Firmin Paris, nom de plume de Maxime Hudon (1841-1914) (Source : Musée de la civilisation du Québec) |
Le soir est près de l'aurore :
L'astre à peine vient d'éclore
Qu'il va terminer son cours.
J'ai vu l'astre du jour comme un disque de flamme
Descendre dans les flots,
Et j'ai senti monter du profond de mon âme
D'ineffables sanglots.
Je me disais : Combien d'astres chers et propices
Se lèvent sur nos jours
Pour arriver aussi pleins de pures délices
Au terme de leur cours !
Les uns ont devant nous répandu la lumière
Dans le sombre chemin
Et retiré nos pas de la bourbeuse ornière
Où nous mit le destin.
D'autres, de leur regard, de leur approche chère,
Ont réchauffé nos cœurs ;
Ils nous ont, quelques jours, de l'existence amère
Endormi les douleurs.
Nous les avons aimés comme en hiver on aime
Un soleil radieux ;
Leur présence nous fut, dans la détresse même,
Un avant-goût des cieux.
La tombe inexorable ou l'absence éternelle
Nous les ont enlevés
Avant les jours remplis d'espérance si belle
Que nous avions rêvés.
Brillants adolescents, vieillards chargés d'années
Ou blonds anges joufflus,
Frères, amis d'enfance ou débris d'hyménées,
Nous ne les reverrons plus.
Nous ne les reverrons plus ! Ce rivage incolore
Reverra bien des jours :
Son soleil s'est couché pour se lever encore ;
Mais eux, c'est pour toujours.
Maxime Hudon*, alias Firmin Paris (1907)
Tiré de : Firmin Paris (nom de plume de Maxime Hudon), Sentiments et souvenirs, deuxième série: Au large, Québec, Léger Brousseau imprimeur, 1907, p. 114-115.
* Maxime Hudon est né à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie (comté de Kamouraska) le 19 décembre 1841, de Maxime Hudon, cultivateur, et de Rosalie Lavoie. Il fit ses études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à Rimouski et à Québec.
Il fut ordonné prêtre le 11 juillet 1869 à Notre-Dame-du-Mont-Carmel (comté de Kamouraska), par Mgr Charles-François Baillargeon. Après avoir été professeur au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (1869-70) où il enseigna la littérature, il devint vicaire à Rivière-Ouelle (1870-71), à Sainte-Famille-de-l'île-d'Orléans (1871-72), à Saint-Pierre-de-l'île-d'Orléans (1872-73). Prêtre desservant à l'Ancienne-Lorette (1873-77), il fut nommé curé de Saint-Narcisse-de-Beaurivage (1877-84), où il fit construire l'église et le presbytère. En 1884, il devint curé de Berthier-sur-Mer et occupa ce poste jusqu'à sa retraite en 1896.
Il collabora à divers journaux et périodiques, s'intéressant particulièrement à la langue française. Sur ce sujet, il signa une chronique, intitulée Glane philologique, dans La semaine religieuse de Québec, dans laquelle il se porta à la défense de la langue populaire. Il est l'auteur d'un recueil de poésies, Sentiments et souvenirs, dont le deuxième tome, sous-titré Au large, est le seul paru de cet ouvrage.
Maxime Hudon est mort à Berthier-sur-Mer le 6 octobre 1914. Il fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse.
(Sources : Gaston Deschênes, Les origines littéraires de la Côte-du-Sud, Québec, Les éditions du Septentrion, 1996, p. 91-92 ; Camille Roy, Érables en fleurs : pages de critique littéraire, Québec, 1923, p. 113-129 ; J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français ; les contemporains, Saint-Hyacinthe, Imprimerie de La Tribune, 1908, p. 303 ; Bulletin des recherches historiques, avril 1931, p. 246 ; ChroQué ; L'Action sociale, 7 octobre 1914 ; Le Devoir, 7 octobre 1914).
Sentiments et souvenirs, dont le deuxième tome, intitulé Au large, est le seul à avoir paru de cet ouvrage d'où est tiré le poème Ceux que nous avons aimés, ci-haut. Les exemplaires de l'édition originale sont extrêmement rares, mais on a accès à l'entièreté de son contenu ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
L'abbé Maxime Hudon, à un âge plus avancé. (Source : Musée de la civilisation de Québec) |
Article paru dans L'Action sociale, de Québec, le 7 octobre 1914. Cet article contient deux erreurs : d'abord, le prénom de l'abbé Hudon qui en réalité est Maxime et non "Maximin", puis la mention de "deux séries de vers" qu'il aurait publiés est erronée, car il n'en a publié en réalité qu'une seule. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Tandis qu'il était curé de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, entre 1877 et 1884, l'abbé Maxime Hudon avait fait construire l'église de la paroisse, qui existe toujours et est classée "Immeuble patrimonial". (Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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