jeudi 5 novembre 2020

Le règne du silence

Jean Charbonneau (1875-1960)

(Source : Le monument Crémazie,
Montréal, éditions Beauchemin, 1906)




   Contemple sans parler la majesté des choses :
   L'heure crépusculaire argente les ruisseaux ;
   Et les lys inclinés sur le miroir des eaux
   Baignent dans le flot bleu leurs corolles mi-closes.

   L'air promène au sentier le cher parfum des roses :
   Dans les buissons s'éteint la chanson des oiseaux.
   La lune est apparue ; et parmi les roseaux
   Le songe resplendit en ses apothéoses.

   Il passe autour de nous un doux apaisement ; 
   Dans les arbres pensifs, pas un tressaillement : 
   On croirait que la nuit s'est recueillie et pense...

   Ouvrez votre âme au soir, ô rêves endormeurs : 
   Le bruit universel a cessé ses rumeurs
   Et cède son empire au règne du silence. 

                              Jean Charbonneau (1912)



Tiré de : Jean Charbonneau, Les blessures, Paris, Alphonse Lemerre Éditeur, 1912, p. 62. 

Pour en savoir plus sur Jean Charbonneau, cliquer ICI

De Jean Charbonneau, les Poésies québécoises oubliées ont également publié (voyez également les documents présentés sous chacun des poèmes) : 

Les blessures, recueil de Jean Charbonneau, d'où
est tiré le poème Le règne du silence, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Jean  Charbonneau est l'un des 100 poètes présentés dans 
Nos poésies oubliées, un volume paru en septembre 2020 
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