Amédée Lamarche (1874-1898) Médecin-interne à l'Hôtel-Dieu de Montréal dont la mort en devoir est le sujet de ce poème de Gaston P. Labat (1843-1908) (Source : BANQ) |
Au Dr Adolphe Lamarche, sur le trépas de son fils, mort victime
de son dévouement en soignant les malades de l'Hôtel-Dieu.
« Ils sont aimés des dieux ceux-là qui meurent jeunes ».
De tout temps, il nous faut pour ranimer la foi
Des épreuves d'en haut qui nous sont une croix.
Aussi, dès le début, pour nous donner l'exemple,
Dieu sacrifia son fils, fondateur du vrai temple.
Après Lui, il surgit une sainte légion
Qui mourut bravement pour notre religion.
Et chaque jour, on voit descendre dans la tombe
Des prêtres, des soldats ― ô vaillante hécatombe ! ―
Mourir pour la Patrie et mourir pour ce Dieu,
Qui fait de ces vaillants la gloire de ses Cieux.
Auprès de ces héros au cœur plein de vaillance,
Il en est d'autres aussi, qui, de par la science,
Travaillent nuit et jour à combattre le mal
Qui décime le peuple, du trône à l'hôpital.
C'est l'humble médecin qui met toute son âme
À guérir les humains du mal qui les enflamme.
... Voilà pourquoi, ami, victime de son cœur,
On dira de ton fils : « Mort sur le champ d'honneur ! »
Gaston P. Labat** (1898)
Tiré de : Le Monde illustré, Montréal, 8 octobre 1898. Le titre original du poème est « Sursum Corda », dont « Élevons les cœurs » est la traduction française.
* Lactance-Amédée Lamarche est né à Montréal (paroisse Saint-Joseph dans le quartier de la Petite-Bourgogne) le 11 juin 1874, d'Adolphe Lamarche, médecin, et de Philomène Mallette.
Après ses études classiques au Collège de Montréal, il étudia la médecine à l'Université Laval de Montréal, dont il obtint son diplôme avec la note suprême « Très grande distinction ».
En mars 1896, il entra à l'hôpital Notre-Dame, à Montréal, en qualité d'interne. L'année suivante, il y fut nommé interne en chef. Il oeuvrait également à l'Hôtel-Dieu de Montréal.
Amédée Lamarche est mort à Montréal le 23 septembre 1898, ayant contracté le du typhus en pratiquant une autopsie. Il était âgé de 24 ans. Dans les mois suivant sa mort, il devait entreprendre un long voyage autour du monde afin notamment d'entrer en contact avec les sommités médicales des pays qu'il avait prévu de visiter.
(Sources : Le Réveil, Montréal, 24 septembre 1898 ; Ancestry. ca)
** Gaston P. Labat est né en France en mars 1843. Il servit dans l'armée française, notamment lors de la guerre franco-prussienne, à titre de membre du service chirurgical de l'armée de l'Est.
Il s'établit au Canada dans les années 1870, où il fit partie de la Garnison de Québec. En 1880, il fonda une revue bilingue, The Canadian Military Review, dont la parution prit fin en 1881.
Il publia des articles, textes fantastiques, poésies, dans divers journaux dont Le Canadien, L'Opinion publique, Le Monde illustré, Le Passe-Temps, etc. En 1886, il publia un ouvrage, Les voyageurs canadiens à l'expédition du Soudan, ou Quatre-vingt-dix jours avec les crocodiles. En 1901, il publia le Livre d'or des contingents canadiens dans l'Afrique du Sud, puis, en 1906, un Almanach municipal de Montréal.
Gaston P. Labat est mort à l'hôpital Notre-Dame de Montréal le 7 février 1908.
(Sources : Oscar Pelletier, Mémoires, souvenirs de famille et récits, Québec, 1940, p. 235 ; Culture des futurs ; Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 791).
Pour en savoir plus sur Gaston P. Labat, voyez ICI l'article richement documenté et éclairant de Jean-Louis Trudel dans Culture des futurs.
Le poème Élevons les cœurs, ci-haut, a été publié sous le titre de « Sursum Corda » dans l'édition du 8 octobre 1898 du journal Le Monde illustré. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le Dr Amédée Lamarche, peu de temps avant sa mort à l'âge de 24 ans, le 23 septembre 1898. (Source : « Vieux Rouge », Les contemporains, vol. 1, Montréal, A. Filiatreault Éditeur, 1898) |
Acte de baptême d'Amédée Lachance dans le registre de la paroisse Saint-Joseph de Montréal, dans le quartier de la Petite-Bourgogne. Certains articles de journaux de l'époque le font naître erronément à Lachine. (Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Ce poignant hommage à Amédée Lamarche est signé « Vieux Rouge », pseudonyme du journaliste, écrivain et musicien Aristide Filiatreault, dans le journal Le Réveil. Le même texte fut également publié dans le premier tome de l'ouvrage Les contemporains (1898), également d'Artistide Filiatreault. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
La Presse, 24 septembre 1898. (Source : BANQ) |
L'Avenir du Nord (Saint-Jérôme), 30 septembre 1898. (Source : BANQ) |
Facsimilé de la signature de Gaston P. Labat dans Le Monde illustré du 8 octobre 1898, sous le poème en hommage à Amédée Lamarche qui est également présenté ci-dessus. (Source : BANQ) |
La Presse, 10 février 1908. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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