François-M. Derome (1821-1880) (Source : Le Répertoire national, vol. 2) |
Un nouvel an pour la patrie heureuse
Amène-t-il et repos et bonheur ?
Faut-il encore que ma muse joyeuse
Ose prédire un destin sans douleur ?
Des jours mauvais dois-je pleurer le nombre,
Quand les plus beaux arrivent au déclin ;
Ou bien chanter un avenir moins sombre,
Pour chaque jour un meilleur lendemain ?
Non, le bonheur, ni les chants qu'il inspire,
N'existe point où meurt la liberté :
De l'oppresseur il déserte l'empire ;
Il vit aux lieux où règne l'équité.
La tyrannie, infestant nos rivages,
A tout courbé sous l'effort de sa main ;
Et le bonheur a fui vers d'autres plages !...
N'aura-t-il plus pour nous de lendemain ?...
Pourquoi l'encens à ce pouvoir impie
Qui foule aux pieds ses devoirs et nos droits,
Enveloppant notre jeune patrie
Dans le réseau de ses iniques lois ?
Non, d'une ligue injurieuse, infâme,
Laissons sévir le courroux inhumain ;
Et que chacun dise au fond de son âme :
Le peuple aura un jour son lendemain !
D'un pôle à l'autre étendant son domaine,
L'Anglais jaloux convoite l'univers,
Portant l'effroi du glaive qu'il promène
Aux nations de vingt pays divers.
Sans nul remords il opprime ses frères,
Ainsi qu'a fait le grand peuple romain ;
Et, comme lui, centuplant nos misères,
Il a bravé l'arrêt du lendemain.
Un fier baron, plein d'une étrange audace,
A dit de nous : « En nos mains est leur sort ;
« Des Canadiens* frappons l'ignoble race ;
Nous, les vainqueurs, nous vivrons de leur mort ! »
Noble Thomson ! ton erreur est profonde !
Qui t'a donné ce pouvoir souverain ?...
C'est l'équité, non la haine, qui fonde,
Et la justice aura son lendemain !
Amis, longtemps de fatales années
Ont obscurci notre horizon vermeil ;
Viendront enfin de belles destinées,
Un jour plus pur, un plus brillant soleil.
Un peuple bon, grandi dans la souffrance,
Fort de ses droits, ne gémit pas en vain.
Son âme s'ouvre à la douce espérance
Qui lui présage un heureux lendemain.
François-M. Derome (1841)
Tiré de : Le Répertoire national, volume 2, Montréal, J. M. Valois et Cie Libraires-Éditeurs, 1893, p. 205-206.
Pour en savoir plus sur François-M. Derome, cliquer ICI.
* À l'époque où Derome écrivait ce poème, les « Canadiens » étaient les descendants du peuple de la Nouvelle-France, soit les Québécois de souche française d'aujourd'hui.
Pour en savoir plus sur François-M. Derome, cliquer ICI.
Le volume 2 de l'édition de 1893 du Répetoire national, d'où est tiré le poème Le lendemain, de François-M. Derome. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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