Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) et Nérée Beauchemin (1850-1931) |
À MONSIEUR LOUIS-H. FRÉCHETTE
Lorsque la voix de Philomèle
Fredonne dans l'air embaumé,
Les primeroses, pêle-mêle,
S'ouvrent aux chauds rayons de mai.
Rêveuses amantes des brises,
Leurs fleurs, que flétrirait l'hiver,
Se réveillent, toutes surprises,
Sous les baisers du printemps vert.
La sève odorante, vermeille,
Aux cimes de l'arbre qui dort,
Et sur l'églantier qui sommeille,
Flotte en bouquets de pourpre et d'or.
Tout refleurit. Le vent caresse.
Les forêts, pleines de chansons,
Donnent des sourires d'ivresse
Aux sources pleines de frisson.
Ainsi, dans ces jours où le givre,
Aux lueurs des couchants rougis
D'une vague teinte de cuivre,
Brode les vitres du logis,
Mes strophes, humbles primevères,
Aux sons de votre luth ami,
Malgré les vents froids et sévères,
Relèvent leur front endormi.
Elles entr'ouvrent leurs corolles
Rougissantes d'un doux émoi !
Que le parfum de leurs paroles
Vous parle quelquefois de moi !
Nérée Beauchemin (Yamachiche, 20 janvier 1879)
RÉPONSE
À MONSIEUR NÉRÉE BEAUCHEMIN
SONNET
J'aime à gravir les monts sauvages, le matin,
À l'heure harmonieuse et pleine de mystère
Où le brouillard des nuits, rafraîchissant la terre,
Perle en bruines d'or au feuillage du thym.
Et si, du fond du val, quelque timbre argentin,
Soudain dans l'air sonore éclate solitaire,
Toutes les autres voix pour moi semblent se taire,
Et j'écoute ravi la chanson du lointain.
Poète, ouvre joyeux l'aile de ton génie !
Chante ! ton chant si pur rompt la monotonie
Des vulgaires accents du concert banal ;
Et moi ― dont le soleil à l'horizon décline ―
Je veux monter souvent sur la sainte colline
Pour entendre de loin ton refrain matinal !
Louis-H. Fréchette (Lévis, 28 janvier 1879)
Tiré de : Revue de Montréal, troisième année, volume troisième, 1879, p. 62-63.
De Nérée Beauchemin, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Une sainte; Sapin de Noël; France. Et de Louis-H. Fréchette : Le Matin (cliquer sur les titres).
La correspondance poétique, ci-haut, est tirée du troisième tome de la Revue de Montréal. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Exemplaire du recueil Patrie intime, de Nérée Beauchemin, spécialement imprimé pour Louis-Georges Godin (1897-1932), médecin et écrivain de Trois-Rivières, et dédicacé à son intention de la main du poète. Louis-Georges Godin était l'oncle de l'ancien ministre et poète Gérald Godin. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
En 1887, Louis-H. Fréchette avait préfacé la deuxième édition du recueil Merlin, de la poétesse française Louise d'Isole (nom de plume d'Adine Riom). La couverture de cet exemplaire ayant appartenu à Fréchette porte la signature du poète lévisien. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Nérée Beauchemin a composé sa missive poétique à son ami Louis-H. Fréchette dans sa maison située à Yamachiche, sur la rue Sainte-Anne au coin de la rue Nérée-Beauchemin. Fréchette aimait y séjourner pour des échanges poétiques avec son ami Beauchemin. (Photo : Daniel Laprès, 2016 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Maison natale de Louis-H. Fréchette, au 4395 rue Saint-Laurent, à Lévis. Elle est de nos jours un lieu d'activités culturelles et comporte un musée. Informations ICI. |
Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire