Marie Dumais-Boissonnault (1866-1941) (Source : BANQ) |
À Mlle Marguerite du Breton,
Blois, France.
Si vous n'avez pas vu sa rive enchanteresse,
Si vous n'avez bruni sous sa rude caresse,
Vous ne comprenez pas
Ce que ressent mon cœur quand je revois la plage
Du Saint-Laurent superbe et que sur le rivage
Je marche à petits pas.
Vous ne comprenez pas ce que m'est la falaise
Où je grimpais enfant, le fleuve où seule, à l'aise,
Sur le flot écumant
Dans un canot léger, j'allais braver l'orage,
Quand l'onde est en furie et le Nordet en rage,
Tout gris le firmament.
Vous ne comprenez pas ce que chantent les vagues
Aux étoiles de mer, aux oursins et aux algues,
De leurs voix de cristal.
Cette berceuse est douce et pleine d'harmonie,
Pitoyable, elle endort à l'heure où l'insomnie
Monte à son guet brutal.
Mon fleuve, il faut le voir quand tombe la brunante :
Le soleil, effleurant sa nappe rayonnante,
La nuance à dessein ;
Saphir comme le ciel, rose comme la rose,
Avec art il copie en bleu tendre et en rose
Le céleste dessin.
Plus tard, lorsque la nuit paisible tend ses voiles,
Vous pourrez l'admirer dans une barque à voiles
Si vous allez longer
La grève aux sables fins, aux coquilles gris-perle,
Où la vague d'argent tout doucement déferle
Avec un bruit léger.
Si, pour l'admirer mieux, vous suiviez la mouette
Au sommet d'un rocher que la lame fouette
D'un choc vif et strident,
Vous verriez s'apaiser et se retirer, lasse,
Cette mer qui soupire, et se plaint, et se glace,
Ou souffle en se ridant.
Mais cette mer aimée, à quoi bon vous la peindre,
Venez la contempler, amie, et vous empreindre
De sa pure beauté ;
Dans votre enthousiasme ardent, me parlant d'elle,
Vous direz : ― « Je comprends votre culte fidèle :
C'est une Majesté ! »
Marie Dumais-Boissonnault (1902)
Tiré de : Madame Boissonnault, L'huis du passé, Montréal, 1924, p. 100-102.
Pour en savoir plus sur Marie Dumais-Boissonnault, voyez la notice biographique et les documents sous son poème Le vieux verger.
De Marie Dumais-Boissonnault, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté: Aurores boréales.
L'huis du passé, recueil de Marie Dumais- Boissonnault d'où est tiré le poème Le Saint-laurent, ci-haut. Il n'en reste qu'un seul exemplaire sur le marché en ligne, voyez ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Marie Dumais-Boissonnault dans son recueil L'huis du passé. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le fleuve Saint-Laurent face à Trois-Pistoles, où Marie Dumais-Boissonnault est née en 1866. (Source : Québec original ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le fleuve Saint-Laurent et l'île aux Basques, au large de Trois-Pistoles. (Photo : Suzanne Labrie ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le fleuve Saint-Laurent, vu depuis Trois-Pistoles. (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Coucher du soleil sur le Saint-Laurent, face à Trois-Pistoles. (Source : Gîte Maison-Mer ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques,
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