission, 1976, p. 44 ; Richard Santerre, Anthologie de la littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 4, Bedford (New Hampshire), National Materials Development Center for French, 1980, p. 1 ; James Myall, « Poetry from de Lewiston Mills of 1909 », site web du Bangor Daily News (Maine), 7 septembre 2017 ; Dion-Lévesque, Rosaire. Silhouettes franco-américaines, Manchester (New Hampshire), Publications de l’Association canado-américaine, 1957, p. 372-373 ; Sœur Mary-Carmel Therriault, La littérature française de Nouvelle-Angleterre, Montréal et Québec : Fides, 1946, p. 210-211 ; Wikitree.com).
Pour en savoir plus sur Joseph-Amédée Girouard, cliquer ICI.
Cliquer ICI pour prendre connaissance d'un article récent (septembre 2017) du Bangor Daily News (de Bangor, Maine) sur l'aspect social de la poésie de Joseph-Amédée Girouard.
De Joseph-Amédée Girouard, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le travail de l'enfance (cliquer sur le titre).
Le poème Visions bleues, ci-haut, de Joseph-Amédée Girouard, est paru dans l'Anthologie de la poésie franco- américaine de la Nouvelle-Angleterre, éditée en 1976, dans le cadre des activités du bicentenaire de la Déclaration d'indépendance des États-Unis. Ce projet fut réalisé sous la direction du professeur Paul P. Chassé. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Pour en savoir plus sur Joseph-Amédée Girouard,
voyez l'article biographique que lui a consacré
l'écrivain franco-américain Rosaire-Dion Lévesque
en cliquant sur cette image :
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 8 mars 1938. (Source : BANQ) |
Le Devoir, 4 mars 1938. (Source : BANQ) |
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