jeudi 9 avril 2020

Optimisme

Reine Malouin (1898-1976)

(Source : BANQ)




   Le jour est froid et dur, et mortes sont les roses ;
   Le ciel pâle est buté, les oiseaux sont sans voix ;
   La nature vieillie atteinte de sclérose,
   Crisse et gémit partout sous les pieds et les doigts.

   L'Espace est un malade enveloppé d'ouate ;
   Le jour, blond Esculape aux gestes de velours,
   Sur la tempe du temps met sa main délicate,
   S'efforçant d'alléger tous les moments trop lourds.

   Que de fois j'ai vécu de semblables journées,
   Avec un cœur plaintif, intoxiqué d'ennui...
   Mais un être est venu changer ma destinée,
   Transformer en clartés les ombres de ma nuit.

   Que le ciel soit houleux, précurseur de tempêtes,
   Que deux yeux étoilés s'éclipsent par instant,
   Je sais que les retours, à présent, sont des fêtes,
   Et je sais que demain ce sera le printemps. 

                                      Reine Malouin* (1939)




Tiré de : Reine Malouin, Les murmures, Québec, 1939, p. 91.

* Reine Malouin est née à Québec le 2 février 1898, de Jean Voiselle, ouvrier de la chaussure, et de Rosa Lemieux. Elle fit sa scolarité au couvent Saint-Jean-Baptiste de Québec et suivit quelques cours privés. Durant trois ans, elle fréquenta, en soirée, les cours de littérature d'Auguste Viatte à l'Université Laval. 
   Sa carrière littéraire débuta en 1936, alors que son Recueil de poèmes à forme fixe lui valut, à Paris, le grand prix de l'Académie de la ballade française ; ce recueil de vingt-cinq poèmes fut incorporé dans le premier volume de poésies qu'elle publia, Les Murmures, en 1939. Elle obtint en 1940 un diplôme d'honneur au concours du National Poetry Center, à l'occasion de l'Exposition universelle de New-York. En 1941, l'Université Laval lui décerna le prix Raymond-Casgrain.
  Elle collabora à divers journaux et périodiques, dont les revues Poésie, qu'elle dirigea de 1966 à 1973, et Vie française, L'Événement, Le Journal, Le Bulletin des agriculteurs, L'Œil, Alerte, Amica. Elle écrivit également de nombreux sketches pour la radio.
  Elle est l'auteure de plusieurs volumes, dont des recueils de poésies, des romans, un recueil de nouvelles, des pièces de théâtre et quelques essais. Elle a aussi publié un récit de voyage, Haïti ou l'île enchantée (1940), et deux ouvrages historiques, La seigneurie Notre-Dame-des-Anges (1955) et Charlesbourg 1600-1946 (1974). (Voir ICI la liste complète de ses ouvrages)
  En 1948, elle fut nommée représentante de la Société poétique de France. En 1953, elle se vit octroyer une maîtrise es lettres, premier prix et médaille Victor-Hugo, de l'Académie des poètes classiques de France. L'année suivante, à Paris, elle fut faite chevalier de l'Ordre du mérite poétique. Le gouvernement d'Haïti lui décerna le titre d'officier de l'Ordre Honneur et Mérite. Membre de l'Académie canadienne-française, de la Société des poètes canadiens-français (dont elle fut présidente de 1971 à 1974), de la Société historique de Québec, de la Société canadienne d'histoire de l'Église catholique dont elle fut la présidente, elle reçut en 1967 un des prix littéraires du Centenaire et le prix de poésie du Maurier pour son recueil Mes racines sont là. Elle fut également présidente de l'Institut Camille-Roy et des éditions Ferland. 
  Elle œuvra également au sein de diverses sociétés et organismes nationalistes, tels le Conseil de la vie française en Amérique, la Société du Bon parler français et la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec.
  Elle avait fondé, avec Germaine Bundock, la Société littéraire et musicale du Moulin à vent.
  Reine Malouin est morte à Québec le 11 mars 1976. Elle avait épousé Adalbert Malouin le 11 septembre 1926. 
  Au cours des mois suivant son décès, la Société d'études et de conférences de Québec institua le prix littéraire Reine-Malouin. En 1981, la Commission de toponymie du Québec nomma Mont Reine-Malouin une élévation située dans le quartier Bourg-Royal de l'arrondissement Charlesbourg, à Québec. La salle d'exposition de la bibliothèque Paul-Aimé Paiement, de Charlesbourg, porte également son nom.
(Sources : Marie-Paule Desjardins, Dictionnaire des femmes célèbres et remarquables de notre histoire, Montréal, éditions Guérin, 2007, p. 496-487 ; Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 735 ; Le Soleil, 29 avril 1976).


Pour qui veut découvrir l'œuvre littéraire de Reine Malouin, on trouve ICI plusieurs de ses livres à prix économique et en très bon état.


Les Murmures, recueil de Reine Malouin
d'où est tiré le poème Optimisme, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Reine Malouin est l'auteure d'une monographie
La seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Cet
exemplaire porte sa signature manuscrite.

(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le Mont Reine-Malouin, vu depuis le boulevard Bourg-Royal, dans l'arrondissement
Charlesbourg de la ville de Québec. Reine-Malouin a longtemps habité Charlesbourg
et est l'auteure de deux monographies au sujet de cette localité.


(Source : Google Maps, capture d'écran)

Commentaire sur Les Murmures, premier recueil de poésies
de Reine Malouin, dans Le Soleil du 20 août 1939.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Reine Malouin, moins de deux ans avant son décès.

(Source : Le Soleil, 29 avril 1976)

Article paru dans Le Soleil du 29 avril 1976, quelques semaines après le décès de Reine Malouin.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La Presse, 16 mars 1976.

(Source : BANQ ; cliquer
sur l'image pour l'agrandir)

Le Soleil, 12 mars 1976.

(Source : BANQ)

Le dernier ouvrage de Reine Malouin fut publié quelques jours
après sa mort, comme le souligne Le Soleil du 16 mars 1976.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Marie-Cécile Bégin, amie de Reine Malouin, a publié ce vibrant hommage
dans Le Soleil du 3 mai 1976.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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