samedi 30 décembre 2017

La Nouvelle Année

Pamphile Le May (1837-1918)

(Source : Québec éternelle,
promenade photographique
dans l'âme d'un pays
, p. 118)




   Qu'apportes-tu, nouvelle année ?
   Viens-tu de roses couronnée
   Comme la Vierge des amours ?
   Ta main tient-elle le calice,
   Ou bien la coupe de délice
   Où devront s'abreuver nos jours ?

   Viens-tu, de mille appâts suivie, 
   Donner à notre pauvre vie
   De nouvelles illusions ?
   Ou viens-tu comme un léger rêve
   Qui nous enivre, et qui s'achève
   En amères déceptions ?

   Au pauvre enfant pur comme un ange
   Dont le bonheur est sans mélange
   D'amertume ni de regrets ; 
   Qui rit aux baisers de sa mère,
   Murmure le nom de son père,
   Apportes-tu de beaux jouets ?

   As-tu, pour la folle jeunesse,
   Une coupe pleine d'ivresse,
   Pleine d'espérances et d'amours ?
   As-tu quelque limpide étoile
   Pour l'éclairer ? Un large voile
   Pour jeter sur ses mauvais jours ?

   Ou, sur ton aile diaphane,
   Pour le jeune coeur qui se fane
   Au souffle de l'iniquité,
   As-tu quelques rayons de grâce,
   Un souvenir que rien n'efface
   Du droit chemin qu'il a quitté ?

   As-tu quelque douce espérance,
   De tout malheureux qui périt ?
   Un appui pour la pauvre veuve ?
   Pour l'orpheline qui s'abreuve
   De pleurs aujourd'hui que tout rit ?

   Viens-tu, comme un nuage sombre
   Dont on regarde flotter l'ombre
   Sur les champs émaillés de fleurs,
   Nous apporter ces longs orages
   Qui sèment au loin leurs ravages,
   Sillonnent et brisent nos coeurs ?

   Viens-tu tracer une nouvelle ride
   Sur le front pensif et livide
   De l'homme qui vit malheureux ?
   Briser la main qui le protège
   Et mêler des rayons de neige
   À l'ébène de ses cheveux ? [...]

   Hélas ! Nos rapides années
   Ressemblent aux feuilles fanées
   Que les vents roulent au vallon !
   On les cueillit pour une fête,
   On en couronna notre tête,
   Puis on les foula du talon. 

   Pourquoi cette gaieté si vive
   Quand la nouvelle année arrive
   Et nous éloigne du berceau ? 
   Sommes-nous las de cette vie ?
   Regardons-nous avec envie
   Ceux qui dorment dans le tombeau ?

   Non ! Non ! faibles enfants des hommes,
   Ces pensées, comme des fantômes, 
   Troubleraient nos esprits peureux ! 
   Non ! Non ! il est si doux de vivre
   Quand l'espérance nous enivre,
   Même quand on est malheureux ! 

   Chaque nouvel an nous enchante,
   Comme l'œil d'une vierge aimante,
   Comme le soupir de son coeur. 
   Nous tressaillons quand il se lève,
   Car nous avons cru, dans un rêve,
   Qu'il nous apportait du bonheur !

   Bonheur ! ... illusion futile !
   Songe trompeur ! ombre fragile
   Qui fuit quand on croit la tenir ! 
   Hélas ! l'attendrons-nous sans cesse
   Du temps qui passe avec vitesse,
   Qui passe et qui ne peut revenir ! 

                    Pamphile Le May (1865)




Tiré de : Pamphile Le May, Essais poétiques, Québec, G. E. Desbarats Imprimeur-Éditeur, 1865, p. 237-240. 

De Pamphile Le May, les Poésies Québécoises Oubliées ont aussi présenté : Le poète pauvre.

Pour en savoir plus sur Pamphile Le May, cliquer ICI. 


Essais poétiques, recueil de Pamphile LeMay
 d'où est tiré le poème La Nouvelle Année,
ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Pamphile Le May avec deux de ses filles et le chien de la famille, probablement
à Deschaillons-sur-Saint-Laurent, où il vécut ses dernières années.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Plaque en souvenir de Pamphile Le May devant la Chapelle de
procession de Saint-Louis
,  à Lotbinière, où Pamphile Le May est né.

(Photo : Daniel Laprès, 2017 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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mercredi 27 décembre 2017

Fleurs d'hiver

Napoléon Legendre (1841-1907)

(Source : Québec éternelle :
promenade photographique
dans l'âme d'un pays
, p. 117)




   Petites fleurs qui, sur vos tiges frêles,
        Tremblez au souffle de l'hiver,
   Vous n'avez pas, comme l'oiseau, des ailes
        Pour fuir loin du jardin désert.

   Le froid vous fait une parure blanche
        Qui voile votre éclat vermeil ;
   Et, sous son poids, votre tête se penche,
        Cherchant un rayon de soleil. 

   Petites fleurs, là-haut, dans ma mansarde,
        L'hiver n'est pas encore monté ; 
   Le soleil luit, et mon foyer vous garde
        Un peu des chaleurs de l'été. 

   Avec le coin du sol qui vous vit naître,
        Là-haut je vous emporterai
   Et doucement, au bord de ma fenêtre,
        Près de moi je vous placerai. 

   Vous tiendrez lieu de famille absente
        Et des vieux amis dispersés ; 
   Vous parlerez à mon âme souffrante
        Du souvenir des jours passés. 

   Car notre hiver c'est la vieillesse,
        Et la neige, nos cheveux blancs ; 
   Comme vous, fleurs, notre tête s'affaisse
        Et nos pieds deviennent tremblants...
            
   À mon foyer vous aurez une place,
        Mais en retour, petites fleurs, 
   Vous donnerez au logis votre grâce, 
        Votre parfum et vos couleurs. 

                     Napoléon Legendre (1880)



Tiré de : Revue de Montréal, Montréal, décembre 1880, p. 770.  

Pour en savoir plus sur Napoléon Legendre, cliquer ICI. 


Napoléon Legendre était collaborateur de
la Revue de Montréal, où il a publié le
poème Fleurs d'hiver en décembre 1880.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

(Source : Pinterest)


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dimanche 24 décembre 2017

La Messe de Minuit à L'Islet

Pierre-J.-O. Chauveau (1820-1890)

(Source : Le Répertoire national, vol. 3)


                 

   Je m'en vais vous conter... 
   La messe qu'à L'Islet dit un prêtre sans tête
   Juste à minuit, un jour ou plutôt une nuit
   Que mon oncle était là. Cela fit bien du bruit.
   Il était en vacances et sortait d'une fête
   Où l'on avait trinqué, chez Thomas Giasson,
   Un peu, pas mal, je crois. Il entendit le son
   De la cloche tintant comme pour l'agonie. 
               
   « En voilà, par exemple, une cérémonie ! 
   » Se dit-il. Allons voir si ce pauvre bedeau
   » Sait ce qu'il fait. Je gage, il aura bu moins d'eau
   » Que de vin. Ou peut-être encore quelque bonne âme, 
    » Aux pécheurs endurcis, par manière de blâme, 
    » A charitablement fait entendre ce glas. 
    » Moi même le premier, j'en aurais bien, hélas !
    » Un grand besoin ». L'église, au détour de la route, 
   Lui parut tout en feu, du bas jusqu'à la voûte. 
               
   Il se hâtait, disait des Ave Maria 
   Aussi drus qu'il pouvait, marchant de telle sorte
   Qu'il fut en même temps au dernier Gloria
   Du chapelet, et puis devant la grande porte,
   Comme au plus beau dimanche, ouverte à deux battants.
   Il entre, mais ne voit point de flamme au dedans.
              
   Seulement, sur l'autel, comme pour un office,
   Six grands cierges brûlaient. ― « Sapristi ! mon garçon, 
   » M'a-t-il dit bien des fois, j'eus un fameux frisson,
   » Et je ne savais point si c'était mon service
   » Que l'on allait chanter ». Volontiers sur ses pas
   Il serait revenu, si, sans lui dire gare, 
   La porte de l'église avec un grand fracas
   Ne s'était refermée. Alors il se prépare 
   Pour le pire, attendant ce qui va se passer.
   Il sentir dans son corps tout son sang se glacer. 

   L'horloge ayant sonné devers la sacristie
   Lentement douze coups, quand il vit dans le choeur
   Un prêtre avancer. La tête était partie
   D'avec le corps. « J'étais dans le banc du seigneur,
   » me dit toujours mon oncle, et je vis qu'à la place
   » Du visage, il avait un nuage léger, 
   » Quelque chose de gris, enfin comme une trace
   » De fumée ou d'encens ». Mais ce prêtre étranger, 
   Et bien étrange aussi, portait une chasuble
   Du plus beau violet. Rarement on s'affuble
   Aussi bien sans sa tête. Et pour lors, sur l'autel
   Il plaça le calice, il ouvrit son missel
   Et puis, en descendant, à mon oncle il fit signe, 
   Disant : Introibo ad altare Dei
   Mais l'autre ne bougea. N'étant pas obéi, 
   Le prêtre s'en alla d'une façon bénigne,
   Comme un homme qu'on chasse et qui l'a mérité...

   C'était un écolier du petit séminaire, 
   Mon oncle, et qui savait répondre à l'ordinaire
   De la messe très bien. Il fut donc irrité
   Contre lui-même un brin d'avoir été si lâche
   Et si peu complaisant : « Il faudra que je tâche
   » De réparer cela, je reviendrai demain,
   » Se dit-il aussitôt ; mais trouvons un chemin
   » Pour sortir au plus vite. Allons ! par la fenêtre
   » Du vestiaire on peut sauter dehors peut-être ;
   » Et derrière l'autel la porte m'y conduit : 
   » Elle est ouverte encore. C'est par là que s'enfuit
   » Ce malheureux curé ; puis, si je le rencontre, 
   » Nous nous expliquerons ; je n'ai rien à l'encontre
   » De ce pauvre monsieur : s'il fallait en vouloir
   » À tous les gens que l'on voit ayant perdu la tête,
   » On n'aurait plus d'amis, et ce serait trop bête ». 

   Il partit comme un trait ; mais au fond du couloir
   La porte était fermée. Il fallut dans l'église
   Demeurer jusqu'au jour. Sur la muraille grise
   ― Les cierges de l'autel s'étant soufflés tout seuls,
   On pouvait voir errer, comme autant de linceuls, 
   Les bizarres reflets de la lampe blafarde. 
   Dans une telle obscurité , plus et plus on regarde, 
   Plus on trouve partout de menaçants objets. 
   En son tableau, la Vierge au fond de la chapelle,
   Si divine au grand jour, si riante et si belle, 
   Paraissait bien sévère ; et, sinistres sujets, 
   Les martyrs, tout armés, dans leurs niches profondes
   Semblaient, pour la plupart, des gens peu rassurants. 
   Les chérubins rosés, aux chevelures blondes, 
   Bons enfants d'ordinaire, avaient l'air très méchants. 
   La voûte bleue aux étoiles dorées,
   La plus riche, je crois, de toutes nos contrées,
   Comme un drap mortuaire était du plus beau noir. 
   Ce qui par-dessus tout n'était pas drôle à voir,
   C'était bien le navire à l'antique structure, 
   Qui promenait son ombre, à la nef suspendu.* 
   On eût dit quelque objet affreux par la nature,
   Araignée aux longs bras, squelette de pendu, 
   Tout ce que vous voudrez de plus abominable. 
   Puis, c'était un silence à vous faire mourir : 
   On aurait entendu, dans l'église, courir
   Une souris. Alors, près de la sainte table,
   Mon oncle se plaça, tout tremblant, à genoux, 
   Priant de tout son coeur pour lui-même et pour nous, 
   Pour le prêtre sans tête, et pour les saintes âmes
   Du purgatoire en masse, aussi pour ses parents,
   Pour tous les bons chrétiens, tant savants qu'ignorants, 
   Pour gens de tous les métiers, même les plus infâmes,
   Inventant, j'en suis sûr, mille dévotions,
   Et prenant devant Dieu des résolutions
   Qu'il sut tenir depuis. ― Sachez que, par la suite, 
   Il devint prêtre, et, bien pire que ça, jésuite. 

   Pour tous en général, pour cela, pour ceci, 
   Et je crois, sans mentir, qu'il y prierait encore,
   Sans un sommeil de plomb qui, juste avant l'aurore,
   Vint le surprendre enfin. Il fut tout ébahi
   D'entendre Introibo ad altare Dei 
   Saluer son réveil. Mais il n'eut pas d'angoisse : 
   C'était la voix d'un prêtre ayant sa tête à lui, 
   Et tête qui pensait pour toute la paroisse ; 
   C'était, sans le nommer, le curé d'aujourd'hui. 
   Donc, mon oncle entendit dévotement sa messe, 
   Puis il fut le trouver, lui disant à confesse
   Tout ce qu'il avait vu. ― « C'est très bien, mon enfant, 
   » Il faudra soulager ce pauvre revenant ; 
   » Le bon Dieu le permet. Je le ferais moi-même,
   » À votre charité s'il n'avait eu recours. 
   » Je serai là, tout prêt à vous porter secours,
   » Si de l'esprit du mal c'était un stratagème ». 

