Jules Tremblay (1879-1927) (Source : CRCCF) |
La voix de la plaine
De mystère est pleine
Au déclin du jour.
Quand elle soupire
Avec le zéphyre
Un secret d'amour,
Que de folles choses
Entendent les roses
Au sein du buisson.
Si le coeur écoute,
Souvent il redoute
L'étrange leçon.
La voix de la brise
Au rocher se brise
Comme en un sanglot ;
Et sa morne plainte,
D'alarmes empreinte,
Épanche son flot.
Quand revient l'automne
La brume festonne
Le linceul des bois.
On entend les fauves
Sous les arbres chauves
Courir aux abois.
La voix des tempêtes
Frappant les arêtes
Clame ses discords.
Sa rage brutale,
Aux moissons fatale,
Redouble d'efforts.
Son sifflement rauque
Passe en la nuit glauque
Des cieux assombris.
En bruyantes vagues
Les tourbillons vagues
Poussent des débris.
La voix des Névades
En fières bravades
Nargue les humains.
Elle attire au piège
Plus d'un long cortège
Qui bat les chemins.
Des spectres livides
Aux chasseurs avides
Inspirent l'horreur.
Et, dans les nuits froides,
Des cadavres, roides,
Jettent la terreur.
Jules Tremblay* (1908)
Tiré de : Jules Tremblay, Des Mots et des Vers, Montréal, éditions Beauchemin, 1911, p. 95-99.
* Fils de Rémi Tremblay, journaliste et écrivain, et de Julie Lemieux, Jules Tremblay est né à Montréal le 5 juillet 1879. Après ses études au Collège Notre-Dame et à l'École normale Jacques-Cartier, il débuta sa carrière de journaliste en 1896, en collaborant aux quotidiens Le Canada français, de Saint-Jean-sur-Richelieu, et La Presse. Par la suite, il fut rédacteur aux journaux Le Temps, Le Devoir, La Justice (Ottawa), La Patrie.
Il participa à divers mouvements sociaux et littéraires de Montréal et d'Ottawa, ayant été, tour à tour, secrétaire de l'Association canadienne-française d'éducation de l'Ontario, président de l'Alliance française d'Ottawa, de la Canadian Authors Association et du Bureau d'administration de la Bibliothèque municipale d'Ottawa. Il termina sa carrière comme traducteur de l'ordre du jour de la Chambre des communes.
Fort estimé comme animateur culturel, il entra, en 1909, à l'École littéraire de Montréal dont il fut le secrétaire. Il fut également, entre de multiples autres fonctions, secrétaire du Conservatoire national de diction et d'élocution, du comité de fondation et de promotion de l'Hôpital Sainte-Justine, du comité de publicité du Monument Dollard et de la Société nationale de gymnastique. Il a aussi été secrétaire général du Conservatoire royal de musique de Montréal. Quelques jours avant sa mort, Jules Tremblay apprenait que l'Académie française lui décernait le titre d'officier.
Il a notamment publié : Des Mots, des Vers (poésie, 1911) ; Le français en Ontario (1913) ; Une opinion sur la littérature canadienne-française (1913) ; La sépulture d'Étienne Brûlé (1915) ; Du Crépuscule aux Aubes (poésie, 1917) ; Les Ferments (poésie, 1917) ; Arômes du terroir (poésie, 1918) ; Les ailes qui montent (poésie, 1918) ; La vente de la poule noire (1920) ; Trouées dans les novales (1921) ; Nos lettres (1921) ; Sainte-Anne d'Ottawa : un résumé d'histoire, 1873-1923 (1925).
Il a notamment publié : Des Mots, des Vers (poésie, 1911) ; Le français en Ontario (1913) ; Une opinion sur la littérature canadienne-française (1913) ; La sépulture d'Étienne Brûlé (1915) ; Du Crépuscule aux Aubes (poésie, 1917) ; Les Ferments (poésie, 1917) ; Arômes du terroir (poésie, 1918) ; Les ailes qui montent (poésie, 1918) ; La vente de la poule noire (1920) ; Trouées dans les novales (1921) ; Nos lettres (1921) ; Sainte-Anne d'Ottawa : un résumé d'histoire, 1873-1923 (1925).
Jules Tremblay est mort à Ottawa le 28 novembre 1927. Il était l'époux de Blanche Carter.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 357).
Pour en savoir plus sur Jules Tremblay, voyez ICI le vibrant hommage que lui rendit Séraphin Marion à l'occasion de son décès.
Nérée Beauchemin composa quant à lui ce poème en son hommage :
Tiré de : Armand Guilmette, Nérée Beauchemin, son oeuvre, édition critique, Montréal, Les Presses de l'Université du Québec, 1973, p. 157-158.
Nérée Beauchemin composa quant à lui ce poème en son hommage :
JULES TREMBLAY
L'idéal pour lequel il vécut sa vie,
Le rêve dont le noble artiste fut hanté,
L'oeuvre que jusqu'au ciel son âme a poursuivie,
Oh ! ce fut l'idéal de pure beauté.
Et quand la sombre mort dont parle l'Évangile,
Prompte comme l'éclair qui sillone la nuit,
D'un coeur étincelant fit éclater l'argile,
La Camarde avait cru que tout était détruit.
Le corps était gisant. Mais l'âme solitaire,
Qui dès l'aube montait vers le Vrai, vers le Beau,
Avait déjà franchi les cercles du mystère,
D'un seul coup d'aile, sans passer par le tombeau.
Sous les voûtes d'azur où la Vierge est assise,
Dans la lumière d'or où, parmi les élus,
Les fils glorifiés de Saint François d'Assise
Jouissent d'un bonheur qui ne finira plus.
Par leurs chants les plus doux, par leurs plus belles proses,
Le poète et l'aède aux stigmates vermeils
Rediront à la Vierge, à la Rose des roses,
La divine splendeur du Soleil des soleils.
Nérée Beauchemin, 11 décembre 1927
Tiré de : Armand Guilmette, Nérée Beauchemin, son oeuvre, édition critique, Montréal, Les Presses de l'Université du Québec, 1973, p. 157-158.
Des Mots et des Vers, recueil de Jules Tremblay d'où est tiré le poème Les Névades, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Jules Tremblay au poète Nérée Beauchemin dans son recueil Les Ferments (1917). On y lit : « Au poète Nérée Beauchemin, un pionnier vaillant de la muse canadienne. Hommage admiratif de Jules Tremblay ». (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Article de La Presse sur la mort de Jules Tremblay, le jour du décès de celui-ci, le 28 novembre 1927. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Article paru dans Le Devoir le 29 novembre 1927, lendemain de la mort de Jules Tremblay. L'auteur est le journaliste Omer Héroux. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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