vendredi 25 septembre 2020

Brève est la vie

 

Adolphe Poisson (1849-1922)

(Source : La Revue nationale
volume 1, février-juillet 1895)




   Mon regard éperdu sondait la mer sans borne,
   Et là, seul, je songeais, l'esprit rêveur et morne,
   À la vie éphémère, à nos jours qui s'en vont
   Plus vite que les flots du fleuve vagabond.

   Le flot pousse le flot et, de même, les hommes, 
   Passant sur cette terre ainsi que des fantômes,
   Tombent pour faire place à ceux du lendemain.
   Mobile est l'océan, ainsi le genre humain. 

   Les générations se succèdent, s'entassent
   Sans repos d'un moment, comme les flots qui passent,
   Mais ces derniers, du moins, n'ont-ils pas leur reflux ?
   Vers leur source nos jours ne nous ramènent plus !

   Toujours mûr est l'épi, la moisson toujours prête
   Pour le Temps sans pitié, faucheur que rien n'arrête ;
   Et comme on voit la plaine onduler sous les vents,
   Son souffle cloue au sol la tourbe des vivants.

   La poussière des morts couvre la terre entière
   Et ce globe n'est plus qu'un vaste cimetière.
   Cherchez la forêt vierge où l'on ne trouve pas
   Les vestiges de l'homme et l'œuvre du trépas !

   Ossuaire sans fin, les cimes et les plaines
   Sont, du nord au midi, d'ossements toutes pleines ;
   Et sur tout ces humus entassés par le temps,
   Se croyant immortels, les humains haletants
   Pour les siècles futurs élèvent leurs demeures,
   Quand la mort sans merci leur dispute les heures !

                                     Adolphe Poisson (1894)



Tiré de : Adolphe Poisson, Heures perdues, deuxième édition, Québec, Imprimerie générale A. Côté et Cie, 1895, p. 161-162. Le titre original de ce poème est "Brevis Vitas".

Pour en savoir plus sur Adolphe Poisson, voyez la notice biographique sous son poème L'hospitalité du poète

D'Adolphe Poisson, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : 

Aux défenseurs oubliés de la Patrie ; 


L'envie


Adolphe Poisson est l'un des 100 poètes présentés
dans Nos poésies oubliées, qui vient de paraître.
Pour se procurer un exemplaire de cette édition
unique et limitée, cliquer ICI pour le commander
via Interac ou par chèque, ou ICI par VISA.


Le poème Brève est la vie, ci-haut,
est tiré du recueil Heures perdues,
d'Adolphe Poisson. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Dédicace manuscrite d'Adolphe Poisson 
dans son recueil Sous les pins.

(Collection Daniel Laprès ; 
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire