lundi 21 octobre 2019

Quand tu seras partie

Jeanne Grisé-Allard (1904-1997)

(Source : Madeleine Gleason-Huguenin,
Portraits de femmes, tome 1, Montréal,
éditions La Patrie, 1938, p. 150)




   Quand tu seras partie, ô ma verte jeunesse,
   Pour ce lointain pays d'où l'on ne revient pas,
   Je prêterai l'oreille à d'autres bruits de pas,
   Et sur mes yeux, je sentirai d'autres caresses.

   Je parlerai de toi, souvent, avec tendresse,
   Comme de morts aimés qu'on évoque tout bas ;
   À te chanter encor, même après ton trépas,
   Je goûterai, vois-tu, la plus pure allégresse.

   Une autre prendra place en mon cœur, sur mon front,
   Chaque jour la rapproche, et ses gestes mettront
   Sur mon visage un masque à figure fanée.
  
   Je ne le connais point, et pourtant sur mes traits,
   De main sûre, elle esquisse et calque ce portrait
   Qui me ressemblera comme une sœur aînée.

                              Jeanne Grisé-Allard(1937)




Tiré de : Camélienne Séguin, Répertoire poétique, Montréal, 1937, p. 24

*  Jeanne Grisé-Allard est née à Saint-Césaire le 27 mars 1902, d'Henri Grisé, imprimeur, et d'Alphonsine-Alice Bergeron. Elle fit son cours supérieur au couvent des Sœurs de la Présentation de Marie de Saint-Césaire. Plus tard, de 1936 à 1938, elle étudia les sciences sociales à l'Université de Montréal.
   En 1927, elle collabora à la Revue préventive et fonda le Cercle littéraire Marie Stella. De 1928 elle débuta sa carrière de journaliste au journal Le Canada français, de Saint-Jean-sur-Richelieu. En 1935, elle dirigea la page féminine du journal La Patrie, à Montréal, puis en 1938, elle prit la direction de la page féminine du Bulletin des agriculteurs, auquel elle collabora jusqu'en 1979, alors qu'elle passa à la Revue des fermières. De 1937 à 1942, elle prononça diverses conférences et participa à des émissions radiophoniques. Elle fut collaboratrice à de nombreux autres périodiques et journaux, dont Le Devoir, Relations et Amérique française, en plus d'avoir été membre de diverses associations, dont la Société des écrivains canadiens, la Société des écrivains pour la jeunesse, le Canadian Women's Press Club, l'Association canadienne des rédacteurs agricoles, la Société des poètes canadiens-français, etc.
   Elle est l'auteure de nombreux ouvrages, notamment en poésie, dont Gouttes d'eau (1922) et Médailles de cire (1933). Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Oscar O'Brien
   En 1937, le secrétaire perpétuel de l'Académie française lui décerna la Médaille de Vermeil à titre de prix de la Langue française.
   De 1935 à 1950, à la station de radio montréalaise CHLP, elle anima Le courrier de Jeanne. De 1940 à 1944, elle anima des émissions à la station CKAC. Durant les années 1970, elle œuvra à la télévision à Télé-Métropole (ancêtre de TVA) et à Radio-Canada. Sa carrière journalistique dura soixante-six années.
   Jeanne Grisé est morte à Montréal le 6 juillet 1997. Elle avait épousé Jacques Hertel Allard le 1er octobre 1938. 
(Sources : Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, éditions Fides, 1989, p. 638-639 ; Les Cahiers des Dix, numéro 60, 2006 ; Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 536 - dont la date de naissance de Jeanne Grisé-Allard qui y est indiquée est erronée ; La Presse, 8 juillet 1997 ; Madeleine Gleason-Huguenin, Portraits de femmes, tome 1, Montréal, éditions La Patrie, 1938, p. 150. Merci à M. Claude Larochelle de nous avoir aimablement transmis l'acte de naissance de Jeanne Grisé et de sa sœur jumelle Antoinette). 

Pour en savoir plus sur Jeanne Grisé-Allard, voyez ICI l'article de Jocelyne Mathieu dans le volume 60 (2006) des Cahiers des Dix


Le poème Quant tu seras partie, ci-haut, de
Jeanne Grisé-Allard, est tiré de l'anthologie
Répertoire poétique, rassemblée par
Camélienne Séguin et parue en 1937.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jeanne Grisé-Allard vers 1930.

(Source : Les Cahiers des Dix,
volume 60, 2006)

Jeanne Grisé-Allard en 1937.

(Source : revue À rayons ouverts,
bulletin de la Bibliothèque nationale
du Québec, mai-juin 1989)

Jeanne Grisé-Allard

(Source : Richard Foisy, Un poète et son double,
Montréal, 2015)

Notice nécrologique parue dans La Presse le 8 juillet 1997.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Monument funéraire de Jeanne Grisé-
Allard au cimetière de Rivière-Beaudette.

(Source : Find a Grave ; cliquer
sur l'image pour l'agrandir)


Parlant de nos poètes d'antan et oubliés, l'écrivaine Reine Malouin
(1898-1976), qui a longtemps animé la vie poétique au Québec, a 
affirmé que sans eux, « peut-être n'aurions-nous jamais très bien 
compris la valeur morale, l'angoisse, les aspirations patriotiques, 
la forte humanité de nos ancêtres, avec tout ce qu'ils ont vécu, 
souffert et pleuré ». 

Les voix de nos poètes oubliés nous sont désormais rendues. 
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