Jacqueline Francoeur (1904-1995) (Source : sa petite-fille Hélène Francoeur) |
Ce fut un soir unique aux heures de magie !
Dans le sombre jardin, d'innombrables bougies,
Tremblantes, accrochaient leurs robes de crépon
Aux fils de fer ténus qui se mettaient en danse
Dès qu'un souffle passait. C'était un bal immense,
Multicolore, de lanternes du Japon.
Sur la moire du lac, les lumières frivoles,
Joyeusement, miraient leurs valses bénévoles
Aux tours capricieux et lents. Aux environs
De la claire villa, sur l'onde chatoyante,
De cent canots glissait une flotte ondoyante
Qui venait doucement au bruit des avirons.
Un accord s'éleva, troublant la paix sereine
Du soir d'un tendre émoi. Le parc était la scène
Qui n'avait pour décors que le bois éternel.
Beethoven. Par l'artiste évoqué, des grands maîtres
On entendait encor le génie immortel.
L'orchestre était de choix. On avait un programme
Tel que, charmé, parfois on oubliait la rame
Qui plongeait, indolente, au sein de l'eau. Soudain,
Sans apprêts, une voix légère et cristalline,
Dans une mélodie amoureusement fine,
Monta sous les arceaux du nocturne jardin.
Le concert finissait. Les multiples bougies
Et leurs frêles crépons mouraient. La nostalgie
S'emparait de nos cœurs en voyant fuir ce soir,
Ces lumières, ces chants, ces minutes trop brèves,
Où des charmes exquis se mêlaient à nos rêves
Pendant que les canots s'enfonçaient dans le noir...
Jacqueline Francoeur* (1935)
Tiré de : Jacqueline Francoeur, Aux sources claires, Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1935, p. 85-86.
* Jacqueline Francoeur est née à Québec le 31 octobre 1904, d'Alfred Francoeur, pharmacien et fondateur de l'École de pharmacie de l'Université Laval, et d'Alice Lépine.
Elle fit ses études primaires à l'école Saint-Jean-Baptiste de Sillery, puis compléta ses études supérieures au Couvent Jésus-Marie de Sillery.
De 1928 à 1938, elle fut fonctionnaire au Service provincial d'hygiène.
En 1935, elle publia son unique recueil de poésies, Aux sources claires. Cet ouvrage lui mérita le prix David en 1935, puis, l'année suivante à Paris, le prix Edgar Poe. Elle était membre de la Société des poètes canadiens-français. En 1939, elle obtint la Médaille du lieutenant-gouverneur, qui était à l'époque un important prix littéraire.
Jacqueline Francoeur est morte à Québec le 13 octobre 1995. Elle avait épousé le docteur Paul Parrot le 20 avril 1940, à Québec.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 115 ; Le Soleil, 16 octobre 1995).
Qu'Hélène Francoeur, Marc Parrot et Mireille Francoeur, petits-enfants de Jacqueline Francoeur, soient remerciés pour leur aide précieuse et les renseignements qu'ils ont généreusement fournis.
Aux sources claires, recueil de Jacqueline Francoeur d'où est tiré le poème Féerie, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Photo de Jacqueline Francoeur parue dans Le Bien public du 9 janvier 1936. |
Article plutôt élogieux paru dans Le Bien public (Trois-Rivières) du 9 janvier 1936 sur Aux sources claires, le recueil de poésies de Jacqueline Francoeur. Le même article est également paru dans quelques autres journaux. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le journal Le Soleil, de Québec, a souligné l'obtention par Jacqueline Francoeur du prestigieux prix Edgar Poe, qui lui fut décerné par un jury de Paris. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le journal L'Action catholique a également célébré dans son édition du 26 mai 1936 le succès de Jacqueline Francoeur, lorsque lui fut décerné le prestigieux prix littéraire Edgar Poe. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dans Le Soleil du 11 septembre 1936, Aimé Lazure, de
la Société des Poètes canadiens-français, a signé une
recension détaillée et fort élogieuse d'Aux sources
claires, le recueil de poésies de Jacqueline Fournier.
Pour prendre connaissance de l'article,
cliquer sur la couverture du journal :
Notice nécrologique parue dans Le Soleil du 16 octobre 1995. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
La poétesse Jacqueline Francoeur repose au cimetière Saint-Michel-de-Sillery. (Source : Billion Graves ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Merci pour ceci - je pars à sa découverte.
RépondreSupprimerJe vous encourage aussi à nous présenter Mère Saint Ephrem, dont la poésie est d'une rare sensualité venant d'une religieuse. Son oeuvre: Immortel Amour.
Voir sur BanQ
http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2022042
Merci du signalement. J'ai justement un exemplaire de "Immortel amour" et je vais y voir de plus près suite à votre suggestion.
SupprimerDaniel Laprès merci a vous pour faire revivre la maman de mon papa tous deux décédé ... mais je suis certain que mon père aurais grandement apprécier votre geste tous comme la famille maintenant l'apprécie ............ MERCI a vous
RépondreSupprimerBonjour Yvon. Je suis très heureux que cette modeste publication ici dans les Poésies québécoises oubliées, puisse contribuer à rendre justice à cette remarquable femme de lettres qu'était votre grand-mère. C'est en faisant circuler ses poèmes qu'ils reprennent vie, en touchant et inspirant de nouveau.
SupprimerAussi, je crois que son recueil mérite d'être réédité, étant d'un calibre qui le justifie amplement.
Je ne crois pas avoir conservé les lettres qu'elle m'écrivait,
Supprimermais je me souviens qu'elles étaient un plaisir à lire à chaque fois!
Oh! Que oui!
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