   Par le bedeau, le soir, dans l'église conduit,
   Mon oncle avait repris son poste avant minuit,
   Tout seul. Il entendait, dans le vieux vestiaire,
   Le curé récitant rondement son bréviaire.
   Quand l'heure fut venue, il vit une lueur
   Passer près de l'autel, et voilà que s'allume
   Un cierge, et puis un autre. À tout l'on s'accoutume :
   J'avais cette fois-là, dit-il, beaucoup moins peur ; 

   Et sans trop m'effrayer les douze coups sonnèrent, 
   Et le prêtre sans tête entra bien lentement,
   Et me fit signe encore, mais plus timidement,
   D'avancer dans le choeur ; et les cierges donnèrent
   Une lueur plus vive au moment où je fus
   Près de lui prendre place. Il avait l'air confus
   Tout d'abord, mais sa voix tremblante et sépulcrale
   Se raffermit bientôt ; à plus court intervalle
   Venait chaque verset, puis j'étais moins transi,
   Il prenait du courage et m'en donnait aussi. 
   Je répondais plus haut ; je servis les burettes,
   Sans craindre d'approcher mes mains de ses manchettes.

   Puis l'église soudain sembla se transformer ; 
   Et l'on voyait partout des cierges s'allumer ; 
   La Vierge dans son cadre avait l'air plus heureuse,
   Et se penchant vers nous, souriait gracieuse. 
   Les petits chérubins gazouillaient tendrement ;
   Ils se parlaient entre eux dans un très beau langage
   Qui n'était pas français ni latin davantage. 
   La voûte transparente avait l'air de monter
   Par degrés vers le ciel, les murs de s'incruster
   D'agate, de porphyre et d'opale et le reste,
   Comme on dit de ceux de la cité céleste.

   L'orgue rendait tout seul des sons harmonieux.  
   Et, quand vint le Sanctus, de douces symphonies 
   Descendirent d'en haut. Comme aux cérémonies
   Des plus grands jours, l'encens le plus délicieux
   Sortait je ne sais d'où. Le prêtre, plus agile,
   Avait la voix sonore. Au dernier évangile, 
   Au mot veritatis, il se tourna vers moi.
   Me laissant voir en face un radieux visage,
   Il me dit : « Mon enfant, merci pour ton courage. 
   » Le bon Dieu saura bien récompenser ta foi...
   » Je monte en Paradis... Pour expier l'offense
   » D'avoir été distrait et léger à l'autel,
   » J'ai, pendant cinquante ans, attendu la présence
   » D'un servant qui voulût me faire aller au ciel,
   » En priant avec moi »... Mon oncle ne put dire 
   Comment tout le mystère à la fin s'acheva ; 
   Car au milieu du choeur le curé le trouva
   Dans un état d'extase, et puis dans un délire
   Qui dura plusieurs jours. N'entendant rien du tout,
   Son bréviaire fini de l'un à l'autre bout, 
   Ne sachant que penser de tout cela en somme,
   Il venait au secours de ce pauvre jeune homme. 
   Il ne vit dans l'église aucun signe nouveau,
   Et se dit que le mal était dans le cerveau
   De l'écolier. Plus tard, connaissant mieux l'affaire,
   D'un miracle il trouva que la preuve était claire. 
   C'est ce que m'a dit mon oncle, et je l'ai toujours cru...

   Légendes, doux récits, qui berciez mon enfance, 
   Vieux contes du pays, vieilles chansons de France, 
   Peut-être un jour, hélas ! vos accents ingénus
   De nos petits neveux ne seront plus connus. 
   Vous vous tairez, ou bien l'écho de votre muse
   Ira s'affaiblissant partout où l'on abuse
   De ce grand vilain mot, si plein d'illusion,
   Et trop long pour mes vers : civilisation. 

   Ô poèmes naïfs, dont le peuple est l'auteur,
   Légendes que transmet à la folle jeunesse, 
   Avec un saint amour, la prudente vieillesse,
   Votre charme est surtout aux lèvres du conteur,
   Et, malgré votre nom, il faut bien vous le dire, 
   On ne vous croira plus lorsqu'on pourra vous lire ! 

                      Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1877) 



Tiré de : Abbé Antonin Nantel, Les fleurs de la poésie canadienne, quatrième édition, Montréal, Librairie Beauchemin, 1912, p, 45-51. 

* « À propos du petit navire que l'on voyait autrefois suspendu dans la nef des églises, on a dit qu'il représentait la barque de Pierre ou le vaisseau de l'Église, ou qu'il était une sorte d'ex-voto en souvenir de la destruction de la flotte anglaise aux Sept-Îles qu'on attribuait à une insigne protection de la sainte Vierge » (Antonin Nantel).  

Pour en savoir plus sur P.-J.-O. Chauveau, cliquer ICI.

Vues ancienne (Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec) et récente (Wikipedia)
de l'église de L'Islet, où se déroule la légende racontée par P.-J.-O. Chauveau.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le choeur de l'église de l'Islet, dont la construction date de 1768.

(Source : TripAdvisor ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Les fleurs de la poésie canadienne,
d'où est tiré le conte poétique
La Messe de Minuit à L'Islet.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

P.-J.-O. Chauveau est l'un des personnages
les plus méconnus de l'histoire du Québec, même
s'il mérite davantage notre reconnaissance.
On en sera convaincu en lisant le bel ouvrage
biographique signé Hélène Sabourin, que l'on
peut commander dans toute bonne librairie.
Pour information, cliquer ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir).


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jeudi 21 décembre 2017

L'Hiver

François-Xavier Garneau
(1809-1866)

(Source : Québec éternelle : promenade
photographique dans l'âme d'un pays
, p. 118)




   Voilà l'été qui fuit et la feuille qui tombe
                 Pâle et morte sur les gazons.
   Le vent du nord mugit, l'anémone succombe,
                 L'écho se tait dans les vallons.
             Déjà les bois ont perdu leur feuillage ; 
             Vers la chaumière accourent les troupeaux,
             Car ils ont vu l'hiver sur les nuages,
             Et le grésil bondir sur les coteaux. 

   Adieu ! charmants oiseaux, habitants des bocages,
                 Allez vers de plus beaux climats ; 
   Puissé-je comme vous fuir le temps des orages
                 Et de l'été suivre les pas.
             Mais ils sont loin ― leur suave murmure
             A déserté les hameaux de nos bords ; 
             Seul l'autan mêle au deuil de la nature
             Dans nos vallons ses sauvages accords. 

   Là-bas à l'horizon, comme un fantôme immense,
                L'hiver semble couvrir les cieux ; 
   Le vent devant son front roule avec violence
                Les flots épars de ses cheveux ;
            De longs glaçons pendent à ses paupières ; 
            Dans les airs bat sa robe de frimas ;
            Le jour pâlit sous ses regards sévères,
            Et la tempête enveloppe ses pas. 

   Ménestrel sans échos, je rejetais la lyre,
                Je n'avais que de tristes jours
   Sur ces bords malheureux que la haine déchire
                Et dont le plaisir fuit toujours ; 
            Mais les frimas, suspendant les discordes,
            Ont à ma lyre arraché quelques sons,
            Je viens d'entendre au travers de ses cordes,
            En murmurant, passer les aquilons

   Sonne, lyre fidèle, à mon âme isolée,
                Chante le deuil de nos climats ;
   Vois de l'orme orgueilleux la tête mutilée
                Qui se penche sous les verglas ; 
            Dans l'air glacé d'un vol lent et sinistre
            Le hibou blanc erre de toits en toits,
            Et de l'hiver, officieux ministre,
            Il remplit l'air de sa funèbre voix. 

   Les flots ont disparu, partout la terre blanche
                Entoure les sombres forêts ; 
   Du sapin vers le sol bas s'incline la branche
                Que chargent des frimas épais. 
            Là, la fumée en rapides nuages
            S'élève et fuit au-dessus des hameaux,
            Tandis qu'ici de pesants attelages
            À petits pas font frémir les coteaux. 

   Dans le fourneau de fonte, au sein de la chaumière, 
                Bourdonne l'érable des monts ; 
   Les airs sont obscurcis par la neige légère
                Qui glisse et monte en tourbillons ; 
            Et le toit crie, et puis dans la fenêtre
            Le grésil vient sans cesse pétiller ;
            Mais le vent tombe, et sur le toit champêtre
            L'astre des nuits se lève et va briller. 

   Mais n'apparait-il pas au sein de la tempête
                Quelque fois un pâle rayon ?
   Des nuages brisés, il effleure le faîte
                Des chênes au sommet d'un mont.
            Dans nos hivers il est des cieux limpides,
            Des jours sereins où le soleil couchant
            Semble embraser de ses rayons rapides
            De nos guérets l'émail étincelant. 

   En quel autre climat la reine du silence
                Montre-t-elle plus de splendeur ?
   Que j'aime la nuit la plaine immense
                Resplendissante de blancheur.
            L'étoile aussi semble embraser les ondes,
            Comme un géant l'arbre errer dans les champs ;
            Non, pas un bruit dans les forêts profondes ; 
            Le calme est vaste et les cieux rayonnants. 

