Armand Leclaire (1888-1931) (Source : Richard Foisy, L'Arche, un atelier d'artistes dans le Vieux-Montréal) |
Le jour agonisant sur l'immense horizon
Promène lentement son regard qui vacille ;
Par-delà les monts bleus, doucement il oscille
Et les baigne en mourant de l'or de sa toison.
Les grands pins font en chœur sa funèbre oraison,
Cependant que la lune, indécise, sourcille.
Le paysan lassé jette enfin sa faucille
Et entre dans la paix de son humble maison.
Tout s'endort dès qu'au sol l'ombre épaisse s'incruste ;
Le calme de la nuit rend l'heure plus auguste ;
Seul, au loin, le hibou triste hulule en vain.
Et les yeux d'or du ciel, entrouvrant leur mystère,
Prêtent de leurs splendeurs, suivant l'ordre divin,
Aux grands soirs exilés qui descendent sur terre.
Armand Leclaire* (1912)
Tiré de : magazine Montréal musical, 20 mai 1912.
* Armand Leclaire est né à Montréal le 9 septembre 1888, de Cyrille-Oscar Leclaire, commis-marchand, et d'Ida Martel. Après ses études classiques au Collège de Montréal, il s'inscrivit au Conservatoire Lassalle (1908-1909), où il obtint le premier prix d'élocution et le deuxième prix d'art dramatique.
Après avoir travaillé comme officier de douanes puis comme journaliste, il fit ses débuts au théâtre vers 1910, comme comédien amateur sur la scène du Théâtre Canadien-français. Dans les années suivantes, il travailla avec, entre autres, Julien Daoust, fondateur du Théâtre national, Fred Barry et Bella Ouellette, comédienne et dirigeante de troupe de théâtre, dont il épousa la sœur. Il joua sur diverses scènes, dont celles du théâtre Impérial, à Québec, et, à Montréal, des théâtres Saint-Denis, Family (plus tard nommé le Corona), Chanteclerc (plus tard nommé le Stella puis le Rideau-Vert). Ses pièces y furent aussi jouées.
En tant qu'auteur dramatique, il a écrit de nombreux monologues et pièces de théâtre, dont plusieurs parurent dans des périodiques. Le 19 février 1910, alors qu'il n'avait que 21 ans, sa pièce Iéna fut jouée au Monument-National par la Compagnie d'art dramatique. Il devint un dramaturge très connu au Québec et même chez les communautés francophones de Nouvelle-Angleterre. Entre 1919 et 1931, année de son décès, il a signé une trentaine de pièces, la plupart étant restées inédites. Selon le magazine Le Samedi du 17 septembre 1921, il est « sans contredit le meilleur dramaturge que nous ayons au Canada ».
L'auteur et historien Richard Foisy écrira en 2009, dans son volume L'Arche : un atelier d'artistes dans le Vieux-Montréal : « Polyvalent, Leclaire passait des gazette rimées (petits poèmes, le plus souvent satiriques, portant sur un sujet d'actualité) aux sonnets galants, des poésies sentimentales aux paroles de chansons et aux pièces de théâtre à caractère historique ou romantique ». Foisy rappelle également que la grande comédienne Juliette Béliveau se produisit dans quelques-unes de ses meilleures pièces.
L'auteur et historien Richard Foisy écrira en 2009, dans son volume L'Arche : un atelier d'artistes dans le Vieux-Montréal : « Polyvalent, Leclaire passait des gazette rimées (petits poèmes, le plus souvent satiriques, portant sur un sujet d'actualité) aux sonnets galants, des poésies sentimentales aux paroles de chansons et aux pièces de théâtre à caractère historique ou romantique ». Foisy rappelle également que la grande comédienne Juliette Béliveau se produisit dans quelques-unes de ses meilleures pièces.
Armand Leclaire est mort à Montréal le 6 août 1931. Le 23 juillet 1912, il avait épousé Rose-Alma Ouellette, qui décéda en juillet 1918. En secondes noces, le 5 juillet 1928, il épousa la comédienne Aurore Alys.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 441 ; La Presse, 6 août 1931 ; Le Samedi, 17 septembre 1921 ; Georges Bellerive, Nos auteurs dramatiques, Montréal, 1933, p. 104-107 ; Richard Foisy, L'Arche : un atelier d'artistes, dans le Vieux-Montréal, Montréal, VLB éditeur, 2009, p. 76 ; La vie littéraire au Québec, tome VI, Québec, Presses de l'Université Laval, 2010, p. 99).
Pour un aperçu de l'ampleur de l'œuvre théâtrale d'Armand Leclaire, cliquer ICI.
À l'occasion où la pièce Judas, ou Fleur d'Irlande fut jouée,
Armand Leclerc fut présenté par le théâtre Chanteclerc, où
se trouve de nos jours le Rideau-Vert, rue Saint-Denis à
Montréal. Pour lire ce texte, cliquer sur cette image :
Montréal. Pour lire ce texte, cliquer sur cette image :
Plusieurs pièces d'Armand Leclaire furent jouées à la salle du Chanteclerc, qui devint plus tard le Stella, rue Saint-Denis à Montréal. De nos jours, c'est le théâtre du Rideau-Vert qui occupe ce même emplacement, avec sa façade moderne d'une glaçante laideur. (Source : 20k) |
Armand Leclaire, tel qu'il apparaît sur la couverture de sa pièce Fleur d'Irlande. |
Armand Leclaire a produit sa propre version de
Au clair de la lune, dans le cadre d'une revue
théâtrale de sa composition. Pour prendre
connaissance de cette version parue dans le
journal Le Passe-Temps du 22 avril 1922,
cliquer sur cette illustration :
Dans son édition du 28 juillet 1918, le journal humoristique Le Canard souligna le décès de l'épouse d'Armand Leclaire. (Source : BANQ) |
Par sa première épouse Rose-Alma, Armand Leclaire était le beau-frère de Bella Ouellette, une importante figure du théâtre québécois des premières décennies du vingtième siècle, et avec laquelle il collabora durant plusieurs années. Bella Ouellette épousa en 1944 le grand comédien Fred Barry. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dans le magazine Montréal qui chante du 23 septembre 1911, Armand Leclaire avait publié un poème sentimental, L'absence. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
À l'occasion de l'odieux Règlement 17 qui, en Ontario,
visait à anéantir les droits scolaires des francophones,
Armand Leclaire a composé Le petit maître d'école, une
pièce de théâtre patriotique qui obtint un grand succès.
Mais à l'époque du Règlement 17, comme l'explique
Leclaire dans sa préface à cette réédition datant de
1929, la pièce était intitulée La petite maîtresse d'école,
ce qui correspondait davantage à la réalité car c'était
des institutrices qui avaient mené le combat :
Mais à l'époque du Règlement 17, comme l'explique
Leclaire dans sa préface à cette réédition datant de
1929, la pièce était intitulée La petite maîtresse d'école,
ce qui correspondait davantage à la réalité car c'était
des institutrices qui avaient mené le combat :
Pour lire le texte de cette pièce, cliquer sur cette image :
Le Samedi du 17 septembre 1921 annonce la première de la pièce Judas, ou Fleur d'Irlande, d'Armand Leclaire, jouée au théâtre Family, à Montréal. Pour lire le texte de cette pièce, cliquer ICI. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Il arrivait à Armand Leclaire de donner dans la critique sociale, même mordante, comme en fait foi cette cinglante parodie de Ruy Blas, de Victor Hugo, parue dans le magazine Le Samedi du 26 mai 1923. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Armand Leclaire a fait la page couverture du numéro de décembre 1929 du magazine Canada qui chante. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Armand Leclaire a publié une dure critique des
comportements des gens de son métier dans le
numéro de mars 1928 du magazine Canada qui
chante. Certains traits qu'il déplorait dans ce milieu
ne semblent guère avoir disparu.
comportements des gens de son métier dans le
numéro de mars 1928 du magazine Canada qui
chante. Certains traits qu'il déplorait dans ce milieu
ne semblent guère avoir disparu.
Cliquer sur cette image pour lire la critique de Leclaire :
Article paru dans La Presse du 6 août 1931, à l'occasion du décès d'Armand Leclaire. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
La Presse, 12 août 1931. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le peintre et poète Émile Vézina a publié une étude sur
l'œuvre poétique et théâtrale alors naissante d'Armand
Leclaire, dans Le Nationaliste des 16 et 23 avril 1911.
Pour lire cette étude, cliquer sur cette photo de Vézina :
Armand Leclaire était le beau-père du légendaire présentateur
sportif René Lecavalier (1918-1999), mais les deux ne se sont
pas connus, car Lecavalier a épousé Jeannine Leclaire en 1945,
soit 14 ans après la mort d'Armand Leclaire.
Cliquer sur cette photo de René Lecavalier pour lire l'article
paru dans le magazine Le Samedi du 11 octobre 1952, où l'on
peut trouver des informations sur ce fait familial :
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