Francis DesRoches (1895-1979) (Source : J-Arthur Lemay Mille têtes, 1931) C'est au sommet de la tour de l'Assemblée nationale du Québec que furent tenues, à partir de juin 1923, les premières séances de la Société des poètes canadiens-français, dont Francis DesRoches fut l'un des cinq fondateurs. |
Quand je suis fatigué des propos de la rue,
De bousculer les gens, de lever le chapeau,
D'entendre s'exclamer la foule qui se rue
Vers l'affiche nouvelle appendue au poteau ;
Quand je suis écœuré d'écouter quelqu'histoire
Que raconte aux amis un prétendu farceur
À propos d'une fille à la prunelle noire
Qui passe et qui rougit, blessée en sa pudeur ;
Lorsque mon cœur, froissé de cette indifférence
Que chaque promeneur prodigue à son voisin,
Sent le vide se faire autour de sa souffrance
Alors que la douleur sonne en lui le tocsin,
Je voudrais chaque soir, en termes ironiques,
Railler un peu ce monde où l'on mange, où l'on boit
Sans songer que la Mort aux gestes fatidiques
Est là qui nous attend... Et je rentre chez moi !...
Francis DesRoches* (1920)
Tiré de : Francis DesRoches, Brumes du soir, Québec, Imprimerie de L'Action sociale limitée, 1920, p. 73-74.
* Francis DesRoches est né à Québec le 27 août 1895, d'Odilon DesRoches, agent d'assurances, et d'Adélaïde Germain, institutrice. Il fit ses études secondaires au Collège Séraphique, à Trois-Rivières, et au Petit séminaire de Québec, puis s'inscrivit en droit à l'Université Laval. Il suivit également des cours à l'Institut sténographique Perreault, à Montréal. Il interrompit ses études pour s'engager dans l'armée durant la première guerre mondiale, mais fut réformé pour des raisons de santé.
Il entra en 1917 dans la fonction publique québécoise, d'abord comme sténo-dactylo puis comme publiciste au service du ministère de l'Agriculture, puis, en 1941, au Secrétariat de la province (aujourd'hui le ministère du Conseil exécutif), où il occupa tour à tour les fonctions de pourvoyeur, publiciste et directeur du personnel. En 1947, il prit la direction du bulletin trimestriel de la Mutuelle des employés civils du Québec. Il prit sa retraite de la fonction publique en 1965.
En 1923, avec Louis-Joseph Doucet, Avila de Belleval, Alonzo Cinq-Mars et Alphonse Désilets, il fut membre-fondateur de la Société des poètes canadiens-français et de son organe officiel, Le Message des poètes (devenu la revue Poésie en 1965), en plus d'en avoir été le président en 1948, alors qu'il en rédigea les règlements nécessaires à son incorporation. Il est l'auteur de deux recueils de chroniques, En furetant (1919) et Propos d'un rôdeur (1942), qu'il signa sous le pseudonyme de « Frandero », de deux recueils de poésies, Brumes du soir (1920) et Cendres chaudes (1963), d'un roman, Pascal Berthiaume (1932), et de Chiqu'naudes (1924), un recueil de gazettes rimées (poèmes humoristiques ou satiriques sur des faits d'actualité) qu'il signa également sous le pseudonyme de « Frandero ». Il est à noter que Chiq'naudes a été publié aux Éditions de la Tour de Pierre, qui évoque la tour du Parlement de Québec, dans laquelle furent tenues les premières séances de la Société des poètes.
En 1958, il obtint le premier prix (médaille d'or) du concours de poésie des Poètes canadiens-français, et deux mois plus tard, il remporta le troisième prix (médaille de bronze) de la Société du bon parler français.
Il fut membre de la Société des écrivains canadiens, du Comité des études et échanges internationaux «Mondo» (Rome), en plus d'avoir été délégué général pour le Québec de la Société des poètes et artistes de France. Il collabora à divers journaux et périodiques, dont au journal L'Événement, de Québec, où, de 1920 à 1948, il publia des poésies et des critiques littéraires, en plus d'y avoir été traducteur. Il fut aussi l'animateur de plusieurs revues littéraires.
Selon la critique littéraire Cécile Cloutier : « Il se sentit poète, le raconta, devint l'âme des cénacles littéraires de la vieille capitale ».
Francis DesRoches est mort à Québec le 28 novembre 1979. En juin 1921, il avait épousé Antoinette Dubois, puis en secondes noces, le 16 septembre 1972, Jeanne d'Arc Fillion.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 421 ; Université de Napierville ; journal Le Canada, 15 octobre 1952 ; Le Soleil, 29 novembre 1979).
De Francis DesRoches, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Viens voir neiger et Poing d'honneur (cliquer sur les titres).
Brumes du soir, recueil de Francis DesRoches, d'où est tiré le poème La promenade du soir, ci-haut. Le dessin de la couverture est une œuvre de Gérard Morisset. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Francis DesRoches dans son recueil Brumes du soir. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le 8 juin 1923, dans la tour de pierre du Parlement de Québec, ces cinq poètes fondèrent la Société des poètes canadiens-français. Dans le sens des aiguilles d'une montre : Alonzo Cinq-Mars, Francis DesRoches, Louis-Joseph Doucet, Avila de Belleval et Alphonse Désilets. |
Article paru dans le journal Le Canada du 15 octobre 1952, faisant état du rôle de Francis DesRoches à la fois comme fondateur de la Société des poètes en 1923, président puis rédacteurs des statuts et règlements en 1948. Il avait alors succédé à Charles E. Harpe, mort subitement à 42 ans. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Journal L'Action catholique, 15 décembre 1958. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dans Le Bien Public (Trois-Rivières) du 15 juin 1973, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de la Société des Poètes, la présidente d'alors de la Société, la poétesse Reine Malouin, a publié un article dont l'extrait ci-haut présente les fondateurs, dont Francis DesRoches. Les autres autres fondateurs mentionnés sont Louis- Joseph Doucet, Alonzo Cinq-Mars, Alphonse Désilets, qui ont tous été présentés par les Poésies québécoises oubliées (cliquer sur leurs noms). Quant à Avila de Belleval, il sera présenté sous peu. Pour l'article entier, cliquer ICI. |
Journal Le Bien public (Trois-Rivières), 15 juin 1973. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Notice nécrologique dans Le Soleil, 29 novembre 1979. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues.
Le concepteur de ce carnet-web a publié l'ouvrage en deux
tomes intitulé Nos poésies oubliées, qui présente 200 de
de nos poètes oubliés, avec pour chacun un poème, une
notice biographique et une photo ou portrait. Chaque
tome est l'objet d'une édition unique et au tirage limité.
Pour connaître les modalités de commande de cet
ouvrage qui constitue une véritable pièce de collection,
cliquez sur cette image :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire