samedi 30 novembre 2019

Vision nocturne

René Chopin (1885-1953)

(Source : Courtes biographies canadiennes :
Art-Musique-Littérature
, Vol. IV, no 1,
Montréal, Les éditions Éoliennes, 1952)




   La nuit lente répand la paix de ses merveilles,
   Un clair d'étoiles vers un filtre reposant,
   Et le Silence bouge ainsi qu'un vol d'abeilles
   Invisibles autour de ruches bruissant. 
   J'accueille un songe au creux des patientes veilles
                Comme un heureux passant. 

   Je suis comme en un port le navire au mouillage,
   Triste d'anciens adieux et de départs hardis
   Vers la promesse de futurs paradis,
   Vers la ville de marbre aux jardins de feuillage,
   Maintenant qui repose après un long voyage,
                Conscient de Jadis­.

   Ici c'est la nuit claire, une nuit de Norvège,
   L'hiver blême a soufflé son haleine de mort ;
   L'âme pensive, errant sur les plaines du Nord,
   Se sent lucide et chante un lumineux arpège ;
   L'arbre perclus se tait, endolori de neige
                Et du froid qui le mord.

   La forêt se dessine au bord des routes blanches,
   Flore artificielle aux parterres d'hiver,
   Fûts givrés, vernissés en leur gaine de fer, 
   Ramures, au lacis compliqué, qui se penchent...
   On dirait du corail en arbres dont les branches
                Fleurissent sous la mer. 

   Le soir est déchiré de dentelles de givre,
   Mais tandis que le gel étreint les troncs tordus
   Où le verglas met un miroitement de cuivre,
   Voici mes souvenirs, mes songes assidus,
   Voyageurs attardés en des palais de givre
                Et qui semblent perdus.

                                 René Chopin (1913)



Tiré de : René Chopin, Le cœur en exil, deuxième édition, Paris, Georges Crès et Cie, 1913, p. 45-46.

Pour en savoir plus sur René Chopin, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Octobre

De René Chopin, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : La mort d'un hêtre et Le plaisir d'entendre les grenouilles.


Le poème Vision nocturne, ci-haut, est tiré du
recueil Le cœur en exil, de René Chopin.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite de René Chopin dans son
deuxième recueil, Dominantes, paru en 1933.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Dans le deuxième volume de son recueil de critiques
Poètes de l'Amérique française, paru en 1934, le brillant
critique littéraire Louis Dantin a consacré un chapitre 
à l'oeuvre poétique de René Chopin. On peut consulter 
le texte de Dantin en cliquant sur cette image :



« René Chopin, poète magicien »,
un texte signé Paul Morin lu à la radio
en 1937 puis publié en 1952, soit un 
an avant le décès de René Chopin. 
Pour consulter ce texte, 
 cliquer sur cette image :  


Dans le journal hebdomadaire L'Action, qu'il dirigeait, Jules Fournier a écrit cet
article au sujet de la sortie prochaine du recueil de René Chopin, Le cœur en exil.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans le journal hebdomadaire Le Nationaliste du 21 septembre 1913,
un critique littéraire, sous le pseudonyme de « Liseur », a commenté
Le cœur en exil, de René Chopin.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

René Chopin à 18 ans. Cette photo a été publiée
pour la première et la dernière fois en 1952.

(Source : Courtes biographies canadiennes :
Art - Musique - Littérature
, Vol. IV, no 1,
Montréal, Les éditions Éoliennes, 1952).

Cette anthologie des poètes québécois
dits « exotiques » contient de nombreux
poèmes de René Chopin, qui autrement
sont introuvables. Pour informations,
cliquer ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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mercredi 27 novembre 2019

Cantique en mémoire des déportés acadiens

Dispersion des Acadiens 1755, tableau d'Henri Breau (1900)

(Source : Les capsules acadiennes)




   Cantique extrait du poème La ruine de Grand-Pré.


   Champ béni des aïeux, ô rivage des Mines,
         Salut ! toi qui dans mes pensers 
   Apparais nuit et jour ! Sous tes saintes ruines
         Tressaille à mes pieux baisers !

   Je te foule, ô Grand-Pré ! Mais ta froide poussière
         N'a pas les os de mes aïeux. 
   Ils moururent hélas ! sur la rive étrangère,
         Captifs, errant sous d'autres cieux.

   La triste épouse en vain chercha dans sa misère
         Le toit d'un misérable abri.
   En vain l'enfant, pressé sur le sein de sa mère,
         Jeta, mourant, son faible cri !