   Et peut-être, pourtant, dans cette nuit si belle
                Un voyageur las et glacé,
   Écarté sur sa route, et s'arrête et chancelle :
                À ses yeux tout semble effacé.
            Le doux sommeil, trahissant sa faiblesse,
            Vient s'emparer lentement de ses sens,
            Sommeil fatal dont la perfide ivresse
            Dans les plaisirs rompt le fil des ans. 

   Mais enfin le printemps s'avance vers l'aurore,
                Qu'il embellit de tous ses feux. 
   L'hiver, luttant en vain, veut retarder encore,
                Il sent fuir son char nuageux.
            Ses yeux aigris respirent la tempête ; 
            Son bras levé montre encore l'orient ; 
            Mais les éclairs ont brillé sur sa tête,
            Devant la foudre, il cède en frémissant. 

                            François-Xavier Garneau* (1840)


Tiré de : Le Répertoire national, vol. 2, Montréal, J. M. Valois et Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 163-165. Aussi dans : Poésies de François-Xavier Garneau, Québec, Presses de l'Université Laval, 2012, p. 201-203  + p. 381.  

Pour en savoir plus sur François-Xavier Garneau, cliquer ICI

* Explication du poème :  « La campagne de la Canardière, où Garneau avait passé le sinistre hiver 1839, a servi d'inspiration au poète, qui a pu trouver dans la nature un recours, sinon un refuge, loin d'une actualité accablante. Le spectacle du dénuement et des rigueurs de la scène hivernale entretenait chez Garneau des pensées ténébreuses, qui l'accablaient au point de l'empêcher d'écrire.
   La situation politique des Canadiens-français connaissait alors une saison amère après l'écrasement de l'insurrection, la publication de l'inique « Rapport Durham » et l'imposition imminente de l'Union du Haut et du Bas-Canada.
   Pourtant, le silence des grands espaces glacés sous la lune et la blancheur cristalline des nuits apportent un apaisement à l'âme tourmentée du poète et contribuent à rassénérer son esprit, visiblement hanté par le spectre des Patriotes condamnés à la potence. Même la beauté resplendissante de la nuit l'hiver recèle une menace pour le voyageur.
   Abîmé dans ses jongleries, le poète veut résister à l'engourdissement général généré par la saison endeuillée. Garneau refuse de s'abandonner au découragement qui l'assaille : il entrevoit qu'après la lutte, même la plus vive, le printemps finira par triompher et la vie par reprendre ses droits.
   Cette poésie au ton modulé entre la plainte et l'espoir marque un mouvement qui correspondrait au retour d'un printemps plus serein après un hiver tourmenté ». 
(Tiré de : Poésies de François-Xavier Garneau, présentées par Yolande Grisé et Paul Wyczynski, Québec, Presse de l'Université Laval, 2012, p. 378-379). 

Le Répertoire national, où ont été publiées 19 des poésies de François-Xavier
Garneau (deux éditions : 1848 et 1893). Ses poésies complètes ont été
publiées pour la première fois en 2012 aux Presses de l'Université Laval,
dans un volume que l'on peut encore commander dans toute bonne librairie.
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mardi 19 décembre 2017

Le sapin de Noël

Nérée Beauchemin (1850-1931)

(Source : Biographies canadiennes-
françaises
, 1927, p. 496)




   Le frère des buis et des houx,
   Le sapin des arpents de neige,
   Jouit, au pays de chez nous,
   D'un liturgique privilège. 

   Près de la Crèche, le hameau

   Érige encore dans l'église
   La parure du baliveau,
   Qu'une étoile argentine irise

   Suivant le rituel ancien

   De la divine nuit de fête,
   Le petit sapin canadien
   Est enguirlandé jusqu'au faîte.

   L'arbre se dresse, endimanché,

   Sous le velours vert qu'il étale,
   Tel, vêtu d'un satin broché, 
   Le portechape dans la stalle

   On raconte que, certain soir, 

   À travers le givre et la mousse
   Du bucolique reposoir,
   Glisse une berceuse toute douce.

   Est-ce le sapin de Noël 

   Dont le murmure, avec mystère,
   Se mêle aux musiques du ciel
   Et berce l'Enfant solitaire ?

             Nérée Beauchemin (1928)




Tiré de : Nérée Beauchemin, Patrie intime, Montréal, Librairie d'Action canadienne-française, 1928, p. 101-102. 

De Nérée Beauchemin, les Poésies québécoises oubliées ont aussi présenté : Une sainte (cliquer sur le titre).

