jeudi 30 mai 2019

Le vieux parler

Nérée Beauchemin (1850-1931)
Photo inédite

(Source : Yamachiche, son histoire, son
patrimoine
; avec un spécial merci
à M. André Desaulniers)




   Si je le parle, à coeur de jour,
   Au pays avec les miens, comme
   Au grand siècle tout gentilhomme
   Le parlait aux abbés de cour,
   C'est... Ains seulement par amour. 

   Ce français vieillot qu'on dédaigne,
   Il est natif d'un haut Poitou
   Et d'un lointain Paris itou.
   Ces termes, que le chaume enseigne,
   Ce sont des termes de Montaigne.

   Le mot local, très clair, s'entend ;
   Du puriste il choque l'oreille ;
   Malgré tout, comme il s'appareille,
   Et comme il s'accorde pourtant
   Avec la parlure d'antan. 

   L'Habitant, dit-on, baragouine.
   L'habitant patoise ? C'est faux. 
   Il remet au jour des joyaux
   Qu'incruste souvent la patine
   Et l'illustre rouille latine. 

   Oyez le parler du hameau :
   Il coule comme aux goutterelles 
   Coulent les sèves naturelles ;
   Il coule aux lèvres comme l'eau
   Des érables au renouveau. 

   Mais que l'émoi d'un coeur l'anime,
   Ce vieux français, c'est tout chez nous ;
   Sous ses aspects âpres et doux,
   Ce langage simple et sublime,
   C'est toute la patrie intime.

   Si le papier le souffre ici, 
   Oh ! c'est rapport à la victoire
   Des patriotes de l'histoire !
   Si je le parle encore ainsi, 
   À Dieu, grand'grâce et grand merci ! 

   Durant trois siècles d'affilée,
   La première langue du sol
   A lutté sans peur et sans dol
   Malgré rafale et giboulée,
   L'honneur et le droit l'ont parlée. 

   Le verbe du clocher natal
   A gardé toute sa puissance
   Et le vieil esprit de la France
   Poursuit l'ancien chemin royal
   Vers les grands fonds de l'Idéal. 

                   Nérée Beauchemin (1914)



Tiré de : Nérée Beauchemin, Patrie intime, Montréal, Librairie d'Action canadienne-française, 1928, p. 150-152. 

Pour en savoir plus sur Nérée Beauchemin, voyez ces deux articles présentés par les Glanures historiques québécoises


De Nérée Beauchemin, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Une correspondance poétique ; La bonne France ; France ; Une sainte ; Le sapin de Noël



Patrie intime, recueil de poésies de
Nérée Beauchemin, d'où est tiré le
poème Le vieux parler, ci-haut.

On peut trouver de rares exemplaires de
l'édition originale chez O Vieux Bouquins
et chez Jean-Claude Veilleux. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

On peut encore se procurer sur
commande dans toute bonne
librairie cette édition, la plus
récente, de Patrie intime.
Pour informations, cliquer ICI.

Dédicace manuscrite de Nérée Beauchemin
dans son recueil Patrie intime et adressée
au comédien Camille Ducharme, qui alors
avait 23 ans et qui lui avait rendu visite en
mars 1931, soit trois mois avant la mort du
poète, à sa maison d'Yamachiche.

Pour prendre connaissance des circonstances
dans lesquelles fut écrite cette dédicace d'une
valeur exceptionnelle, cliquer ICI.

Maison de Nérée Beauchemin à Yamachiche. Elle est conservée dans le même
  état qu'à l'époque où le poète y vécut jusqu'à sa mort en 1931.

(Photo : Daniel Laprès, 5 août 2016 ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Plaque commémorative sur la façade de
la maison de Nérée Beauchemin.

(Photo : Daniel Laprès, 5 août 2016)

Nérée Beauchemin devant sa maison en 1928, déclamant
des poèmes tirés de son recueil Patrie intime, qui venait
alors de sortir de presse. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La municipalité d'Yamachiche a su honorer d'une manière remarquable et unique
 la mémoire de son poète-médecin Nérée Beauchemin. Ainsi, un immense portrait
de celui-ci,  qui est une reproduction d'un fusain de Rodolphe Duguay, orne la salle
 du conseil municipal. Yamachiche montre ainsi la voie à toutes les municipalités
qui cherchent à honorer le souvenir de leurs citoyens ayant contribué à enrichir
le terreau culturel et littéraire du Québec.

(Photo : René Girard et Daniel Laprès, 28 mai 2019 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Monument funéraire de Nérée Beauchemin à l'entrée du cimetière d'Yamachiche.

(Photo Daniel Laprès, 5 août 2016 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux 
tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
notice biographique et une photo ou portrait. Chaque  
tome est l'objet d'une édition unique et au tirage limité. 
Pour connaître les modalités de commande de cet 
ouvrage qui constitue une véritable pièce de collection
cliquez sur cette image : 

lundi 27 mai 2019

En excursion

Amédée Denault (1870-1939)

(Source : BANQ)



               À MON AMI RODOLPHE CHEVRIER


   C'est fait, nous partons, la locomotive
   A jeté dans l'air son bruyant adieu ;
   C'est moins du regret la note plaintive
   Qu'un long cri d'espoir qui monte vers Dieu.

   Dans les bruits confus, cette voix s'égare
   Qui me répétait ses souhaits joyeux.
   Déjà nous filons, et là-bas la gare
   Fuit et disparaît bientôt à nos yeux. 

   Puis, dans le lointain le clocher s'efface.
   J'interroge en vain l'horizon brumeux :
   Rien n'apparaît plus et mon oeil se lasse ;
   Mon coeur, un instant, se sent malheureux.

   Mais, de plus en plus avide d'espace, 
   Le dragon de feu s'élance en avant : 
   Moins rapide en l'air est le trait qui passe,
   Moins vif est l'oiseau, moins vite le vent.

   Non, rien ne dépasse, en sa course folle,
   L'ardente machine aux poumons d'airain.
   Seule ma pensée au terme s'envole,
   Plus rapide encor, libre de tout frein.

   Mais enfin, l'on touche le but du voyage, 
   Enfin nous voilà près d'hôtes charmants,
   Et la sympathie est bientôt le gage
   D'un plaisir exquis, de bien doux moments.

   Trop vite à mon gré, les heures s'écoulent,
   Car j'ai trouvé tout, plaisir et bonheur, 
   Loin du train joyeux et du bruit des foules,
   Dans l'intimité d'un fidèle coeur.

   Indicible joie, en terre étrangère,
   J'ai cru rencontrer, de par mon chemin,
   Un sincère ami qui me traite en frère
   Et m'ouvre son coeur en pressant ma main !

   Hélas ! du départ déjà sonne l'heure,
   On ne peut plus longtemps jouir ici-bas !
   Mais va ! ma pensée avec vous demeure,
   Je me souviendrai... ne m'oubliez pas !

                       Amédée Denault* (mars 1888)



Tiré de : Amédée Denault, Lueurs d'aurore, Montréal, Maison de la Bonne presse, 1894, p. 57-59.

