lundi 5 février 2018

Aurores boréales

Marie Boissonnault (1866-1941)

(Source : Georges Bellerive, Brèves 
apologies de nos auteurs féminins,
Québec, Librairie Garneau, 1920)




   Avez-vous admiré, par nos soirs froids et clairs,
   À travers l'empyrée un spectacle enchanteur ?
   Des obélisques d'or, mouvants, couleur d'éclairs,
              En sont les promoteurs.

   Ces colonnades vont de la mer aux nuées,
   Frôlent le mont bleuâtre et les érables verts ; 
   Dans l'azur vespéral sitôt insinuées,
              Semblent d'aspect divers. 

   On les prendrait alors pour de nocturnes hôtes,
   Convives du zénith, beau rêveur étoilé
   Qui s'ennuie à la fin dans ses demeures hautes
              Et veut batifoler...

   En danse elles s'en vont, souples et gracieuses, 
   En costume de rêve aurore et mordoré,
   Par bonheur, elles sont là-haut, silencieuses. 
              Est-ce de leur plein gré ?

   Prestement, tout à coup, comme elles sont venues,
   Toutes s'en vont ! Où donc ? Je vous le donne en vingt...
   Du levant au couchant, examinez les nues, 
             Vous chercherez en vain.

                                       ------------------

   Aurore boréale, emblème de la muse,
   Hôte chère à la nuit, altesse des hauteurs,
   Toi qui verses l'oubli, toi qui fait que l'on muse,
             Les yeux remplis de pleurs. 

   Toi qui te travestis en sirène, en bacchante
   Nelligan, plein de verve et d'amour, t'embrassait...
   Paul Morin, doux musard, te rend fine, éloquente,
             Et Gill fut un Musset

   Tu charmes le repos, la paix et le silence,
   Porteuse de trésors, avec labeur conquis ;
   Fruits du recueillement et grappes de science : 
             Partage bien acquis ! 

                               Marie Boissonnault* (1922) 




Tiré de : Madame Boissonnault, L'Huis du Passé, deuxième édition, Montréal, 1924, p. 106-107.

* Marie Dumais est née à Trois-PistolesPseudonymes : Berthe d'Iberville, Odette Montausier, Solange, Solange d'Iberville. 
Études au couvent de Bathurst, Nouveau-Brunswick. Publiciste, Maison Sears Roebuck, Montréal et États-Unis (1884). Voyage de formation en Europe (1897-1899).
Reporter et chroniqueuse pour Le Journal, Montréal
(1901-1902). Collaboratrice au Progrès du Saguenay (Chicoutimi), au Saint-Laurent (Rivière-du-Loup), au Pionnier (Lac-Nominingue) et au Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu). Traductrice au ministère des Postes, Ottawa (1915 - env. 1925). 
Auteure du recueil de poésies L'Huis du Passé, couronné par les Jeux floraux du Languedoc et par les Prix Edmond-Rostand et Leconte-de-Lisle, France (1924). Signe les paroles de Aveu (musique de Léopold Christin, 1930). Ses poèmes paraissent maintes fois dans les journaux L'Événement et L'Action catholique
Prononce de nombreuses conférences au Canada et aux États-Unis. Secrétaire de l'Association des auteurs canadiens et présidente de la Société des Poètes canadiens-français (1936). Considérée comme la première québécoise à exercer le métier de reporter. Avait épousé, en 1902, le cultivateur Lucien Boissonnault (1846-1913). 
(Source : Marie-Paule Desjardins, Dictionnaire biographique des femmes célèbres et remarquables de notre histoire, Montréal, Guérin éditeur, 2007, p. 142). 

L'Huis du Passé, recueil de poésies d'où
est tiré le poème Aurores Boréales, ci-haut.
Ce recueil est devenu très rare, mais un
exemplaire est disponible chez le libraire
Bertrand Tremblay


Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles 
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur 
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement 
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire