mercredi 30 octobre 2019

Méditation

Adalbert Trudel (1911-1992)

(Source : BANQ)




   Je demande à l'azur pourquoi tant de nuages
   Marchent à l'aventure, à la terre pourquoi
   Elle se couvre tout ainsi d'innombrables feuillages,
   Et que tout obéit à quelque étrange loi.

   Car j'ignore pourquoi l'arbre qui sur ma tête
   Verse de l'ombre, a pris ses racines si bas
   Pour me donner l'illusion presque parfaite
   De vivre dans l'immatérialité ;

   Alors que cet espace où mon regard se lève
   Et dans lequel je prends l'accent de mes concerts,
   Dit que je suis un grain de sable sur la grève,
   Un insecte invisible au sein de l'univers.

   Vigny, la terre où tu trouvais l'indifférence
   Parle encore au poète et lui dit ses secrets ;
   Elle a des mots qui ne sont pas faits de souffrance
   Et je n'y trouve pas de désespoirs muets. 

   Elle me dit souvent, la virile nature,
   Que tout se réunit, de la terre et du ciel,
   Et que sans rien briser de son architecture
   Elle unit la matière à l'immatériel. 

   La racine et la feuille à demi rapprochées,
   Le passé joint à l'énigmatique avenir,
   Les étoiles du ciel sur les routes penchées,
   Tout s'embrasse et s'étreint dans un même soupir. 

                                       Adalbert Trudel*(1929)



Tiré de : Adalbert Trudel, Première moisson, Québec, Les Éditions du Soleil, 1929, p. 109-110.

*  Adalbert Trudel est né à Québec, dans la paroisse Saint-Sauveur, le 10 avril 1911, d'Adalbert Trudel, architecte, et de Maria Brousseau.
   Avant même la fin de ses études à Québec, il devint journaliste au quotidien Le Soleil. Encore adolescent, il publia des poèmes, souvent sous le pseudonyme « Jean de Volga », notamment dans la revue littéraire Le Terroir. Il s'établit ensuite à Montréal, où il fut pigiste pour plusieurs journaux et magazines, dont La PatrieLa Presse et surtout au Petit Journal (1933-35), où il utilisait parfois le pseudonyme « Albert Duc ».
  Durant la seconde guerre mondiale, il fut attaché au bureau des relations publiques de l'aluminerie Alcan. Il se remit ensuite à collaborer à divers journaux, dont le Chronicle Telegraph. Il travailla comme traducteur.
   Il est l'auteur de deux recueils de poésies, Première Moisson (1929), alors qu'il était âgé de 17 ans et qui lui valut d'être couronné par le concours annuel de la Société des Poètes Canadiens-Français, et Sous la Faucille (1931).
  Adalbert Trudel est mort à Québec le 25 août 1992. Il avait épousé Rolande Bourdeau à Montréal le 14 juin 1937.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, vol. 2, Montréal, éditions Fides, 1987, p. 907; Dictionnaire des poètes d'ici de 1606 à nos jours, deuxième édition, Montréal, Guérin, 2005, p. 1290 ; Le Soleil, Québec, 9 avril 1929 et 26 août 1992).


D'Adalbert Trudel, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : La chanson du coureur de bois.


Première moisson, recueil de poésies
d'Adalbert Trudel, d'où est tiré le poème
Médiation, ci-haut. Il n'en reste que deux
deux exemplaires sur le marché, 
voyez ICI.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Signature d'Adalbert Trudel datée de janvier
1930 dans son recueil Première Moisson.
 

(Collection Daniel Laprès)

 Le Soleil, 26 août 1992.
 
(Source : BANQ)


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