Eva Senécal (1905-1988) (Source : P. de Granpré, Histoire de la littérature française du Québec, tome 2) |
Si tu veux, nous fuirons au bois, loin du vulgaire,
Pour y voir reverdir les arbres dégarnis.
Le soir apaisera nos deux âmes de guerre
Et bercera nos coeurs à la chanson des nids.
Les oiseaux se feront la cour dans les érables,
Petits couples grisés de printemps et d'odeur ;
Les femelles auront des poses adorables,
Empreintes d'abandon, d'amour et de candeur.
Nous écouterons l'eau qui descend des montagnes,
Avec un bruit de fifre et de gais tambourins,
Et nous observerons le réveil des campagnes,
Du regard réfléchi et grave des marins.
Nous verrons le soleil s'endormir, pour renaître
Dans une apothéose ardente de rayon,
Les troupeaux qui s'en vont dans les plaines pour paître,
Le pasteur invoquant l'enfant Septentrion.
Les nymphes, que le jour de ses reflets attire,
Feront des signes ronds sur l'écorce des bois,
Afin d'orienter l'impétueux satyre
Qu'elles agaceront de reculs et d'effrois.
Tous deux nous bâtirons en secret notre gîte,
À l'ombre des sapins, au penchant des côteaux.
Plein d'un sage mépris pour tout ce qui s'agite,
Nous aurons, ce printemps, la paix des végétaux.
Eva Senécal (1929)
Tiré de : Eva Senécal, La course dans l'aurore, Sherbrooke, Les Éditions de La Tribune, 1929, p. 107-108.
Une biographie d'Eva Senécal est toujours disponible sur commande chez votre libraire ; voyez ICI. Sur le premier recueil de poésies publié par Eva Senécal en 1927, voyez ICI l'analyse de Jean-Louis Lessard, du blogue Laurentiana.
Le recueil La course dans l'aurore, d'Eva Senécal, d'où est tiré le poème Sagesse. |
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