jeudi 5 mars 2020

Le Chemin du Roy

Le Chemin du Roy à Château-Richer, par James Pattison Cockburn, 1829é

(Source : Cap-aux-Diamants, automne 2012)




   Venu des monts lointains où des cascades grondent,
   Le vieux Chemin du Roy, frissonnant au soleil,
   Serpente tout auprès des bouleaux en éveil
   Dont les bruissements argentins se confondent. 

   Se perdant quelquefois dans l'ombre des sous-bois,
   Il court, il roule ses plis pareils à des spirales,
   Pendant que la rosée aux gouttes matinales
   Illumine le bord des nids aux mille voix. 

   Les suaves parfums des mélilots s'envolent
   Comme des papillons dans l'air enamouré,
   Et s'épandent là-bas, à tout hasard du pré ;
   Sur l'herbe des penchants, des brebis cabriolent.

   Puis, ce sont les forêts d'où montent des échos,
   Les hêtres, les pommiers, la grâce des futaies ;
   Ce sont les vents rôdeurs qui font trembler les haies ; 
   Ce sont, dans les jardins, les gais coquelicots.

   Tout respire la paix sur la verte colline
   Où, sans mauvais contact, règne le paysan.
   Esclave volontaire, inlassable artisan, 
   Et courbé sur le sol, lentement il chemine.

   Dans ce jour qui s'adonne aux douceurs de l'été, 
   Oh ! combien ces puissants laboureurs font envie!...
   Il monte du sillon l'abondance et la vie, 
   Et comme un souffle ardent d'amour et de bonté.

   Deux par deux, revêtus de l'agreste vareuse,
   Ils s'en vont, espérant les futures moissons ;
   Et le charme obsesseur de leurs simples maisons
   Nous fait comprendre mieux leur existence heureuse...

   Nous l'avons salué d'un geste de la main,
   Cet obscur paysan qui, la tête inclinée, 
   Poursuit, silencieux, sa calme destinée,
   Et mêle sa grande âme à celle du chemin. 

                          Jean Charbonneau (1923) 



Tiré de : Jean Charbonneau, Les prédestinés, Montréal, Librairie Beauchemin, 1923, p. 105-107. 

De Jean Charbonneau, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté :  Espoir renouvelé et La nef 

Pour en savoir plus sur Jean Charbonneau, cliquer ICI


Le poème Le Chemin du Roy, ci-haut, est tiré de
 Les prédestinés, recueil de Jean Charbonneau.
On peut en trouver ICI un rare exemplaire.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean Charbonneau (1875-1960)

(Source : Le Monument Crémazie,
Montréal, éditions Beauchemin, 1906)

Dédicace manuscrite de Jean Charbonneau
adressée au comédien Paul Desmarteaux,
dans son recueil La flamme ardente.

(Collection Daniel Laprès ;

cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Dans son ouvrage Peintres et écrivains d'hier et d'aujourd'hui
paru en 1938, l'écrivain Albert Laberge a consacré quelques 
pages à l'oeuvre poétique de Jean Charbonneau. 

Pour consulter le propos de Laberge, cliquer sur cette image : 



Jean Charbonneau, dessin d'Émile Vézina
dans Le Nationaliste du 19 mars 1911.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean Charbonneau, caricature d'Albéric Bourgeois,
dans Nos immortels, de Germain Beaulieu, 1935.

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