   Aux sanglots de l'épouse, aux cris de l'innocence, 
         La foule jeta le dédain. 
   Et la mère et l'enfant, épuisés de souffrance,
         Tombèrent au bord du chemin.

   Le vainqueur s'est donné les champs de ma patrie ;
         L'ennemi dort à nos foyers. 
   Ô terre des aïeux ! la vierge d'Acadie
         Ne foulera plus tes sentiers. 

   Sur tes rives passant, au jour de sa colère, 
         Le Seigneur a chassé tes fils.
   Sur les plages de l'exil, il jeta leur poussière
         Devant leurs heureux ennemis. 

   Vois de ton peuple, ô Dieu ! la profonde détresse ; 
         Entends le cri de son malheur ;
   Qu'enfin de nos soupirs l'ineffable tristesse
         D'un père désarme le cœur. 

   Toi qui donnes la mort et ramènes à la vie,
         Rappelle-nous de nos tombeaux.
   Ouvre-nous des aïeux cette terre bénie
         Où tu fécondas leurs travaux. 

   Aux yeux de l'ennemi répare nos ruines,
         Couronne nos jours de bonheur.
   Et que nos fils, croissant au pied de ces collines,
         Égalent les fils du vainqueur. 

   Ô Dieu ! du barde entends les dernières prières : 
         D'un peuple entier sèche les pleurs !
   Par la croix de ton Fils et les maux de mes frères,
         Enfin tu nous dois tes faveurs. 

                                   Onésime Fortier* (1875)



Extraits tirés de : Onésime Fortier, Christophe Colomb (pièce couronnée au concours d'éloquence de l'Institut canadien de Québec en 1876) ; La ruine de Grand-Pré (pièce couronnée à l'Université Laval en 1875), Québec, Imprimerie A. Côté et Cie, 1876, p. 40-41.


Pour un exemplaire téléchargeable gratuitement du poème
La ruine de Grand-Pré, d'où est tiré le cantique ci-haut, 
cliquer sur cette image : 



*  Onésime Laurent Fortier est né le 30 octobre 1851 à Saint-Jean-de-l'île-d'Orléans, de Jean-Baptiste Fortier, cultivateur, et de Marie-Victoire Laîné dit Laliberté. Il fit ses études classiques au Petit séminaire de Québec (aujourd'hui Collège François de Laval), où son goût prononcé pour la littérature lui valut de nombreux succès et mentions.
    Au sortir du Petit séminaire, il participa d'abord à la rédaction d'un journal de Québec, puis il devint instituteur, de 1872 à 1876, à l'Académie de Saint-Louis, au Nouveau-Brunswick. Il continua alors, durant ses temps de loisir, ses études de littérature et d'histoire, en plus d'avoir été rédacteur en chef du journal Le Moniteur Acadien
   En 1876, à l'occasion d'un concours d'éloquence tenu sous les auspices de l'Institut canadien de Québec, il composa sur le sujet imposé, Christophe Colomb, un éloge historique qui lui mérita une médaille d'or. L'année précédente, son poème Les ruines de Grand-Pré fut couronné par l'Université Laval dans le cadre de son concours de poésie. 
   Le 14 octobre 1876, il quitta Québec pour se rendre à Abbeville (France), où il entra au noviciat des Dominicains. Le 4 novembre 1877, il prononça à Amiens ses premiers vœux puis débuta peu après des études de philosophie et de théologie au couvent de Flavigny-sur-Ozerain. Il fit sa profession perpétuelle le 4 novembre 1880. Le lendemain, il fut chassé avec ses confrères dominicains du couvent de Flavigny, en conséquence des décrets du gouvernement de Jules Ferry. Il s'établit avec ses confrères à Volders, dans le Tyrol autrichien, où il poursuivit ses études. 
    Il fut ordonné prêtre le 2 octobre 1881, dans la chapelle privée du prince-évêque de Brixen
   En mars 1882, les premiers signes d'une phtisie se firent sentir. Ses médecins lui ordonnèrent d'interrompre ses études et de résider au couvent de sa congrégation à Paris. Mais les médecins de la capitale française jugèrent son état grave et prescrivirent son retour au Québec. 
   Il s'établit alors au couvent des Dominicains de Saint-Hyacinthe. Malgré sa maladie, il se maintint actif. Il dessina les plans d'un nouveau couvent des Dominicains, dont il surveilla activement les débuts de la construction (qui fut achevée en 1892). Il rédigea la biographie d'un confrère dominicain, La vie du R. P. Routier. Il composa un index général des registres de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire de Saint-Hyacinthe. de 1885 à 1888, il fut également le premier maître des novices pour la province canadienne de sa congrégation et son premier sous-prieur.
   En septembre 1887, il dut séjourner un mois à l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, où il put reprendre des forces. Mais à partir de mars 1888, sa santé se détériora rapidement. 
   Onésime Fortier est mort à Saint-Hyacinthe le 20 août 1888. Une foule nombreuse assista à ses funérailles, dont Pierre J.-O. Chauveau, premier ministre du Québec de 1867 à 1873, avec qui il entretenait des liens amicaux. Il repose au cimetière des Dominicains dans cette même ville. 
(Sources : revue Le Rosaire, octobre 1898 ; Antonin-M. Plourde, o.p., Qui sont-ils et d'où viennent-ils ? Nécrologe dominicain 1882-1964, Montréal, Les éditions du Lévrier, 1964, p. 18-19 ; J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français. Les anciens, Montréal, Imprimerie de l'École catholique des sourds-muets, 1910, p. 213-214 ;  Ancestry.ca).


Onésime Fortier (1851-1888)
Photo prise en 1870, alors qu'il avait 19 ans.

(Source : Fonds d'archives du Séminaire de Québec)

Onésime Fortier, prêtre dans la 
congrégation des Dominicains.

(Source : Le Rosaire, octobre 1898)


Pour lire l'article biographique de la revue Le Rosaire 
sur Onésime Fortier, cliquer sur l'image suivante :


Le cantique ci-haut est tiré du poème La ruine
de Grand-Pré
, publié en 1875 dans cette
brochure, que l'on peut télécharger ICI.

L'exemplaire ci-dessus est dédicacé par
H. J. J. Chouinard à l'abbé H. R. Casgrain.

(Collection Daniel Laprès ; Cliquer
 sur l'image pour l'agrandir)

Entrefilet paru dans Le Courrier du Canada du
3 décembre 1875 au sujet du poème La ruine de
Grand-Pré
, d'où est tiré le cantique ci-haut.

(Source : BANQ

Entrefilet paru dans Le Franc-Parleur du 17
octobre 1876 au sujet de l'obtention par
Onésime Fortier du premier prix du
concours d'éloquence tenu par l'Institut
canadien de Québec.

(Source : BANQ)

Le 14 octobre 1876, le journal Le Canadien publiait ce compte-rendu de la soirée
au cours de laquelle l'Institut canadien de Québec décerna à Onésime Fortier la
médaille d'or de son premier concours d'éloquence.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans le journal La Justice du 23 août 1888 à l'occasion de la mort d'Onésime Fortier.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le couvent des Dominicains de Saint-Hyacinthe, dont 
Onésime Fortier a dessiné les plans et a surveillé les 
débuts de la construction mais dont il ne vit pas 
l'achèvement, qui eut lieu quatre ans après sa mort.
C'est Napoléon Bourassa qui compléta l'oeuvre en 
en concevant la façade.

(Source : Université de Montréal ;

cliqur sur l'image pour l'agrandir)

Lecture de l'ordre de déportation des Acadiens par l'armée anglaise
dans l'église de Grand-Pré. Tableau de Charles William Jefferys.

(Source : Wikipedia)

Déportation des Acadiens à Grand-Pré : L'attente avant l'embarquement.
Tableau de Claude Picard.

(Source : Joachim Leblanc)

La déportation. Tableau de Lewis Parker.

(Source : Joachim Leblanc)


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dimanche 24 novembre 2019

Féerie

Jacqueline Francoeur (1904-1995)

(Source : sa petite-fille Hélène Francoeur)




   Ce fut un soir unique aux heures de magie !
   Dans le sombre jardin, d'innombrables bougies,
   Tremblantes, accrochaient leurs robes de crépon
   Aux fils de fer ténus qui se mettaient en danse
   Dès qu'un souffle passait. C'était un bal immense,
   Multicolore, de lanternes du Japon.

   Sur la moire du lac, les lumières frivoles, 
   Joyeusement, miraient leurs valses bénévoles
   Aux tours capricieux et lents. Aux environs 
   De la claire villa, sur l'onde chatoyante, 
   De cent canots glissait une flotte ondoyante
   Qui venait doucement au bruit des avirons.