Pour en savoir plus sur Nérée Beauchemin, cliquer ICI.



Patrie intime, recueil d'où est tiré 
le poème Le sapin de Noëlci-haut.
On peut encore s'en procurer une édition
récente sur commande en librairie. 

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dimanche 17 décembre 2017

Paroles sincères

Joseph-Hormidas Roy (1865-1931)

(Source : Anthologie de la littérature franco-

américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 3)



   Vivons aveuglément dans ce monde qui croule,
   Si nous voulons, sans pleurs, nous traîner jusqu'au bout ; 
   Car les temps ne sont plus où la pieuse foule,
   En chantant l'hosanna, montant comme une houle,
   Acclamait la Vertu qui, seule, était debout. 

   Ils sont passés ces temps des mâles espérances,
   Où le gladiateur envoyait, radieux, 
   De l'arène témoin de ses grandes souffrances,
   Avec l'adieu de mort, l'espoir des délivrances
   À ce peuple romain sentant crouler ses dieux. [...]

   Non ! ces temps ne sont plus. Tout faiblit, tout s'altère. 
   Nous avons déserté le sommet des grandeurs,
   Nous préférons ramper lâchement sur la terre,
   Emplissant nos poumons au souffle délétère
   Qui s'exhale partout des sombres profondeurs.

   J'ai pu sonder la vie, aller au fond des choses,
   Et j'ai vu, sur la route où croît le roseau dur, 
   Des lambeaux palpitants ; j'ai vu des fronts moroses
   Penchés, luxurieux, sur la blancheur des roses,
   Et l'Amour Saint mourait sous le baiser impur. 

   La vie est bien mauvaise en ces temps de démence. 
   Oui, le vieux monde est las de porter son fardeau,
   La paix ne verdit plus dans la jachère immense,
   Et dans la glèbe aride où tombe la semence, 
   Nulle bonne moiteur d'où naîtra le rameau. 

   Tel que le fauve hurlant dans le désert de sable
   Après l'ombre tarie au fond du puits boueux,
   J'ai promené, sans fin, ma soif inapaisable,
   En poursuivant, sans cesse, une ombre insaisissable,
   Le désespoir dans l'âme et du sang dans les yeux. 

   J'ai crié ma douleur à qui voulait l'entendre
   Et personne ici-bas n'a pu me consoler. 
   J'ai fait rire le riche ; et le pauvre, plus tendre, 
   N'a pu que soupirer en me disant d'attendre
   Que la nuit s'illumine et que Dieu va parler. 

   L'humanité n'a plus les paroles de vie ; 
   Elle a perdu le sens des mots consolateurs. 
   De la colline, hélas ! péniblement gravie,
   Je n'aperçois partout que haine inassouvie,
   Qu'égoïsme profond et que prismes menteurs. 

   Vertu ! qui ne ments point par de belles paroles,
   Toi qui survivras seule au naufrage des temps,
   Je repose mon coeur des décevances folles,
   En le plaçant sur toi, fleur aux fraîches corolles,
   Console-moi, Vertu ! j'ai vécu trop longtemps ! 

                                Joseph-Hormidas Roy* (1902)



Tiré de : Richard Santerre, Anthologie de la littérature franco-américaine de la Nouvelle-Angleterre, tome 3, Bedford (New Hampshire), National Materials Development Center for French, 1980, p. 245-246. 

* Né le 10 mars 1865 à Dorval, Québec, de parents pauvres, le jeune Joseph-Hormidas Roy passa son enfance sur la terre paternelle et à l'âge de onze ans entra au Séminaire de Sainte-Thérèse. En 1890, ayant décidé de se préparer une carrière dans les professions libérales, il s'inscrivit à l'Université Laval de Montréal, d'où il obtint son diplôme de docteur en médecine en mai 1893. Sept mois plus tard, en janvier 1894, il se rendit avec sa jeune épouse à Lowell, Massachusetts, où il demeurerait trente-sept ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort survenue le 25 janvier 1931. 
  Homme de lettres et membre correspondant de l'École littéraire de Montréal, il publia à Lowell, en 1902, son premier recueil poétique, Voix étranges. Trois autres volumes de vers, écrits par la suite, Au Fil de la Vie, Silles, et En Vieillissant, restèrent en manuscrit et sont aujourd'hui perdus sauf quelques poèmes épars publiés dans les recueils et les revues de l'époque ; (cette notice biographique est tirée de l'Anthologie de la littérature française de la Nouvelle-Angleterre).
  Joseph-Hormidas Roy a été inhumé au cimetière Saint-Joseph de Chelmsford, au Massachusetts. Une petite île est dédiée à sa mémoire dans le lac Gumpas Pond, à Pelham, au New Hampshire.

