Hermas Bastien (1896-1977) (Source : La Revue des livres, Montréal, novembre 1935) |
Depuis que le plaisir, annihilant ses charmes,
Ne m'a plus offert que la meute des remords,
Depuis que j'ai connu la richesse des larmes
Que l'on verse sur les rêves morts,
À présent que je sais que la gaieté frivole
Débilite la force et l'ardeur de chanter,
Que l'âme s'avilit dès que sa paix s'envole
Et doute de la félicité,
Je préfère l'azur de la vie intérieure,
La lumière y rayonne à l'horizon lointain.
La sente s'élargit devant la foi meilleure ;
Je m'imagine encore au matin.
Ce sont les chants joyeux de la naïve enfance
Que me chante dans l'âme un vivant souvenir.
Je m'abreuve de joie à voir que nulle offense
De cet âge ne me peut venir.
Sur ma table, deux fleurs dans un vase de Sèvres.
Je me revois, bambin, courant les prés, les champs.
Les rosiers s'élevaient, onduleux, à mes lèvres ;
Des bois à mon cœur venaient des chants.
J'ai cueilli sur la route ardemment bien des roses.
Il me souvient aussi de cantiques pieux.
Les pétales, hélas ! sont des débris moroses
Et les chansons des refrains odieux.
J'ai pensé mon enfance et la brise éternelles.
Quand l'aquilon mugit, ce fut l'effondrement.
Je me console à croire, ô la foi maternelle,
À l'ultime recommencement.
Hermas Bastien* (1919)
Tiré de : Hermas Bastien, Les eaux grises, Montréal, Imprimerie Le Devoir, 1919, p. 201-202.
* Hermas Bastien est né à Montréal le 4 mai 1896, de Clovis Bastien, policier, et d'Amanda Asselin. De 1910 à 1914, il étudia au Collège de Montréal, puis, de 1914 à 1918, au Collège Sainte-Marie, puis à l'Université de Montréal où il obtint une maîtrise et un doctorat en sciences pédagogiques.
Il enseigna dans diverses institutions, dont le Collège Mont-Saint-Louis de 1928 à 1939, l'Université de Montréal de 1931 à 1941. Il interrompit sa carrière d'enseignant de 1941 à 1945 pour devenir major dans l'armée canadienne. Il enseigna également à l'Université Saint-Joseph (Nouveau-Brunswick), puis à partir de 1954 à l'Institut de pédagogie de l'Université de Montréal.
Auteur prolifique, il collabora à divers journaux et périodiques, dont Le Devoir, L'Action française (qui devint L'Action nationale), la Revue dominicaine, L'Action universitaire, Liaison, L'Information médicale et paramédicale, les Cahiers de l'Académie canadienne-française, etc.
Outre son unique recueil de poésies Les eaux grises, il a publié plusieurs livres, dont Les énergies rédemptrices (1923) ; Itinéraires philosophiques (1929) ; La défense de l'intelligence (1932) ; Témoignages : études et profils littéraires (1933) ; Conditions de notre destin national (1935) ; L'enseignement de la philosophie (1936) ; Le bilinguisme au Canada (1938) ; Olivar Asselin : la grandeur d'Asselin en face de la petitesse de son temps (1938) ; L'Ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu au Canada (1948) ; Psychologie de l'apprentissage pédagogique (1954) ; Philosophies et philosophes américains (1959) ; La motivation et l'apprentissage (1964) ; Ces écrivains qui nous habitent (1969) ; Le milieu et l'apprentissage (1973) ; Visages de la sagesse (1974).
Il appartint à diverses associations et institutions, dont l'Académie canadienne-française, l'Académie des sciences morales et politiques, la Société des écrivains canadiens, etc.
Hermas Bastien est mort à Montréal le 21 mai 1977. Il avait épousé Marie-Antoinette Lamothe le 5 mars 1921.
Il appartint à diverses associations et institutions, dont l'Académie canadienne-française, l'Académie des sciences morales et politiques, la Société des écrivains canadiens, etc.
Hermas Bastien est mort à Montréal le 21 mai 1977. Il avait épousé Marie-Antoinette Lamothe le 5 mars 1921.
(Sources : Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 391-392 ; Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, éditions Fides, 1989, p. 70).
De Hermas Bastien, les Poésies québécoises oubliées ont également publié : Les voix de la terre.
Pour en savoir plus sur Hermas Bastien et sa pensée, cliquer sur cette image :
Le poème Remords, ci-haut, est tiré de Les eaux grises, recueil d'Hermas Bastien. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de Hermas Bastien dans son livre Témoignages : études et profils littéraires. (Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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