Robert Choquette (1905-1991) (Source : Mon magazine, mars 1926) |
Oh ! que mon coeur bat fort dans ma large poitrine !
De Robert Choquette, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Ode à la liberté et Hymne à l'été.
Les Glanures historiques québécoises ont présenté : Robert Choquette sur la poésie : « Au narcissisme, je préfère le don ».
Sur le thème du coureur de bois, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : La chanson du coureur de bois, d'Adalbert Trudel, et Le coureur des bois, d'Henri-Raymond Casgrain.
J'ai peine à contenir ses bonds ;
Je suis jeune et l'orgueil écarte ma narine,
Rien ne tient mes pieds vagabonds.
Je suis le libre enfant de la libre nature,
Et quand jusqu'en mes flancs fougueux
Je porte avec ivresse un souffle d'aventure
Et franchis les halliers rugueux,
Je suis plein de dédain pour les maisons de pierre
Et pour les citadins chétifs !
Le soleil qui vacille éblouit ma paupière
Et j'y tiens ses rayons captifs !
Moi, je ne connais pas les fausses attitudes
Que l'on enseigne dans la cité ;
J'ai cueilli la franchise au fond des solitudes
Et je la porte à mon côté.
La jeunesse où je fouille est ma seule ressource.
Ma pensée, au fond de mes yeux,
Est comme un sable d'or à travers une source ;
J'ai la vigueur de mes aïeux.
Parfois quand j'erre seul, le dos au crépuscule,
Dans les bois pleins de bruits confus,
Je regarde en rêvant la lune qui recule
Et fuit entre les pins touffus...
Je rêve au doux regard que des cils environnent
Comme un étang bordé de joncs.
C'est une enfant sauvage où les charmes fleuronnent ;
Sa lutte est sous les arbres longs.
Elle a tout le printemps sur sa bouche entr'ouverte ;
Nous nous aimons parmi les fleurs,
Ivres, sous la forêt qui fait la clarté verte,
Au bruit des insectes siffleurs.
Oh ! de chérir ainsi cette enfant éphémère
En parlant d'immortalité,
N'est-ce pas le bonheur du ciel, Nature-mère,
Nature aux yeux pleins de bonté ?
Eh ! qu'importe demain quand le présent déborde,
Quand on tient dans ses mains l'infini !
Qu'importent l'avenir, la vieillesse et la horde
Des maux dont le corps est puni,
Si la jeunesse en nous bondit d'exubérance
Comme un chevreuil sous la chaleur !
Avoir peur de l'amour, c'est craindre la souffrance ;
Le coeur grandit dans la douleur.
À moi beauté de l'âme, idéal, ciel limpide,
Printemps qui verdis les coteaux !
À moi la liberté, la jeunesse intrépide,
L'amour bâtisseur-de-châteaux !
Aube aux souliers d'argent, vestale en robe blanche ;
Matin qui marches sur des pleurs,
Chansons qui frissonnez le long de chaque branche,
Saveur des fruits, parfum des fleurs ;
Mobiles clairs-obscurs gravissant la colline,
Joncs d'où part un martin-pêcheur,
Ô soleil de corail, lune de mousseline ;
Nature, immortelle fraîcheur,
Mère à jamais féconde, à jamais florissante,
Je t'aime d'un amour fervent,
Ô Nature, et tu fais mon âme frémissante
Comme une feuille sous le vent !
J'aime tout ce qui vit dans l'ombre ou la lumière,
La nature ou l'humanité :
L'universel amour est la seule rivière
Qui mène à l'immortalité.
L'idéal, c'est la source où mon âme va boire
Le soleil qui flamboie au fond !
Ma jeunesse reluit comme l'or d'un ciboire
Où s'entasse le ciel profond !
Joyeux, ravi, libre devant l'horizon vaste,
Quand je franchis les terrains plats,
Je dois presser des mains mon coeur enthousiaste,
De peur qu'il ne vole en éclats !
Robert Choquette* (1925)
Tiré de : Robert Choquette, À travers les vents, deuxième édition, Montréal, Les Éditions du Mercure, 1927, p. 131-134. (Préface de Henri d'Arles).
* Fils de Joseph-Alfred Choquette et d'Ariane Payette, Robert Choquette est né le 22 avril 1905 à Manchester (New Hampshire). Sa famille revint à Montréal en 1913 et l'inscrivit au Collège Notre-Dame, puis, de 1917 à 1921, au Collège de Saint-Laurent, où il entreprit ses études classiques. Il étudia ensuite au Collège Loyola de 1921 à 1926.
Journaliste à The Gazette en 1927, Robert Choquette assuma un peu plus tard la rédaction de la Revue Moderne, tout en étant secrétaire et bibliothécaire à l'École des Beaux-Arts de Montréal. La fondation de Radio-Canada marque un tournant dans sa carrière : il sera l'un des principaux écrivains à alimenter le nouveau réseau de radio-romans.
En 1942-43, il fut invité comme écrivain-résident au Smith College de Northampton (Massachusetts). Revenu au pays, il se consacra entièrement à la littérature. Auteur de nombreux recueils de poésies et de romans, il fut lauréat, entre autres, de trois prix David (1926, 1932, 1955), du prix de poésie de l'Académie française (1954) et du prix Edgar Poe (1956). En 1962, il fut proclamé « Prince des poètes du Canada français ». Membre fondateur, en 1944, de l'Académie canadienne-française (devenue l'Académie des lettres du Québec), il y siégea jusqu'à sa mort.
En avril 1937, Robert Choquette a épousé Marguerite Canac-Marquis. Il est mort à Montréal le 22 janvier 1991.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1987, p. 76-77).
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1987, p. 76-77).
De Robert Choquette, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Ode à la liberté et Hymne à l'été.
Les Glanures historiques québécoises ont présenté : Robert Choquette sur la poésie : « Au narcissisme, je préfère le don ».
Sur le thème du coureur de bois, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : La chanson du coureur de bois, d'Adalbert Trudel, et Le coureur des bois, d'Henri-Raymond Casgrain.
Robert Choquette a été au moins deux fois le sujet de dessins de Robert LaPalme, qi fut l'un des plus grands caricaturistes québécois. À gauche, sur la couverture de l'édition d'octobre- novembre 1947 de la revue La Nouvelle relève, et à droite en première page de l'édition du 12 novembre 1934 du journal L'Ordre, d'Olivar Asselin. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Ce témoignage touchant de sincérité et de beauté est paru dans Le Devoir du 8 février 1991, à l'occasion du décès de Robert Choquette. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Robert Choquette était aussi romancier et auteur de contes. On peut encore de nos jours se procurer en librairie, en format poche, son roman Élise Velder ((cliquer ICI), qui inspira un populaire feuilleton radiophonique, suivi d'une adaptation télévisuelle elle aussi très populaire, et son recueil de contes Le sorcier d'Anticosti (cliquer ICI). (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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