Olivar Asselin (1874-1937) (Source : BANQ) |
Silencieux comme les mythes,
Drapés dans leurs haillons crasseux,
Pour vagabonder sous les cieux
Les chemineaux quittent leurs gîtes.
Grave est leur port, les chemineaux,
Lente est leur marche, haute leur tête ;
Ils vont assister à la fête
Du gai Printemps et des oiseaux.
Ces grands enfants de Diogène,
Ces hommes sales, qu'ils sont beaux !
Sous leurs vêtements en lambeaux,
Dirait-on que la faim les gêne ?
Dans les villages des fourmis,
On se moquera de leur mine,
Quand ils secoueront leur vermine
Aux petits oiseaux, leurs amis.
Cependant que, sous l'herbe verte,
Dans la bohème des guérets,
Les cigales et les criquets
Chanteront d'une voix alerte :
"Les chemineaux ! cri ! cri ! cri ! cri !
"D'où venez-vous, chemineaux sales ?
"Les noirs criquets et les cigales
"Vous jettent leurs plus joyeux cri !"
Mille voix clameront en chœur :
"Des chemineaux voici la troupe !
"Ils viennent boire à notre coupe,
"Noyons dans l'ivresse leur cœur !
"Sur le pavé gris de la rue,
"Leur pied tout l'hiver a saigné.
"Ils attendaient, l'air résigné,
"Que le soleil trouât la nue.
"Ruisselets clairs et gais pinsons,
"Bleus firmaments, vertes ramures,
"Ils ont souffert : sur leurs blessures
"Versons des pleurs et des chansons".
Olivar Asselin* (1900)
Tiré de : Les Débats, Montréal, 8 avril 1900.
* Olivar Asselin est né à Saint-Hilarion (Charlevoix) le 8 novembre 1874, de Rieule Asselin, tanneur, et de Cédulie Tremblay. Il fréquenta l'école primaire de Sainte-Flavie, après quoi il fit ses études classiques au Séminaire de Rimouski, puis à Fall River (Massachusetts) où sa famille s'est établie. C'est à Fall River, en 1903, qu'il entra dans le journalisme.
Après un séjour de dix ans aux États-Unis, il s'installa en 1900 à Montréal. Il débuta dès lors une collaboration à divers journaux et périodiques et prit part, en 1899, à la fondation du journal Les Débats. Il fut également actif dans la fondation de la Ligue nationaliste et fonda, en 1904, le journal hebdomadaire Le Nationaliste, dans lequel il collabora étroitement avec Jules Fournier. Il fut également, en 1910, de l'équipe fondatrice du quotidien Le Devoir.
De 1901 à 1902, il fut secrétaire de Lomer Gouin, alors ministre et futur premier ministre du Québec. Il milita ensuite de plus en plus activement dans le mouvement nationaliste. Il se porta candidat, mais sans succès, dans Terrebonne aux élections provinciales de 1904 et dans Saint-Jacques (à Montréal) aux élections fédérales de 1911.
De 1910 à 1915, il fut courtier en immeubles. En 1913, il devint président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. En 1915, il s'enrôla dans l'armée et prit part, sur le sol de France, aux combats de la Première guerre mondiale. Il reçut alors la Légion d'honneur à titre militaire.
En 1925, il devint la cheville ouvrière du Refuge Notre-Dame-de-la-Merci, qui hébergeait des vieillards pauvres et qui avait été mis sur pied en 1915 par Achille David. Lui-même peu fortuné, Asselin donna tout l'argent qu'il pouvait à cette œuvre, pour laquelle il organisa aussi d'inlassables activités de financement, en plus de tenir une chronique dans La Presse afin de la promouvoir. Il devint membre laïc de l'Ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu, auquel il confia la direction de Notre-Dame-de-la-Merci.
Il renoua avec le journalisme en 1930, en acceptant le poste de rédacteur en chef du journal Le Canada. Il fonda les journaux L'Ordre, en 1934, puis La Renaissance, en 1935.
