samedi 2 novembre 2019

Pourquoi celui-là ?

À gauche : Ernest Tremblay (1877-1940)

À droite : Paul-Émile Lamarche (1881-1918)

(Sources : Ernest Tremblay dans Albert Laberge, Journalistes,
écrivains et artistes
; Paul-Émile Lamarche dans Réal Bélanger,
Paul-Émile Lamarche : le pays avant le parti).



                     À mon camarade de collège, Paul-Émile Lamarche, 
                  mon ami, doux et lumineux enfant du mystère que 
                  si peu ont compris, je dédie cette petite synthèse 
                  impressionniste : 


  
   De profundis ! Lamarche est mort !
   Lamarche est mort à la bataille.
   Est étendu son pauvre corps
   Dont les vers font déjà ripaille : 
   De profundis ! Lamarche est mort !

   C'est à minuit, au clair de lune,
   Que sûrement Lamarche est mort.
   Est mort dedans son infortune,
   Doux et tranquille et sans remords 
   C'est à minuit, au clair de lune.

   Dans le mystère, étrangement, 
   Ont crié trois corbeaux funèbres,
   Lorsque la Mort, pompeusement,
   A pris son âme et ses vertèbres 
   Dans le mystère, étrangement. 

   Pourquoi, la Mort, es-tu venue
   Cette nuit-là ? ― Nul n'en sait rien. 
   Trois corbeaux, sur la Place nue,
   Trois corbeaux noirs ! ― Ami, dors bien ! 
   Pourquoi la Mort es-tu venue ?

                                Ernest Tremblay* (1918)



Tiré de : "Ernest Tremblay" dans Albert Laberge, Journalistes, écrivains et artistes, Montréal, édition privée, 1945, p. 40-41. 

Ernest Tremblay est né le 7 mars 1878 à Manchester (New York), de Grégoire Tremblay et de Kathleen O'Hara. Sa mère s'établit à Montréal lorsque, à l'âge de deux ans, il perdit son père. Sa mère étant très pauvre, il fut durant son enfance un garçon de ferme soumis à des traitements brutaux, et il ne peut que faire des études modestes.
   C'est comme machiniste et homme à tout faire qu'il entra au Théâtre français de Montréal. Il y apprit le métier de revuiste auprès des gens de théâtre. Il devint ainsi un auteur de revues théâtrales très appréciées du public. 
   Il fut également comédien, ayant été membre de la troupe des Soirées de famille fondée en 1896 par Elzéar Roy, dont les représentations étaient tenues au Monument national. Il délaissa ensuite le métier d'acteur pour devenir critique de théâtre. Il contribua ainsi beaucoup à promouvoir l'art de la comédie à Montréal.
   Admis au sein de l'École littéraire de Montréal, il collabora à divers périodiques dont La Presse, Le Monde illustré, Le Terroir, L'AutoritéLa Patrie, où il publia notamment de nombreux poèmes remarqués et des pièces de théâtres appréciées du public. Sous la rubrique Rire et pleurer,  dans La Presse, il a publié plus de 1 000 poésies et « gazettes rimées », qui selon l'écrivain Albert Labergesont « pleines d'humour et d'émotion ». 
   Ernest Tremblay est mort à Montréal le 8 juin 1940.
   Albert Laberge a écrit : « Ernest Tremblay avait été un acteur applaudi, un brillant journaliste, un poète de grand talent, un spirituel auteur de revues, un causeur plein de verve, un gai camarade, mais lorsque le corbillard renfermant sa dépouille partit de la maison mortuaire pour se rendre à l'église, le cortège funèbre se composait de huit personnes... »
(Sources : Albert Laberge, Journalistes, écrivains et artistes, Montréal, édition privée, 1945, p. 35-45 ; Jules Fournier, Anthologie des poètes canadiens, Montréal, 1920, p. 217 ; Dictionnaire des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 1270, dont la date de décès d'Ernest Tremblay est erronée ; La Presse, 11 juin 1940). 

Pour en savoir plus sur Ernest Tremblay, qui était réellement un écrivain d'exception ― ce qui rend encore plus troublant l'oubli quasi total dans lequel il est confiné depuis sa mort, y compris dans les manuels de littérature ―, cliquer sur le début du chapitre que l'écrivain Albert Laberge lui a consacré dans son ouvrage Journalistes, écrivains et artistes




Pour en savoir plus sur Paul-Émile Lamarche, sujet du poème ci-haut, voyez : Le politicien le plus estimable de l'histoire du Québec.

On peut également lire un discours politique majeur que donna Paul-Émile Lamarche en 1918 : Secouons nos ailes et élevons-nous !


Le poème Pourquoi celui-là ?, ci-haut, est tiré du
livre Journalistes, écrivains et artistes, d'Albert
Laberge. On peut le consulter ou le télécharger
gratuitement ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Paul-Émile Lamarche fut un homme politique dont l'incorruptibilité, 
le dévouement et le patriotisme furent énormément appréciés par 
ses compatriotes. Même s'il n'a été que simple député durant un seul 
mandat et qu'il est mort au jeune âge de 36 ans, vingt ans après sa mort
plus de 12 000 personnes prirent part à des cérémonies à sa mémoire, 
ce qui n'est jamais arrivé pour aucun politicien québécois, toutes époques 
confondues. Mais cela n'empêcha pas notre société à la mensongère 
devise « Je me souviens » de laisser tomber dans l'oubli cette figure 
politique aussi remarquable qu'exceptionnelle dont le souvenir 
serait très utile à la nation québécoise et à sa lutte pour 
l'existence. En cliquant sur cette couverture, vous pourrez 
consulter et télécharger gratuitement la brochure qui relate 
cette phénoménale commémoration : 



La photo de gauche est tirée de la brochure commémorative du vingtième anniversaire de la
mort de Paul-Émile Lamarche. Le 16 octobre 1938, des allocutions furent prononcées au
pied du monument Lamarche au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal. La photo
montre Roland Grandchamp, président de la Section Paul-Émile Lamarche de la Société-
Saint-Jean-Baptiste de Montréal (section qui n'existe plus) alors qu'il livrait son discours.
On aperçoit Édouard Montpetit, cheveux blancs et deuxième après le jeune garçon 

à droite du monument.

Photo de droite : Le monument Lamarche 80 ans après
cette commémoration ; Daniel Laprès, 21 juillet 2018.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Un aperçu de la foule au cimetière Notre-Dame-des-Neiges,
le 16 octobre 1938, lors de la cérémonie commémorative du
vingtième anniversaire de la mort de Paul-Émile Lamarche.

(Source : Fêtes commémoratives à l'occasion du 20e
anniversaire de la mort de Paul-Émile Lamarche
)

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Article paru dans La Patrie du 12 octobre 1918, lendemain de la mort de Paul-Émile
Lamarche, victime de l'épidémie de grippe espagnole qui sévissait alors.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Pour seulement 20 $, on peut se procurer dans toute
bonne librairie cette excellente et inspirante biographie
de Paul-Émile Lamarche. Cliquer sur la couverture 
pour de plus amples informations : 


Article paru dans La Presse du 11 juin 1940, à l'occasion du décès d'Ernest
Tremblay
, auteur du poème ci-haut en hommage à Paul-Émile Lamarche.

(Source : BANQ ; Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'Autorité, 15 juin 1940.

(Source : BANQ : cliquer sur
l'image pour l'agrandir)

Le Soleil, 11 juin 1940.

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'image pour l'agrandir)

L'Illustration nouvelle, 11 juin 1940.

L'écrivain Albert Laberge nous laisse deviner la tristesse  de la scène :

« Ernest Tremblay avait été un acteur applaudi, un
  brillant journaliste, un poète de grand talent, un spirituel auteur
 de revues, un causeur plein de verve, un gai camarade, mais
 lorsque le corbillard renfermant sa dépouille partit de la
 maison mortuaire pour se rendre à l'église, le
cortège funèbre se composait de huit personnes... »

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'image pour l'agrandir)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire