dimanche 24 mai 2020

Sans retour

Jean-Louis Guay (1903-1932)

(Courtoisie Madeleine
 Guay, sa petite-nièce
)




            La lumière entre à flots
            Par la fenêtre ouverte,
   Dans les airs attiédis vibrent des chants nouveaux ;
            Au souffle de la brise
            Les yeux, les cœurs se grisent ;
   Le réveil printanier ne laisse rien d'inerte.

            Les prés, dessous la neige,
            Commencent à percer. 
   C'est la saison des amours et son joyeux cortège.
            Les grands bois semblent morts
            Dans leurs mornes décors ;
   Mais dès que vient avril on les voit bourgeonner.

            Sous le ciel qui rayonne
            Et l'ardeur du soleil, 
   L'aïeul, sur le sol nu, déambule et fredonne ;
            Un sang nouveau, qui brûle,
            Dans ses veines circule
   Et donne à son vieux cœur la fièvre du réveil.

                              ***

            Les saisons tour à tour
            Apparaissent et passent,
   Mais dans le cycle humain l'enfance est sans retour ;
            Pour rajeunir son être
            Il lui faudra renaître
   Au printemps éternel, et d'éternelle grâce. 

                                Jean-Louis Guay* (1931)



Tiré de : Jean-Louis Guay, Moisson de vie, Sainte-Foy, 1931, p. 153-154. 

* Jean-Louis Guay, fils d'Octave Guay et de Philomène Rouleau, est né à Saint-Adrien d'Irlande, comté de Mégantic, le 27 janvier 1903. 
   On sait peu de choses sur la vie de ce poète, sauf qu'il a fait son cours classique au Collège de Lévis, qu'il a habité quelque temps à Saint-Hyacinthe, et qu'il fut longtemps malade de tuberculose, avant de mourir jeune, à l'âge de 29 ans, le 26 juillet 1932, au Sanatorium Notre-Dame, à Sainte-Foy, près de Québec. Il a été inhumé dans le cimetière de son village natal.
   S
ouvent sous le nom de plume Le PélicanJean-Louis Guay a publié des poèmes dans divers périodiques, dont le magazine La vie au grand air, publication du sanatorium du Lac-Édouard, où il a séjourné quelques années. Son unique recueil de poésies, Moisson de vie, a été publié en 1931, soit l'année précédant sa mort. On peut ICI consulter ou télécharger gratuitement le recueil. 



Pour en savoir plus sur Jean-Louis Guay, voyez les informations et documents sous ses poèmes Les FlotsEntre deux rives,  Une ombre a passé et Nuages et désirs, que les Poésies québécoises oubliées ont également présentés, en plus des poèmes Il neige et L'été revient.  


Le poème Sans retour, ci-haut, est tiré du recueil
Moisson de vie, de Jean-Louis Guay. On peut
télécharger gratuitement le recueil ICI.


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Signature de Jean-Louis Guay derrière cette photo prise
au sanatorium du Lac-Édouard, en Haute-Mauricie, où
le poète était soigné pour la tuberculose qui l'emporta
en 1932, à l'âge de 29 ans.


(Collection Daniel Laprès ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean-Louis Guay est né dans le pittoresque village de
Saint-Adrien-d'Irlande, près de Thetford Mines. Il repose
au cimetière de ce village, dans le lot de ses parents
quoique son nom n'y soit pas indiqué.


(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La plupart des poèmes du recueil Moisson de vie, dont
Il neige, ci-haut, ont été composés par Jean-Louis Guay
au sanatorium du Lac-Édouard, dont il ne reste de nos
jours que des ruines. On aperçoit Jean-Louis Guay, le
deuxième à partir de la gauche sur la galerie du
sanatorium où on faisait prendre l'air aux patients.

Sur la photo du bas on aperçoit la galerie où fut
prise en 1928 la photo des patients alités.

(Photo du haut : collection Madeleine Guay ;
photo du bas : Daniel Laprès, août 2018 ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)


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