Olivar Asselin est mort à Montréal le 18 avril 1937. Il avait épousé Alice Le Boutillier le 3 août 1902, à L'Anse-au-Griffon (Gaspésie).
(Sources : Rex Desmarchais, France immortelle, Montréal, Éditions Libres, 1941, p. 122-129 ; Claude-Henri Grignon, Olivar Asselin, le pamphlétaire maudit, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2007 ; Marcel-Aimé Gagnon, La vie orageuse d'Olivar Asselin, Montréal, Éditions de l'Homme, 1962 ; Marcel-Aimé Gagnon, Olivar Asselin toujours vivant, Montréal, Presses de l'Université du Québec, 1974 ; Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 845 ; Hélène Pelletier-Baillargeon, Olivar Asselin et son temps, trois tomes, Montréal, éditions Fides, 1996 à 2010 ; Olivar Asselin, pourfendeur du crétinisme doré et du repos moisissant, sur le carnet-web des Glanures historiques québécoises).
Pour en savoir plus sur Olivar Asselin,
cliquer sur cette image :
En 1941, quatre ans après le décès d'Olivar Asselin,
l'écrivain Rex Desmarchais lui rendit un vibrant
hommage dans la revue La Nouvelle Relève.
Pour lire cet article, cliquer sur cette image :
Pour lire cet article, cliquer sur cette image :
Olivar Asselin en 1902. (Source : BANQ) |
Olivar Asselin à Trois-Pistoles, en 1901, avec sa fiancée Alice Le Boutillier. (Source : Marc-Aimé Gagnon, Olivar Asselin toujours vivant, Montréal, Presses de l'Université du Québec, 1974 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Olivar Asselin et Alice Le Boutillier, nouveaux mariés (1902). (Source : Hélène Pelletier-Baillargeon, Olivar Asselin et son temps, Montréal, éditions Fides, 1996) |
Olivar s'était enrôlé volontairement pour prendre part à la Première guerre mondiale sur le sol de France. Il s'en expliqua dans un discours dont il publia le texte en 1917 à Paris. Sur la couverture de cet exemplaire de la brochure, une dédicace manuscrite d'Olivar Asselin au juge Louis- Philippe Pelletier, surtout connu pour avoir présidé au procès de l'affaire Aurore Gagnon dite « Aurore l'enfant martyre », en 1920. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Olivar Asselin (Source : La Revue moderne, août 1921) |
Hélène Pelletier-Baillargeon a consacré à Olivar Asselin une monumentale biographie en trois volumes, que l'on peut encore commander dans toute bonne librairie. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Six ouvrages pour connaître la vie et la pensée d'Olivar Asselin. Le premier est une brochure publiée par le Dr Joseph Gauvreau, ami d'Asselin et militant nationaliste. Le second est une synthèse de l'oeuvre d'Asselin écrite par le philosophe et écrivain Hermas Bastien, lui aussi militant nationaliste, un an après la mort d'Asselin. Marcel-Aimé Gagnon a consacré quant à lui deux ouvrages à Asselin, une biographie parue en 1962 et une étude parue en 1974. Ces quatre premiers ouvrages sont épuisés depuis longtemps, mais peuvent encore être trouvés en librairie d'occasion. Claude-Henri Grignon, auteur du célèbre Un homme et son péché, a consacré à Asselin un ouvrage dont Victor-Lévy Beaulieu a publié en 2007 aux éditions Trois-Pistoles, sous la direction de Pierre Grignon. Enfin, les éditions Typo ont publié un recueil de textes d'Asselin sur la liberté de pensée ; le livre est toujours disponible chez l'éditeur ou dans toute bonne librairie, voyez ICI. |
En 1925, dans cet édifice délabré de la rue Saint-Paul Est, dans le Vieux-Montréal, Olivar Asselin fonda le Refuge Notre- Dame-de-la-Merci, qui hébergeait des vieillards démunis et sans soutien. Cliquer ICI pour voir cet immeuble tel qu'il paraît de nos jours. (Source : Marcel-Aimé Gagnon, Olivar Asselin toujours vivant, Montréal, Presses de l'Université du Québec, 1974 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire