lundi 27 mai 2019

En excursion

Amédée Denault (1870-1939)

(Source : BANQ)



               À MON AMI RODOLPHE CHEVRIER


   C'est fait, nous partons, la locomotive
   A jeté dans l'air son bruyant adieu ;
   C'est moins du regret la note plaintive
   Qu'un long cri d'espoir qui monte vers Dieu.

   Dans les bruits confus, cette voix s'égare
   Qui me répétait ses souhaits joyeux.
   Déjà nous filons, et là-bas la gare
   Fuit et disparaît bientôt à nos yeux. 

   Puis, dans le lointain le clocher s'efface.
   J'interroge en vain l'horizon brumeux :
   Rien n'apparaît plus et mon oeil se lasse ;
   Mon coeur, un instant, se sent malheureux.

   Mais, de plus en plus avide d'espace, 
   Le dragon de feu s'élance en avant : 
   Moins rapide en l'air est le trait qui passe,
   Moins vif est l'oiseau, moins vite le vent.

   Non, rien ne dépasse, en sa course folle,
   L'ardente machine aux poumons d'airain.
   Seule ma pensée au terme s'envole,
   Plus rapide encor, libre de tout frein.

   Mais enfin, l'on touche le but du voyage, 
   Enfin nous voilà près d'hôtes charmants,
   Et la sympathie est bientôt le gage
   D'un plaisir exquis, de bien doux moments.

   Trop vite à mon gré, les heures s'écoulent,
   Car j'ai trouvé tout, plaisir et bonheur, 
   Loin du train joyeux et du bruit des foules,
   Dans l'intimité d'un fidèle coeur.

   Indicible joie, en terre étrangère,
   J'ai cru rencontrer, de par mon chemin,
   Un sincère ami qui me traite en frère
   Et m'ouvre son coeur en pressant ma main !

   Hélas ! du départ déjà sonne l'heure,
   On ne peut plus longtemps jouir ici-bas !
   Mais va ! ma pensée avec vous demeure,
   Je me souviendrai... ne m'oubliez pas !

                       Amédée Denault* (mars 1888)



Tiré de : Amédée Denault, Lueurs d'aurore, Montréal, Maison de la Bonne presse, 1894, p. 57-59.

*  Amédée Denault est né le 14 septembre 1870 à Saint-Timothée de Beauharnois, de Gédéon-Benjamin Denault, cultivateur et maître d'écluse, et de Delphine Coursolles. Il fit ses études primaires à l'école des Clercs de Saint-Viateur de son village natal et, de 1882 à 1889, ses études classiques au Collège de Montréal. Élève brillant, il se classa premier au concours du baccalauréat ès lettres et obting la médaille du gouverneur général. Il étudia le droit à l'Université Laval à Montréal et y devint bachelier. Mais il ne pratiqua jamais la profession d'avocat.
   Dès 1887, à l'âge de 17 ans, il collabora à divers journaux et revues, dont La Revue canadienne, La Minerve, La Patrie, L'Action catholique, La Feuille d'érable. En 1892, il devint directeur du Monde illustré. La même année, il dirigea la revue Le Glaneur - Recueil littéraire des jeunes, née de la fusion du Glaneur fondé à Lévis par Pierre-Georges Roy et du Recueil littéraire, de Montréal. En 1893, il fonda le journal La Croix de Montréal. À partir de 1896, il collabora au journal Le Pionnier, de Sherbrooke, qui s'installa à Montréal de 1899 à 1902. En 1906, à Nominingue, il fut nommé secrétaire de la Coopérative des colons du Nord, dont il prit la direction de l'hebdomadaire, L'Ami du colon, qu'il renomma Le Pionnier en 1907. 
   En 1895, il assista à la fondation de l'École littéraire de Montréal, dont il devint membre en 1898.
 En 1897, il fut nommé directeur de la Société générale de colonisation, puis devint, en 1905, président de l'Association des journalistes canadiens-français. 
   En 1912, il fut l'un des organisateurs et secrétaires du Premier congrès de la langue française, tenu à Québec.
   Il quitta le journalisme en 1931 pour devenir fonctionnaire municipal. 
   Il est l'auteur d'un recueil de poésies, Lueurs d'aurore, paru en 1894, dont l'un des poèmes fut couronné au grand concours de l'Académie littéraire et musicale de France.
  Selon l'ouvrage Pseudonymes canadiens, de Francis-J. Audet et Gérard Malchelosse, Amédée Denault a signé plusieurs articles de divers pseudonymes : H. Anbois ; Théo. d'Auze ; Gaston Dutaillis ; Jehan Dutaillis ; René-Gigot Dutanel ; Paul Duvert ; Marcassin ; Marc Hassin ; Jean Lafond ; Jean-E. Laissepoire ; Frid-Olin ; Municipo ; L'Observateur ; Pat-Riott ; Jules Saint-Elme ; Jean Sarment.
   Amédée Denault est mort à Québec le 22 avril 1939 et a été inhumé à Beloeil. Le 27 août 1895 à Beloeil, il avait épousé Marie-Alda Bernard. 
(Sources principales : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1, 1980, Montréal, éditions Fides, p. 462 (dont l'entrée sur Amédée Denault est truffée d'erreurs) ; Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 139 ; Biographi.caLe Devoir, 2 mai 1939). 

Pour en savoir plus sur Amédée Denault, cliquer ICI


Lueurs d'aurore, recueil d'Amédée Denault
d'où est tiré le poème En excursion, ci-haut.
On peut télécharger gratuitement
le recueil ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dans La Patrie du 14 janvier 1895, Robertine Barry,
première femme journaliste du Québec, a commenté
le recueil Lueurs d'aurore, d'Amédée Denault. Son 

nom de plume dans La Patrie était "Françoise".

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Amédée Denault en 1901.

(Source : BANQ)

Hommage du journaliste Omer Héroux dans Le Devoir du
24 avril 1939, à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans Le Soleil du 24 avril 1939 à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Première partie du témoignage, paru dans Le Devoir du 2 mai 1939, du
journaliste Ernest Bilodeau, à l'occasion de la mort d'Amédée Denault.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Deuxième partie de l'article paru dans Le Devoir du 2 mai 1939.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 24 avril 1939

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Tribune, Sherbrooke, 29 avril 1939

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire