mercredi 27 mai 2020

Cimetière de pêcheurs

Le cimetière Sacré-Cœur, aux Iles-de-la-Madeleine.

(Source : Find-a-Grave)




   Sur le bord du chemin, et regardant la mer,
   Cette "gueuse", tout leur amour et tout leur rêve,
   Les pêcheurs dont les yeux reflétaient le ciel clair
   Dorment en paix, bercés par les chants de la grève.

   Et l'on dit que la vague, amoureuse parfois,
   De ses anciens amis conservant la mémoire,
   Accourt baiser, la nuit, le pied des vieilles croix
   Qui protègent les morts et gardent leur histoire.

   Rudes gars pleins de foi, marins depuis toujours
   Qui couraient l'océan sur les barques légères,
   Penchés dessus le flot bleu comme leurs amours :
   Ils dorment là, les fils à côté de leurs pères.

   Plusieurs y sont couchés depuis cent cinquante ans,
   Chassés de la patrie où riait leur enfance : 
   Ce sont les doux martyrs des "grands dérangements"
   Qui gardaient en leurs yeux un reste de souffrance.

   Avec les jours, bien des noms se sont effacés,
   Et sous le vent les croix ont incliné leurs têtes.
   Les mouettes, qui n'ont point peur des trépassés,
   Viennent souvent s'y mettre à l'abri des tempêtes.

   Et c'est ainsi que tous, pêcheurs jeunes et vieux,
   Ils reposent ayant, comme un mât de misaine
   À leur tête la croix, et la mer devant eux,
   Sous un ciel azuré, dans une île lointaine...

                     Jean Bruchési* (Iles-de-la-Madeleine, 1922)




Tiré de : Jean Bruchési, Coups d'ailes, Montréal, Bibliothèque de l'Action française, 1922, p. 139-140.

*  Jean Bruchési est né à Montréal le 9 avril 1901, de Charles Bruchési, avocat, et d’Elmire Desnoyers. Il fit ses études classiques de 1912 à 1916 au Collège de Montréal, puis au Collège Sainte-Marie de Montréal, où il obtint son baccalauréat en 1921. Après des études en droit à l’Université de Montréal, il fut admis au Barreau en 1924. Boursier du gouvernement du Québec, il poursuivit ses études à la Sorbonne et à l’Institut catholique de Paris, où il reçut en 1926 un diplôme à l’École libre des sciences politiques.
   De retour au Québec en 1927, il enseigna l’histoire et les sciences politiques à l’Université de Montréal jusqu’en 1937.
   De 1928 à 1931, il fut rédacteur du journal Le Canada, de La Revue moderne (1930-1936) et de L’Action universitaire (1935-1937).
   En 1937, il fut nommé sous-secrétaire de la province de Québec, l’un des postes les plus élevés de la fonction publique québécoise qu’il occupa jusqu’en 1959, année où il fut nommé ambassadeur du Canada en Espagne et en Amérique latine (il n’y avait à l’époque qu’un seul poste pour tout le continent sud-américain).
   Il appartint à diverses associations, dont la Société des écrivains canadiens, l’Action canadienne-française pour l’avancement des sciences et la Société des Dix.
   Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Coups d’ailes (poésie, 1922) ; Oscar Dunn et son temps (étude, 1928) ; Jours éteints (essai, 1929) ; Mistral, poète de lumière et de vérité (étude, 1930) ; Aux marches de l’Europe (récit de voyage, 1932) ; Histoire du Canada pour tous (1933) ; Rappels (essais, 1942) ; De Ville-Marie à Montréal (histoire, 1942) ; Le chemin des écoliers (essai, 1944) ; Évocations (essai, 1947) ; L’Université (histoire, 1953) ; Voyages... mirages (récit de voyages, 1957) ; Témoignage d’hier (essai, 1961) ; Souvenirs à vaincre (mémoires, 1974) ; Souvenirs d’ambassade (mémoires, 1976).
   Il s’est vu décerner divers prix honorifiques, dont le Prix d’action intellectuelle (1930), la médaille de l’Académie française (1934 et 1946), le prix Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1949).
   Jean Bruchési est mort à Montréal le 2 octobre 1979. Il avait épousé Berthe Denis le 20 juin 1930.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, Fides, 1981, p. 294 ; Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Fides, 1989, p. 214).

De Jean Bruchési, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Vieilles choses.

Coups d'ailes, recueil de poésies de
Jean Bruchési, d'où est tiré le poème

Cimetière de pêcheurs, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le recueil Coups d'ailes, de Jean Bruchési, est divisé en trois parties intitulées Envolée
En plein ciel et Retour, dont chacune est illustrée par Jean-Baptiste Lagacé, illustrateur 
et fondateur de l'histoire de l'art au Québec.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean Bruchési (1901-1979)

(Source : magazine Voix
nationale
, mars 1942

Dédicace manuscrite de Jean Bruchési au philosophe Hermas Bastien
dont les Poésies Québécoises Oubliées ont également présenté les 
poèmes Les voix de la terre et Remords.

(Collection Daniel Laprès)

En 1934, Jean Bruchési était
caricaturé par Robert La Palme.


(Source : Archives de la Ville de Montréal ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Cette autre caricature de Jean Bruchési est
également l'oeuvre de Robert La Palme.

(Source : édition 1934 de l'Almanach
de la langue française
, Montréal ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Portrait de Jean Bruchési par le dessinateur
J.-Arthur Lemay et paru dans le volume de
celui-ci intitulé Mille têtes (1931).

Jean Bruchési, à gauche, en 1932 avec 
le poète et scénariste Robert Choquette,
dont les Poésies Québécoises Oubliées
ont présenté Ode à la liberté, Hymne à 

l'été et Le chant du coureur-de-bois.

(Source : Jean Bruchési, Souvenirs à 

vaincreMontréal, éditions Hurtubise-
HMH, 1974 ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

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