Marie Ratté (1904-1961) (Source : Pierre Ratté, son neveu et filleul) |
On dit, mais je ne puis le croire,
Qu'un jour vient où le coeur est las
D'espérer, et qu'en sa mémoire
Il n'est plus de parfums, hélas !
Se peut-il que nos rêves meurent,
Chers esquifs emportés soudain ;
Que longtemps nos âmes les pleurent
Sans retour d'autre lendemain ?
Se peut-il que notre jeunesse
Ait un soir comme le printemps
Et que vaine soit notre ivresse
Comme un souffle des autans ?
Se peut-il qu'une onde glacée
Préside aux destins du réel ?
― Où vas-tu, heure cadencée
Où tout chante un hymne immortel ?
Hélas ! si ma pauvre âme ardente
Doit un jour pleurer et souffrir,
Venez à l'heure confidente
Me consoler, ô souvenirs !
Faites vibrer avec tendresse
Encore mon luth éperdu,
À vous ma dernière caresse
Si l'espoir doit être perdu.
Marie Ratté* (1928)
Tiré de : Marie Ratté, Au temps des violettes, Beauceville, L'Éclaireur Limitée, 1928, p. 72-73.
* Marie Ratté est née le 15 mai 1904 à Notre-Dame-de-la-Baie-des-Sables (aujourd'hui Baie-des-Sables, dans la région de Matane), de Ferdinand Ratté, cultivateur, et de Gratia Larose. Elle fit ses études à l'école de sa paroisse natale et compléta sa formation à l'École normale de Rimouski dirigée par les Ursulines, où elle obtint un brevet-modèle le 17 juin 1921.
Elle entra chez les Carmélites de Montréal en 1921, mais quitta la communauté en 1923. Elle enseigna à Saint-Damase (comté de Matapédia) de 1924 à 1930. Professeure de français dans diverses écoles de New-York de 1930 à 1960, elle interrompit son enseignement en 1936 pour aller à Paris, où elle se perfectionna à la Sorbonne.
Membre de la Société des Poètes canadiens-français à partir de 1934, elle collabora sporadiquement, sous la direction de « Ginevra », aux pages féminine et littéraire du quotidien Le Soleil. Outre son recueil de poésies Au temps des violettes (1928), elle publia un roman, Les Fils de Mammon (1939).
Rentrée au Québec en 1960, Marie Ratté est décédée à la Baie-des-Sables le 7 juillet 1961.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 103).
Au temps des violettes, recueil de Marie Ratté d'où est tiré le poème Si l'espoir... (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Marie Ratté dans son recueil Au temps des violettes. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dans son livre Paragraphes, paru en 1931, le grand poète Alfred DesRochers a fait une critique élogieuse du recueil Au temps des violettes, de Marie Ratté. Il écrit notamment : « Voilà un exercice réussi de main de maître. [...] Reconnaissez à Mlle Ratté un savoir de son métier peu ordinaire ». (Cliquez sur l'image pour l'agrandir) |
Vue aérienne de Baie-des-Sables, dans la région de Matane, où est née Marie Ratté en 1904 et où elle est morte en 1961. (Source : Municipalité de Baie-des-Sables ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Marie Ratté, vers les années 1930, photo par Amos Carr, de Hollywood. (Source : gracieuseté de M. Pierre Ratté, neveu et filleul de la poétesse ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Marie Ratté vers les années 1940-50. (Photo : gracieuseté de M. Pierre Ratté, neuve et filleul de la poétesse ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Marie Ratté, devant le buste de Le Nôtre au Jardin des Tuileries, à Paris, probablement en 1936, lorsqu'elle séjourna dans cette ville pour étudier à la Sorbonne. (Photo : gracieuseté de M. Pierre Ratté, neveu et filleul de la poétesse ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le décès de Marie Ratté, suite à un cancer, a eu lieu dans la discrétion ; on ne trouve que cette brève mention dans Le Progrès du Golfe du 21 juillet 1961. (Source : BANQ) |
Marie Ratté repose au cimetière de son village natal de Baie- des Sables, près de Matane, sur les bords du golfe du Saint-Laurent. (Photo : gracieuseté de Mme Hélène Bernier) |
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RépondreSupprimerJe suis très touchée de découvrir cette femme de lettres du Québec
Nulle doute, c'est une déesse grecque (mythique)!
RépondreSupprimersalutations poétiques du poète écrivain ahcene mariche
RépondreSupprimerL’ESPOIR PLAINTIF
J’ai vu la lumière s’éteindre ;
Le noir qui suivit m’en a privé.
Et l’espoir se met à geindre
Par l’amertume, il sera gavé.
C’est fait ; il vient d’atteindre
Ce qu’il haï ; sage, vous savez.
J’ai vu se résigner l’espoir ;
L’espérance en lui, est éteinte.
Sans lui que peut bien vouloir
L’homme que domine la contrainte ?
Stressé et sans rien vouloir ;
Il tombe dans l’angoisse et la crainte.
Le bonheur qui nous attendait,
Patiemment, nous tendait la main.
Finalement par ses mains vidées,
Il devint pauvre le lendemain.
Et les gens qu’il regardait,
Vers lui, a perdu le chemin.
Le parcours de la vie, en vérité,
De tant de dédales, est parsemé.
On les rencontre en tout côté ;
Malheureux l’homme aux yeux fermés.
S’il est privé de santé
Y restera tout désarmé.
La vie est une échelle qu’on arpente ;
En haut les biens sont conservés.
Et tout humain qui n’y monte
Ne pourra rien observer.
Là-bas, les richesses sont abondantes.
Homme, monte pour y arriver !
Ahcene MARICHE
http://ahcenemarichelepoete.centerblog.net/