*  Amédée Denault est né le 14 septembre 1870 à Saint-Timothée de Beauharnois, de Gédéon-Benjamin Denault, cultivateur et maître d'écluse, et de Delphine Coursolles. Il fit ses études primaires à l'école des Clercs de Saint-Viateur de son village natal et, de 1882 à 1889, ses études classiques au Collège de Montréal. Élève brillant, il se classa premier au concours du baccalauréat ès lettres et obting la médaille du gouverneur général. Il étudia le droit à l'Université Laval à Montréal et y devint bachelier. Mais il ne pratiqua jamais la profession d'avocat.
   Dès 1887, à l'âge de 17 ans, il collabora à divers journaux et revues, dont La Revue canadienne, La Minerve, La Patrie, L'Action catholique, La Feuille d'érable. En 1892, il devint directeur du Monde illustré. La même année, il dirigea la revue Le Glaneur - Recueil littéraire des jeunes, née de la fusion du Glaneur fondé à Lévis par Pierre-Georges Roy et du Recueil littéraire, de Montréal. En 1893, il fonda le journal La Croix de Montréal. À partir de 1896, il collabora au journal Le Pionnier, de Sherbrooke, qui s'installa à Montréal de 1899 à 1902. En 1906, à Nominingue, il fut nommé secrétaire de la Coopérative des colons du Nord, dont il prit la direction de l'hebdomadaire, L'Ami du colon, qu'il renomma Le Pionnier en 1907. 
   En 1895, il assista à la fondation de l'École littéraire de Montréal, dont il devint membre en 1898.
 En 1897, il fut nommé directeur de la Société générale de colonisation, puis devint, en 1905, président de l'Association des journalistes canadiens-français. 
   En 1912, il fut l'un des organisateurs et secrétaires du Premier congrès de la langue française, tenu à Québec.
   Il quitta le journalisme en 1931 pour devenir fonctionnaire municipal. 
   Il est l'auteur d'un recueil de poésies, Lueurs d'aurore, paru en 1894, dont l'un des poèmes fut couronné au grand concours de l'Académie littéraire et musicale de France.
  Selon l'ouvrage Pseudonymes canadiens, de Francis-J. Audet et Gérard Malchelosse, Amédée Denault a signé plusieurs articles de divers pseudonymes : H. Anbois ; Théo. d'Auze ; Gaston Dutaillis ; Jehan Dutaillis ; René-Gigot Dutanel ; Paul Duvert ; Marcassin ; Marc Hassin ; Jean Lafond ; Jean-E. Laissepoire ; Frid-Olin ; Municipo ; L'Observateur ; Pat-Riott ; Jules Saint-Elme ; Jean Sarment.
   Amédée Denault est mort à Québec le 22 avril 1939 et a été inhumé à Beloeil. Le 27 août 1895 à Beloeil, il avait épousé Marie-Alda Bernard. 
(Sources principales : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, 1980, Montréal, éditions Fides, p. 462 (dont l'entrée sur Amédée Denault est truffée d'erreurs) ; Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 139 ; Biographi.caLe Devoir, 2 mai 1939). 

Pour en savoir plus sur Amédée Denault, cliquer ICI


Lueurs d'aurore, recueil d'Amédée Denault
d'où est tiré le poème En excursion, ci-haut.
On peut télécharger gratuitement
le recueil ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans La Patrie du 14 janvier 1895, Robertine Barry,
première femme journaliste du Québec, a commenté
le recueil Lueurs d'aurore, d'Amédée Denault. Son 

nom de plume dans La Patrie était "Françoise".

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Amédée Denault en 1901.

(Source : BANQ)

Hommage du journaliste Omer Héroux dans Le Devoir du
24 avril 1939, à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans Le Soleil du 24 avril 1939 à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Première partie du témoignage, paru dans Le Devoir du 2 mai 1939, du
journaliste Ernest Bilodeau, à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Deuxième partie de l'article paru dans Le Devoir du 2 mai 1939.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 24 avril 1939

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Tribune, Sherbrooke, 29 avril 1939

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

vendredi 24 mai 2019

Vous souvient-il ?

Rodolphe Chevrier (1868-1949)

(Source : son recueil Tendres choses)




   Vous souvient-il de ces journées
   Faites de fleurs et de soleil,
   Où tout semblait rose ou vermeil
   À nos âmes fortunées ?...

   À travers les sentiers fleuris
   Que la brise emplit de mensonges,
   Nous allions rieurs, épris, 
   Courant à la suite des songes.

   Nous marchions, le front en sueurs,
   Le long des flamboyantes grèves,
   Et nos doigts brisaient moins de fleurs
   Que nos coeurs effeuillaient de rêves.

   Et les oiseaux, comme jaloux,
   Voltigeaient autour de nos têtes,
   Et l'onde aux sonores glouglous
   Semblait se mêler à nos fêtes.

   Oui, tout semblait rose ou vermeil
   À nos âmes trop fortunées !
   Vous souvient-il du gai soleil
   Qui marquait ces heures fanées ?...

