Oscar Dunn (1845-1885) (Source : Biographi.ca) |
Je te vis dans ces prés à replis onduleux
Qui cachent dans leur sein mille fleurs parfumées ;
Qui cachent dans leur sein mille fleurs parfumées ;
Au bord de cette source où meurt, harmonieux,
Le dernier bruit du jour, le chant des voix aimées.
Sur ton front retombait la feuille d'un ormeau ;
Tes yeux levés au ciel disaient une prière
Et ta voix, se mêlant au murmure de l'eau,
Montait en doux accords au divin sanctuaire.
Pourtant à ta paupière une larme passait,
Comme une perle d'or qui roule avec la vague.
Penché sur le gazon que ton genoux pressait,
J'écoutai : ces seuls mots se perdaient dans le vague.
Mon cœur est bien petit, mais il est plein d'amour ;
Et j'ignore pourtant ce que c'est qu'un beau jour.
J'ai tant pleuré, vois-tu, mère, j'ignore encore,
Molles blancheurs de l'aube et roses de l'aurore.
On dit qu'un blanc courlis vient chanter, sur le soir,
Un refrain enivrant et d'amour et d'espoir.
Suspendu mollement aux rameaux de la treille,
Il aime à regarder l'églantine vermeille
Déposée, au printemps, par ma petite main.
C'est toi, me dit-on, qui flottes sur le chemin
Avec la mouche d'or qui fuit, monte et voltige,
En s'arrêtant parfois au sommet d'une tige.
Et moi, ton jeune Oscar, mère, tu ne viens pas
Pour lui parler aussi ?... Dis, oh ! parle tout bas.
Je comprendrai : ta voix, elle doit être tendre.
Mon cœur me dira tout ce qu'il faudra comprendre.
Ce qui m'entoure, hélas ! pourrait-il effacer
De mon âme d'enfant, ton bienheureux penser ?
Je suis l'oiseau plaintif à l'aile rose et blanche,
Et qui, tout le jour, crie et regarde la branche
Où vient se pendre encore souvent un voyageur.
Puisse-t-il, plus que moi, savourer le bonheur !...
Et j'écoutais, courbé sur les talles de mousse
Où s'enlacent les lys, où le rosier blanc pousse.
On dit que dans ces champs où l'homme au soir s'endort,
L'on entend quelquefois effleurer l'arbre mort
Par ces brises de nuit qui versent l'harmonie.
Sans doute une âme est là : c'est celle d'une amie,
D'une mère, peut-être... Oh ! foulons le gazon,
Prions sur chaque tertre, il nous dira son nom.
Oscar Dunn (12 août 1862)
Tiré de : Les textes poétiques du Canada français, volume 9, Montréal, éditions Fides, 1987, p. 597-598.
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par Jean Bruchési publié en 1928 :
Dédicace manuscrite d'Oscar Dunn dans la brochure de sa conférence de 1875 sur L'Amérique avant Christophe Colomb. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le poème Une feuille, ci-haut, d'Oscar Dunn, est tiré du volume 9 de la série Les textes poétiques du Canada français, parue sous la direction de Jeanne d'Arc Lortie et de Yolande Grisé. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Maison où Oscar Dunn a vécu à Coteau-du-Lac, après la mort de son père, en 1851, alors qu'il avait six ans. Cette photo date de 1928. La maison existe encore et abrite la Clinique dentaire Mille sourires au 344 chemin du Fleuve. Cliquer sur l'adresse pour en avoir un aperçu. Merci à Pascale Grenier, native de Coteau-du-Lac, dont la recherche a permis de repérer la maison. (Source : Jean Bruchési, Oscar Dunn et son temps, Montréal, 1928) |
Oscar Dunn en 1884, un an avant sa mort. (Source : Jean Bruchési, Oscar Dunn et son temps, Montréal, 1928) |
« Le 15 avril 1885 au Club de la Garnison (de nos jours nommé Cercle de la Garnison au 97 rue Saint-Louis) de Québec, Oscar Dunn s'écroulait dans un fauteuil au cours d'une conversation. Une grande affaire passionnait alors tout le pays : l'affaire Riel. On se demandait si Riel allait être pendu, et Oscar Dunn émettait son opinion : "Nous avons trop foi dans le Fair Play britannique pour croire qu'ils agiraient aussi inconsidérément. Ils auraient bien tort..." La mort le frappa sur ces mots ». (Extrait de Jean Bruchési, Oscar Dunn et son temps, Montréal, 1928, p. 22). (Source : Page Facebook du Cercle de la Garnison) |
Le monument funéraire d'Oscar Dunn au cimetière de Coteau-du-Lac, tel qu'il paraissait en 1928, et tel qu'il paraît de nos jours. Le monument est situé derrière l'église. (Première photo : Jean Bruchési, Oscar Dunn et son temps, Montréal, 1928 ; seconde photo : Find-a-Grave) |
En 2020, la municipalité de Coteau-du-Lac a donné le nom d'Oscar-Dunn à un parc pour commémorer son souvenir. (Source : Pascale Grenier, que nous remercions pour l'information) |
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Merci une fois de plus Daniel Laprès de nous en apprendre sur notre passé. Je dois certes vérifier, mais me tromperais-je si j'affirmais qu'il s'agit du même homme qui collabora avec Adjutor Rivard à l'élaboration du Glossaire du parler français au Canada? J'ignorais qu'il fût aussi poète.
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