mercredi 31 octobre 2018

Une ombre a passé

Jean-Louis Guay (1903-1932)

(Source : famille Guay)




   Sur l'onde
   Qui fuit
   Profonde,
   La nuit
   Je rêve 
   Sans trêve.

   Sur l'onde
   Qui fuit. 

   Tout sommeille 
   Dans les bois,
   Tout s'éveille
   Sous les toits,
   Les froids naissent,
   Les chants cessent ; 

   Tout sommeille
   Dans les bois.

   Dans ma nacelle
   Couleur des cieux
   Et qui chancelle
   Sur les flots bleus,
   Je m'abandonne
   Aux vents d'automne,

   Dans ma nacelle
   Couleur des cieux.

   Dessous la feuillée
   Visible à demi,
   Hier à la veillée
   Une ombre a frémi ;
   Est-ce une âme en peine
   Qui cherche la mienne ?

   Dessous la feuillée
   Visible à demi ?

   J'ai peur et je résiste
   À l'accent de sa voix ;
   Sa plainte qui persiste
   Se meurt au fond des bois ;
   Faut-il que j'y réponde ?
   Est-elle de ce monde ?

   J'ai peur et je résiste
   À l'accent de sa voix.

   « Réponds, âme errante,
   Je veux tout savoir : 
   Êtes-vous souffrante,
   Sans aucun espoir ?
   Venez-vous sur terre
   Quérir ma prière ?

   Réponds, âme errante, 
   Je veux tout savoir ». 

   « Je suis une ombre
   Des trépassés
   Dans la nuit sombre
   Des jours passés ;
   À ta prière
   J'ai droit ― mon frère !

   Je suis une ombre
   Des trépassés ! »

   Avec crainte
   Je me rends
   À la plainte
   Que j'entends.
   L'airain sonne !
   Je frissonne !

   Avec crainte 
   Je me rends.

   Où l'âme
   A fui
   La flamme
   A luit,
   Dans l'ombre
   Plus sombre,

   Où l'âme 
   A fui......

        Jean-Louis Guay (1928)



Tiré de : Jean-Louis Guay, Moisson de vie, Sainte-Foy, 1931, p. 119-123.

Pour en savoir plus sur Jean-Louis Guay, voyez les informations sous son poème Les Flots, présenté par les Poésies québécoises oubliées, en plus de Entre deux rives, du même poète.


Moisson de vie, recueil de Jean-Louis Guay d'où
est tiré le poème Une ombre a passé, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

L'édifice en ruines du Sanatorium du lac Édouard, où Jean-Louis Guay résida
durant quelques années dans les années 1920 afin de soigner la tuberculose
dont il souffrait et qui finit par l'emporter en 1932 à l'âge de 29 ans. C'est là
qu'il a composé la plupart des poèmes de son unique recueil, Moisson de vie.
Le 24 août 2018, le poème Une ombre a passé, ci-haut, a été lu à haute voix
sur le site du Sanatorium, en hommage à son auteur Jean-Louis Guay.

(Photo : Daniel Laprès, 2018 ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Sur la photo du haut, on aperçoit Jean-Louis Guay, au deuxième lit à partir de la droite,
avec d'autres patients tuberculeux au Sanatarium du lac Édouard. La photo a été prise
dans l'une des grandes vérandas aux larges vitrines coulissantes que l'on aperçoit
sur la photo du bas, prise en août 2018.

(Photo : Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean-Louis Guay avec une infirmière du Sanatorium du lac Édouard, en mars 1928.
Le poète a signé de son prénom l'endos de la photo.

(Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Jean-Louis Guay est né à Saint-Adrien d'Irlande, dans la région de Chaudière-Appalaches.
Le poète repose dans le cimetière de ce village au paysage enchanteur.

(Source : Wikipedia ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) 


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