   Mille refrains d'airs semés,
   La chanson des nids en liesse,
   Les senteurs des bois parfumés,
   Tout à nos sens versait l'ivresse !

   Pour abriter nos doux secrets,
   Le buisson nous prêtait ses branches ;
   Nous nous faisions, sous les cyprès,
   Un lit de mousse et de pervenches.

   Le coeur bondissant et joyeux,
   Butinant les mêmes pensées,
   Nous restions là, ravis, fiévreux,
   Les mains longuement enlacées.

   Où donc est-il ce gai soleil
   De nos heures enluminées,
   Qui, d'un reflet rose ou vermeil,
   Dorait nos folâtres journées ?...

   Ces félicités des beaux jours,
   Ces illusions, cette flamme,
   Ces ébats, ces chants, ces amours,
   Ont soudain déserté notre âme.

   Le passé les a recueillis
   Dans son sanctuaire que j'abhorre,
   Et cet abîme des oublis
   Ne nous rend pas ce qu'il dévore.

   Des bonheurs à jamais détruits,
   Que le Ciel seul saurait nous rendre,
   Dans les plis de nos coeurs meurtris
   Que nous est-il resté ? De la cendre !...

   Il a pâli le gai soleil
   Des inoubliables années
   Où tout semblait rose ou vermeil
   À nos âmes si fortunées !

                    Rodolphe Chevrier* (1889)



Tiré de : Rodolphe Chevrier, Tendres choses, Montréal, J.-P. Bédard Imprimeur-Éditeur, 1892, p. 87-91. 

*  Louis Gustave Rodolphe Chevrier est né à Ottawa le 5 août 1868, de Joseph Alphonse Chevrier et de Marie Fairbanks. Il fit ses études primaires à Ottawa, chez les Frères des Écoles chrétiennes, puis ses études secondaires au Collège Bourget de Rigaud. À partir de 1886, il étudia la médecine à l'Université Laval de Montréal, dont il obtint le diplôme en juin 1890. À l'automne de la même année, il partit pour Paris afin de compléter ses études médicales à Paris, où il fut élu membre de la Société obstétrique et gynécologique de Paris. Il profita de ce séjour pour visiter la France, l'Angleterre et la Suisse. Il expédia alors des lettres de voyages dans divers journaux du Québec. 
   Actif dans la vie littéraire, il collabora à divers journaux et périodiques, dont Le Monde illustré ; Le Glaneur Le Nord ; La Fortune (journal littéraire) ; Le Canada. En 1892, il publia Tendres choses, son unique recueil contenant des poésies composées pour la plupart durant ses années comme pensionnaire au Collège Bourget de Rigaud et ses études de médecine à Montréal, de même que durant son séjour européen.
   Il s'impliqua aussi dans divers mouvements politiques, sociaux et patriotiques. Il fut notamment membre de la Commission des pensions militaires et de la Commission du district fédéral. En 1892, il devint échevin de la ville d'Ottawa.
   Il débuta sa carrière médicale en 1891, comme gynécologiste à l'Hôpital général d'Ottawa, dont il présida le conseil médical et fut le chirurgien-chef. De 1932 à 1949, il devint le premier directeur médical de l'Hôpital Saint-Vincent d'Ottawa pour incurables.
   Rodolphe Chevrier est mort à Ottawa le 11 février 1949. Il avait épousé Joséphine Bell le 11 octobre 1892, à la paroisse Notre-Dame de Montréal
(Sources : Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 132 ; John Hare, Anthologie de la poésie québécoise du XIXe siècle (1790-1890), Montréal, éditions Hurtubise HMH, 1979, p. 399 ; journal Le Monde illustré, 7 mai 1892, p. 3 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 695).

De Rodolphe Chevrier, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : - Rêverie. 


Le poème Vous souvient-il ?, ci-haut est tiré du
recueil Tendres choses, de Rodolphe Chevrier.
On peut ICI le télécharger gratuitement.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

En 1893, dans son recueil Mélodies poétiques, Albert Ferland, qui fut actif dans
la vie littéraire et artistique du Québec d'alors, publia ce poème en hommage au
recueil Tendres choses, de Rodolphe Chevrier.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans le numéro du 10 juillet 1892 de la  revue littéraire Le Glaneur, publiée à Lévis
 par Pierre-Georges Roy, l'écrivain et membre de l'École littéraire de Montréal,
Germain Beaulieu a publié ce portrait de Rodolphe Chevrier, à l'occasion de
la sortie de son recueil de poésies Tendres choses.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans le journal Le Monde illustré du 7 mai 1892, le journaliste et poète
Amédée Denault, sous son nom de plume de Jules Saint-Elme, publia
cet hommage à Rodolphe Chevrier et à son recueil Tendres choses.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Annonce de la parution de Tendres choses
 dans le journal littéraire La Fortune, le
17 septembre 1892.

(Source : BANQ)

Acte de naissance de Rodolphe Chevrier, paroisse Notre-Dame d'Ottawa, 7 août 1868.
Il est né deux jours plus tôt. Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec le fait
erronément naître le 5 avril.

(Source : Ancestry.ca ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru le 14 février 1949 dans Le Devoir, à l'occasion du décès de Rodolphe Chevrier.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Presse, 12 février 1949.

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'image pour l'agrandir)

Le Soleil, 12 février 1949.

(Source : BANQ
)

Monument funéraire de Rodolphe Chevrier
au cimetière Notre-Dame d'Ottawa.

(Source : Canadian headstones ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
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mardi 21 mai 2019

À Monsieur A. Suzor-Coté, artiste-peintre

À gauche, Adolphe Poisson (1849-1922)
(Source : Alcide Fleury, Arthabaska, capitale des Bois-Francs, p. 138)

À droite :
Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté (1869-1937)
(Source : Suzor-Coté, Lumière et matière, p. 162)





   Ami, j'ai visité ton modeste atelier
   Où ton pinceau d'artiste a su multiplier
   Des croquis que ton rêve a fixés sur la toile :
   Profils harmonieux, fronts de vierge que voile
   L'ombre indécise et douce où se plaît ton pinceau,
   Figures de vieillards ou d'enfants au berceau,
   Nature morte à qui tu sais rendre la vie,
   Paysages nombreux qui donneraient l'envie
   D'aller rêver sous bois si mes lourds quarante ans
   Me permettaient encor les jeux de mon printemps.

   Un large pan de mur couvert de panoplies
   Étale un croisement d'armes toutes vieillies
   Que brandissaient jadis des héros endormis
   Lorsqu'ils semaient la mort parmi les ennemis. 
   Et pendant que j'admire, à l'écart tu dessines ;
   Je vois sous ton pinceau surgir des bécassines
   Pantelantes encor sous le plomb du chasseur,
   Vivantes à tromper les yeux du connaisseur.
   Pour attirer bientôt tes mains jamais oisives,
   Un lit qui nous surprend par ses formes massives
   Attend là dans son coin. Je salue en passant 
   Une horloge qui dut sonner l'an mil six cent.

   Plus loin, un vieux rouet, désormais immobile, 
   Attend pour se mouvoir le pied frêle et débile
   Des femmes d'aujourd'hui. Ce coin, c'est le passé
   Déjà si loin de nous, où l'on voit entassé
   Ce que le temps hâtif rejette hors de mode,
   Mais dont, moins dédaigneux, le peintre s'accommode.

   Ces antiques objets, par tes soins réunis, 
   Revivront sur la toile, embellis, rajeunis
   Par les vives couleurs de ton pinceau magique.
   Mais soudain j'aperçois une chère relique,
   Portrait de grand-maman qu'un jour je t'ai porté
   Pour rafraîchir un peu son teint de vétusté. 
   Depuis plus de six mois, tourné vers la muraille,
   Ce pauvre cadre attend qu'une main le travaille.

   Mais toi, sollicité par maints projets nouveaux,
   Tu promènes ton rêve par monts et par vaux.
   Et comme un coeur d'artiste, hélas ! n'est pas de roche,
   Du portrait délaissé craignant un doux reproche,
   À regarder le mur tu l'auras condamné
   Afin de ne pas voir son regard chagriné ! 

                                      Adolphe Poisson (1890)




Tiré de : Adolphe Poisson, Sous les pins, Montréal, Librairie Beauchemin, 1902, p. 177-179. 

Pour en savoir plus sur Adolphe Poisson, voyez la notice biographique et les documents sous son poème L'hospitalité du poète. D'Adolphe Poisson, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Aux défenseurs oubliés de la Patrie et L'envie

Pour en savoir plus sur Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, cliquer ICI

Dans l'album Suzor-Coté, Lumière et matière, on peut notamment lire, en page 42 : 


« Les Poisson constituent sans doute l'autre groupe familial qui aura le plus d'importance dans la vie de Suzor-Coté. Édouard-Modeste Poisson, arrivé en 1851, est le premier médecin de la localité et le père d'Adolphe Poisson et de Roméo Poisson. L'avocat Adolphe Poisson, surnommé "le barde d'Arthabaska", cumule les fonctions de "régistrateur et poète". Son recueil de poèmes, Sous les pins, publié en 1902 et orné de vignettes dessinées par Henri Julien, rassemble des textes inspirés, entre autres, par des événements et des lieux associés à Arthabaska. Son frère Roméo, compositeur et musicien, est l'organiste de la paroisse. Il épousera Alice, soeur de Suzor-Coté ». 

On disait de Suzor-Coté qu'il se caractérisait par son entrain, sa désinvolture et son esprit de liberté. Ses derniers moments furent typiques de sa vie mouvementée, comme on peut le lire en page 318 du même album : 

« Renaud Lavergne raconte les derniers jours du malade et, en particulier, la cérémonie des derniers sacrements qui fut des plus animées, à l'image de l'artiste. L'extrême-onction fut interrompue par une chasse au perroquet. L'oiseau, qui vivait en liberté dans l'appartement, vint se poser sur la tête du prêtre au moment où il récitait la prière des mourants. Jacasseries, cris de douleurs et coups de balai marquèrent la dernière sortie de Suzor-Coté ». 


Le poème À Monsieur A. Suzor-Coté,
artiste-peintre
, est tiré de Sous les pins,
recueil d'Adolphe Poisson paru en 1902.
Un unique exemplaire de l'édition originale
est encore disponible, voyez ICI.
On peut aussi le consulter ou le
télécharger gratuitement ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Adolphe Poisson
dans son recueil Sous les pins.

(Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Ce dessin du peintre et dessinateur Henri Julien orne le poème
présenté ci-haut dans le recueil Sous les pins, d'Adolphe Poisson.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le peintre Suzor-Coté à 31 ans (1900)

(Source : Suzor-Coté, Lumière et matière, p. 90)

Suzor-Coté, Autoportrait 1896-97,
dans Suzor-Coté, Lumière et matière, p. 33)

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Suzor-Coté, Matinée d'été, Arthabaska, 1909,
dans Suzor-Coté, Lumière et matière, p. 190.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Suzor-Coté, Rivière Nicolet, Arthabaska, 1907.

(Source : Wikipedia)

Maison d'Adolphe Poisson, au 55 rue Laurier ouest, à Arthabaska.
C'est là qu'il a composé les poèmes de son recueil Sous les pins.

(Source : Street View ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Maison natale de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, au 846 des Bois-Francs,
à Arthabaska. On aperçoit à l'arrière une partie de l'atelier où l'artiste-
peintre produisit plusieurs œuvres. La maison du poète Adolphe Poisson
est à quelques minutes à pied.

(Source : Patrimoine culturel Québec ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Adolphe Poisson et Suzor-Coté reposent tous deux au cimetière d'Arthabaska,
à l'ombre de l'église paroissiale dont le peintre a contribué à la décoration..
À gauche, monument funéraire d'Adolphe Poisson (Photo : René Girard, 9 août 2018).
À droite, celui de Suzor-Coté (Photo : Daniel Laprès, 5 août 2016)

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
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