samedi 24 août 2019

Le Fleuve

Nérée Beauchemin (1850-1931)

(Source : Yamachiche, son
histoire, son patrimoine
)





   Depuis l'âge orageux des aurores premières
   Où tout un ciel pleuvait sur un monde naissant,
   Suivi d'un infini cortège de rivières,
   Au large, à plein chenal, en triomphe, il descend.

   Superbe, délivré des ténèbres sauvages
   Et des enchantements des noirs Esprits du mal,
   Il proclame aux nouveaux soleils de ses rivages
   Son noble nom de saint, son beau nom baptismal.

   Reflétant les espoirs des races obstinées
   Dont les fils ont connu les pleurs des sombres jours,
   Le vieux fleuve, le fleuve aux vastes destinées,
   Le Saint-Laurent poursuit son voyage au long cours. 

   En vain le précipice irrite sa puissance ;
   De l'abîme à l'abîme, il redouble ses bonds.
   Il passe. Tout le bruit de son effervescence,
   À la longue, s'apaise en des calmes profonds.

   De la plus humble côte au plus haut promontoire,
   D'amont jusqu'en aval, tout le long de ses bords,
   Cent clochers, au matin, célèbrent son histoire,
   Et cent clochers, au soir, modulent leurs accords. 

   Il passe. Que lui font les tributs qu'il absorbe ?
   En sera-t-il plus beau, plus grand, plus glorieux ?
   Il passe, et l'on verra se résoudre en son orbe
   L'émeraude et l'azur de la terre et des cieux. 

   Mais voici que la Mer ose forcer l'entrée
   De l'estuaire où roule un océan de flots :
   Devant le Roi des eaux, la Mer exaspérée
   Recule, et sa colère éclate en longs sanglots.

   Et le Fleuve, le vieux fleuve, le fleuve immense,
   Dont les souffles n'ont pas cessé d'être vivants, 
   Magnifique de calme et d'orgueil, recommence
   Sa marche vers l'aurore et les soleils levants. 

   Tel, par les champs dorés et par les vertes plaines,
   Ce peuple qui déferle et déborde en tous lieux 
   Et qui, sous tous les ciels, sent courir en ses veines
   Le sang qui mit sa pourpre aux veines des aïeux. 

   Illustre peuple issu de ces divines sources
   Qui ne pourront jamais décroître ni tarir,
   Il passe, à peine ému de ses lointaines courses,
   Calme, tranquille, sûr de ne jamais mourir. 

                                  Nérée Beauchemin (1922)



Tiré de : Nérée Beauchemin, Patrie intime, Montréal, Librairie d'Action canadienne-française, 1928, p. 45-47.

Pour en savoir plus sur Nérée Beauchemin, cliquer ICI et ICI

De Nérée Beauchemin, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Le vieux parler ; La bonne France Correspondance poétique (avec Louis Fréchette) ; FranceUne sainteLe sapin de Noël.


Le poème Le Fleuve, ci-haut, est tiré de Patrie intime, recueil
de Nérée Beauchemin. La première édition, dont on voit la
couverture à gauche, est parue en 1928. La couverture de
droite est celle de l'édition la plus récente, augmentée
d'autres poèmes, que l'on peut encore commander dans
toute bonne librairie. Pour informations voyez ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite de Nérée Beauchemin
dans son recueil Patrie intime. Écrite trois
mois avant la mort du poète, la dédicace est
adressée au comédien Camille Ducharme.
Pour connaître les circonstances entourant
cette dédicace, cliquer ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

 La municipalité d'Yamachiche a su honorer d'une manière remarquable et unique
 la mémoire de son poète-médecin Nérée Beauchemin. Ainsi, un immense portrait
de celui-ci,  qui est une reproduction d'un fusain de Rodolphe Duguay, orne la salle
 du conseil municipal. Yamachiche montre ainsi la voie à toutes les municipalités
qui cherchent à honorer le souvenir de leurs citoyens ayant contribué à enrichir
le terreau culturel et littéraire du Québec.

(Photo : René Girard et Daniel Laprès, 28 mai 2019 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Lever du soleil sur le golfe du Saint-Laurent à Baie-des-Sables
près de Matane, village natal de la poétesse Marie Ratté.
 Pour en voir la vidéo, cliquer sur cette image : 


Volée d'oies blanches au dessus du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de L'Islet.

(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le fleuve Saint-Laurent, vu depuis la cime du Cap Tourmente.

(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Vue du traversier N. M. Trans-Saint-Laurent sur le fleuve Saint-Laurent
 entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon au soleil couchant, à partir du
 parc de la pointe à Rivière-du-Loup.

(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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