Dans son Anthologie des poètes canadiens (1920), Jules Fournier présente quelques poèmes de Joseph-Hormisdas Roy. Les Poésies Québécoises Oubliées jugent qu'il peut valoir la peine de reproduire l'introduction de Fournier, qui inclut une lettre de présentation de Joseph-Hormidas Roy lui-même, ainsi que deux commentaires critiques fort élogieux des poètes Albert Lozeau et Louis Fréchette

« M. J.-H. Roy, à qui nous avons demandé des notes biographiques pour ce recueil, a bien voulu nous écrire les quelques lignes suivantes, qui suffiraient à elles seules à prouver, s'il en était besoin, qu'il est encore de par le monde des poètes modestes :

   
"Vous me demandez des notes biographiques : rien ne ressemble plus à ma vie que celle de Monsieur Tout-le-Monde. Ma date de naissance : 10 mars 1865. Enfance pauvre et assez misérable, chez des parents « habitants » rien moins  qu'à l'aise, dans la pourtant florissante paroisse de Dorval. Mis au collège bien malgré moi, à l'âge de douze ans, je fis, au Petit Séminaire de Sainte-Thérèse, des études à la diable et tronquées...
   C'est alors que, me ressaisissant, je songeai à adopter une profession libérale à défaut d'un métier, qui m'aurait probablement mieux convenu... Entré à l'Université de Montréal en 1890, j'y recevais en 1893 mon diplôme de docteur en médecine, après trois années d'un travail très ardu. (J'avais en effet, en ce temps-là, outre l'effort intellectuel, à pourvoir au « matériel » de mes trois repas par jour, et ce n'était pas toujours drôle ! Je m'en rapporterais volontiers là-dessus à mon compagnon de disette de ce temps-là, Lapalisse, qui avait coutume de dire, dans son langage bien à lui: « Heureusement que nous ne pouvons pas prendre moins qu'un repas par jour ! » Le pauvre garçon est mort depuis, non d'indigestion, je le présume. Quel joyeux compagnon d'infortune ! Que la terre lui soit aussi légère qu'était alors notre bourse ! ...)
  En 1894, je transportais mon mince bagage à Lowell, dans le Massachusetts, où j'ai toujours vécu depuis, menant une vie sans relief, plate et routinière comme une journée de facteur. Mammon ― pour parler comme l'Écriture ― m'a toujours gardé rigueur, ce qui ne m'empêche pas de m'appliquer de mon mieux, avec mon excellente femme, à élever les neuf enfants qui rayonnent autour de notre table... 
   Outre Voix étranges, qui est le fruit de ma jeunesse, j'ai en manuscrit trois volumes : Au Fil de la Vie, ―Silles, ―En Vieillissant, ― dont j'ai toujours remis la publication faute de ressources, et aussi par crainte de leur peu de valeur. Au Fil de la Vie, continuation de Voix étranges, contient des poèmes écrits peu après la publication de ce volume et sur le même thème. Silles renferme deux cent cinquante sonnets à l'allure satirique, à la vérité peu mordante. En Vieillissant laisse voir une muse plus assagie, ou qui se croit telle. Je crains bien que cela n'est qu'illusion, et qu'en réalité ce sont ses ailes qui s'écourtent ». 

Plusieurs critiques ont fait des vers de M. Roy les plus grands éloges. Citons seulement quelques témoignages pris au hasard : 

   « Je viens de parcourir avec plaisir et souvent avec émotion vos Voix étranges. Vous êtes un vrai poète, puisqu'à vous lire on ressent la tristesse qui a coulé de vous en vos poésies... Vos vers sont vraiment l'expression de votre être intime : on le sent ». (ALBERT LOZEAU)

   « Le volume que M. Roy [...] a intitulé Voix étranges s'élève beaucoup au-dessus de l'effort ordinaire d'un débutant. Il révèle une grande intensité d'expression, une vision très personnelle des choses, et ― ce qui est encore plus rare  un instinct artistique qui s'écarte à la fois des banalités poncives et d'un modernisme poseur... M. Roy promet à nos lettres une acquisition précieuse ». (LOUIS FRÉCHETTE)

Tiré de : Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, Granger Frères Éditeurs, 1920, p. 127-128. 


Tome 3 de l'Anthologie de la littérature franco-
américaine de la Nouvelle-Angleterre
, d'où est tiré
le poème Paroles sincères, de J.-H. Roy.  


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