   Un accord s'éleva, troublant la paix sereine
   Du soir d'un tendre émoi. Le parc était la scène
   Qui n'avait pour décors que le bois éternel.
   On jouait du Nevin, Bach, Massenet peut-être,
   Beethoven. Par l'artiste évoqué, des grands maîtres
   On entendait encor le génie immortel. 

   L'orchestre était de choix. On avait un programme
   Tel que, charmé, parfois on oubliait la rame
   Qui plongeait, indolente, au sein de l'eau. Soudain,
   Sans apprêts, une voix légère et cristalline,
   Dans une mélodie amoureusement fine,
   Monta sous les arceaux du nocturne jardin. 

   Le concert finissait. Les multiples bougies
   Et leurs frêles crépons mouraient. La nostalgie
   S'emparait de nos cœurs en voyant fuir ce soir,
   Ces lumières, ces chants, ces minutes trop brèves,
   Où des charmes exquis se mêlaient à nos rêves
   Pendant que les canots s'enfonçaient dans le noir...

                             Jacqueline Francoeur* (1935)



Tiré de : Jacqueline Francoeur, Aux sources claires, Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1935, p. 85-86. 

Jacqueline Francoeur est née à Québec le 31 octobre 1904, d'Alfred Francoeur, pharmacien et fondateur de l'École de pharmacie de l'Université Laval, et d'Alice Lépine. 
   Elle fit ses études primaires à l'école Saint-Jean-Baptiste de Sillery, puis compléta ses études supérieures au Couvent Jésus-Marie de Sillery. 
    De 1928 à 1938, elle fut fonctionnaire au Service provincial d'hygiène. 
   En 1935, elle publia son unique recueil de poésies, Aux sources claires. Cet ouvrage lui mérita le prix David en 1935, puis, l'année suivante à Paris, le prix Edgar Poe. Elle était membre de la Société des poètes canadiens-français. En 1939, elle obtint la Médaille du lieutenant-gouverneur, qui était à l'époque un important prix littéraire.
   Jacqueline Francoeur est morte à Québec le 13 octobre 1995. Elle avait épousé le docteur Paul Parrot le 20 avril 1940, à Québec. 
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 115 ; Le Soleil, 16 octobre 1995). 

Qu'Hélène Francoeur, Marc Parrot et Mireille Francoeur, petits-enfants de Jacqueline Francoeur, soient remerciés pour leur aide précieuse et les renseignements qu'ils ont généreusement fournis.


Aux sources claires, recueil de Jacqueline Francoeur
d'où est tiré le poème Féerie, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Photo de Jacqueline Francoeur
parue dans Le Bien public du
9 janvier 1936.

Article plutôt élogieux paru dans Le Bien public (Trois-Rivières) du 9 janvier
1936 sur Aux sources claires, le recueil de poésies de Jacqueline Francoeur.
Le même article est également paru dans quelques autres journaux.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le journal Le Soleil, de Québec, a souligné l'obtention par Jacqueline Francoeur du
prestigieux prix Edgar Poe, qui lui fut décerné par un jury de Paris.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le journal L'Action catholique a
également célébré dans son
édition du 26 mai 1936 le succès
de Jacqueline Francoeur, lorsque
lui fut décerné le prestigieux prix
littéraire Edgar Poe.

(Source : BANQ ; cliquer
sur l'image pour l'agrandir)


Dans Le Soleil du 11 septembre 1936, Aimé Lazure, de 
la Société des Poètes canadiens-français, a signé une 
recension détaillée et fort élogieuse d'Aux sources 
claires, le recueil de poésies de Jacqueline Fournier.

Pour prendre connaissance de l'article, 
cliquer sur la couverture du journal : 


Notice nécrologique parue dans
Le Soleil du 16 octobre 1995.

(Source : BANQ ; cliquer
sur l'image pour l'agrandir)

La poétesse Jacqueline Francoeur repose au cimetière Saint-Michel-de-Sillery.

(Source : Billion Graves ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

jeudi 21 novembre 2019

Les pins qui chantent

Albert Ferland (1872-1943)

(Source : Paul Wyczynski, Louis-Joseph
Béliveau
et la vie littéraire de son temps
,
Montréal, éditions Fides, 1984, p. 103).




   Passant, les pins ! Le mont s'emplit de leur nuit verte.
   Ici, nombreux et forts, les a groupés l'amour. 
   Vois. De leurs bras obscurs ils déchirent le jour.
   La majesté des pins à ton âme est offerte.

   Regarde ces géants profilés sur le ciel.
   Hommage à ces vivants dont nul ne sait l'histoire !
   Vois leur beauté. Muet, vois s'accuser leur gloire,
   Quand, plus large, s'empourpre et tombe le soleil. 

   Contemple. Devant toi, par leur tailles célèbres,
   Sont les pins solennels et sombres de chez nous,
   Les grands pins ténébreux dont nous sommes jaloux,
   Prompts à faire rêver qui marche en leurs ténèbres.

   Ardent, le jour est mort... Déjà, sur les pins noirs,
   Le flot mélodieux de l'air fraîchi circule.
   Ces bruits !... les entends-tu, passant du crépuscule ?...
   C'est le chant que les pins prolongent dans les soirs.

   Rêveur, suspends ton âme au chant des pins poètes,
   Toujours chantant, toujours vibrant quand l'homme dort.
   Écoute la chanson qu'en la terre du Nord
   Les pins chantent, baignés par les nuits violettes !

                                     Albert Ferland* (juin 1906) 



Tiré de : Albert Ferland, Le Canada chanté, livre deuxième, Montréal, L'auteur éditeur, 1909, p. 17-18.

Albert Ferland est né à Montréal le 23 août 1872, d'Alfred Ferland et de Joséphine Hogue. Ayant refusé d'entreprendre des études classiques, il travailla tour à tour dans une épicerie, une étude d'avocat, à l'imprimerie Beauchemin et dans la fabrique de son père, avant d'enseigner le dessin et la gravure, notamment au Monument-national. Autodidacte, il parvint en quelques années à acquérir une culture considérable.
   Pendant ce temps, publia des poèmes dans les périodiques Le Samedi et Le Monde Illustré. Il participa en 1895 à la fondation de l'École littéraire de Montréal, dont il fut le secrétaire de 1900 à 1903, puis le président en 1904. La même année, il publia l'unique numéro de la Revue de l'art. Il est l'auteur de quatre recueils de poésies : Mélodies poétiques (1893) ; La consolatrice (1898) ; Femmes rêvées (1899) ; Le Canada chanté (en 5 volumes, parus de 1908 à 1946).
   Vers 1910, il décrocha un emploi comme dessinateur pour le service postal. Mais lorsque des coupures budgétaires provoquèrent sa mise à pied, il se vit plongé dans la misère. Comme le raconte son biographe Gaëtan Dostie : « Quand on le força à prendre sa retraite, le 28 janvier 1941, à 69 ans, il supplia qu'on prolonge son emploi car il n'avait droit à aucune pension. L'indigence fut son lot. Il dut quêter ses médicaments souventes fois. En novembre 1943, il attrape une grippe dont il ne se remettra pas ». 
   Albert Ferland est mort à Montréal le 9 novembre 1943. Il avait épousé en 1894 Eugénie Chapleau. 
(Sources : Gaëtan Dostie et Jean-Guy Paquin, Albert Ferland, 1872-1943, Du pays de Canard Blanc Wâbininicib au plateau Mont-RoyalMontpellier, Écrits des Hautes-Terres, 2003 ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 508 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 478 ; La Tribune, 11 novembre 1943). 

D'Albert Ferland, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Retour des corneilles et Au gré de l'onde.


Le poème Les pins qui chantent, ci-haut, est
tiré du livre deuxième du recueil Le Canada
chanté
, d'Albert Ferland. On peut ICI le
télécharger gratuitement.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cet ouvrage consacré à l'artiste remarquable
qu'était Albert Ferland est paru en 2003. On
peut trouver ICIICIICIICI et ICI de
rares exemplaires de ce livre qui contient
de nombreuses poésies de Ferland.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

En plus d'être poète, Albert Ferland était artiste-illustrateur de grand
talent, comme en témoigne cette illustration accompagnant son
poème Les pins qui chantent, ci-haut, dans le volume deuxième
du recueil Le Canada chanté. Ferland était aussi photographe.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cette illustration par l'auteur orne également le poème Les pins qui chantent,
 d'Albert Ferland,  dans le tome deuxième de son recueil Le Canada chanté.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Portrait d'Albert Fernand dessiné par Émile Vézina,
paru dans le journal Le Nationaliste du 5 mars 1911.

(Source : BANQ ; cliquer
sur l'image pour l'agrandir)


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