Octave Crémazie (1827-1879) (Source : Oeuvres complètes d'Octave Crémazie, 1882) |
Voici le jour ; n'entends-tu pas
le chant de l'alouette qui s'élève
sur la rive ?
SHAKESPEARE
Alouette
Gentillette,
Ta voix jette
Chaque matin un chant si radieux,
Si sonore
Que l'aurore
Doute encore
S'il naît sur terre ou s'il descend des cieux.
Dans le bois solitaire,
D'un chant si mélodieux
Le rossignol ton frère
Jette les sons joyeux.
Toi, sur la rive humide
Où s'arrêtent les flots,
Ta voix douce et rapide
Vient consoler nos maux.
C'est pour toi que l'aurore
Vient dissiper la nuit ;
Pour toi le soleil dore
Chaque fleur, chaque fruit ;
C'est pour toi que la rose,
Ouvrant ses yeux pourprés,
Répand, à peine éclose,
Ses parfums dans les prés.
Car ta voix matinale,
Saluant le soleil
Et la fleur virginale
À son premier réveil,
Répand dans la nature
Tous ses brillants accords,
Et se mêle au murmure
Des vagues sur nos bords.
Quand la nuit de son voile
Assombrit l'horizon,
À la première étoile
Tu redis ta chanson ;
Ainsi, douce alouette,
Ta voix chante toujours,
Et la mort seule arrête
Tes chants et tes amours.
Au matin de nos jours, quand l'avenir en fleurs
Étale devant nous ses riantes couleurs,
Nous trouvons dans notre âme,
Pour saluer la vie, un chant pur et joyeux,
Car le bonheur alors brille devant nos yeux
Comme un rayon de flamme.
Mais, comme l'alouette, à l'approche du soir,
Brisés par la douleur, trompés dans leur espoir,
Nos cœurs pleins de tristesse
Ne trouvent plus, hélas ! leurs accents du matin,
Car ils ont vu se perdre, aux ronces du chemin,
Les chants et les vertus qui charmaient leur jeunesse.
Octave Crémazie* (Québec, 3 février 1858)
Tiré de : Octave Crémazie, Œuvres complètes, Montréal, C.O. Beauchemin & Fils Libraires-Imprimeurs, 1882, p. 139-141.
* Octave Crémazie est né à Québec le 16 avril 1827, de Jacques Crémazie, marchand, et de Marie-Anne Miville.
De 1836 à 1843, il fit ses études classiques au Petit séminaire de Québec. En 1844, il fonda avec son frère Joseph une librairie sur la Côte-de-la-Fabrique, à Québec. Il fit des voyages d'affaires en France en 1851, 1854 et 1856, mais il s'intéressa surtout à la littérature et négligea peu à peu son commerce.
Il fut, en décembre 1847, membre-fondateur de l'Institut canadien de Québec, dont il fut, en 1849, nommé secrétaire-archiviste. Il collabora, en 1861-1862, à la revue Les Soirées canadiennes. De 1849, il publia des poésies dans divers journaux ; ses poèmes ont été rassemblés dans ses Oeuvres complètes, qui furent publiées en 1882, soit trois ans après sa mort.
Il fut acculé à la faillite en 1862, et suite à une accusation de fabrication de faux billets financiers, il s'exila en France cette même année. Il ne revint plus jamais au Québec.
Octave Crémazie est mort au Havre (France) le 16 janvier 1879. En 1906, un monument à sa mémoire fut inauguré en grandes pompes au carré Saint-Louis, à Montréal, suite à une souscription initiée par le poète Louis Fréchette.
(Source principale : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 1, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 549).
Le poème L'alouette, ci-haut, est tiré des Œuvres complètes d'Octave Crémazie. On peut trouver ICI un rare exemplaire de l'édition originale, ou en télécharger ICI gratuitement un exemplaire. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Portrait d'Octave Crémazie paru dans le journal L'Opinion publique, le 10 avril 1873, à l'occasion d'une conférence donnée par Louis Fréchette à Montréal sur les poètes d'ici. Cette gravure le montre à l'âge de 25 ans. (Source : Odette Condemine, Octave Crémazie, Montréal, éditions Fides, 1980, p. 65) |
Plaque commémorative réalisée par Alonzo Cinq-Mars, artiste- sculpteur et aussi poète (les Poésies québécoises oubliées ont présenté son poème Illusion, et apposée en 1932 par la Société des Poètes à l'entrée du 42 Côte-de-la-Fabrique, à Québec, qui fut occupé par la librairie J. & O. Crémazie de décembre 1847 à novembre 1862. Jusqu'en 1858, la famille Crémazie a habité l'étage supérieur de l'édifice construit en 1844 et qui existe toujours, l'aspect extérieur n'ayant guère changé depuis le temps où Octave Crémazie y œuvrait et y habitait. (Source : Ville de Québec ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Monument Octave Crémazie au carré Saint-Louis, à Montréal. L'ouvrage, réalisé par le sculpteur Louis-Philippe Hébert, a été dévoilé en 1906 lors d'une imposante cérémonie présidée par le poète Louis Fréchette, suite à une souscription publique ayant duré plus d'une décennie. (Source : Image Montréal ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
En 1908, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec fit l'acquisition à perpétuité du terrain où Octave Crémazie fut inhumé en 1879. Ce projet put être réalisé grâce aux efforts du juge et poète Gonzalve Desaulniers, dont les Poésies québécoises oubliées ont présenté les poèmes Sous les branches et La voix du golfe. L'inauguration de ce monument au cimetière d'Ingouville (France) eut lieu le 3 novembre 1912, en présence de personnalités éminentes de France et du Québec. (Source : Odette Condemine, Octave Crémazie, op. cit., p. 244 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
En 1980, Odette Condemine publia ce volume contenant une abondante iconographie sur Octave Crémazie et son époque. On peut en trouver ICI et ICI de rares exemplaires. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Procurez-vous l'un des quelques exemplaires encore disponibles
de Nos poésies oubliées, un volume préparé par le concepteur
du carnet-web des Poésies québécoises oubliées, et qui présente
100 poètes oubliés du peuple héritier de Nouvelle-France, avec
pour chacun un poème, une notice biographique et une photo
ou portrait. Pour se procurer le volume par Paypal ou virement
Interac, voyez les modalités sur le document auquel on accède
en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour le commander par
VISA, cliquer ICI.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire