Maison de fermiers au soleil couchant, Baie-Saint-Paul, 1923, par Clarence Gagnon (1881-1942) (Source : Galerie Alan Klinkhoff) |
Le soleil est toujours brûlant ; et les blés d'or,
Autour des seuils, au bord des eaux, le long des sentes,
Au souffle assoupissant du fiévreux Thermidor
Balancent tristement leurs ondes languissantes.
Avec les blés, les fruits, déjà mûrs, charment l'œil.
L'ombreux verger rougeoie et le pré chaud rayonne.
Notre terre féconde étale avec orgueil
Le soleil est toujours brûlant ; mais les campeurs
S'ébattent dans les flots de l'aurore aux étoiles.
Et le soir, dans les plis transparents de ses voiles,
Nous apporte parfois d'enivrantes fraîcheurs.
La rosée à foison choit des blanches nuées
Sur les gazons roussis ; et, belle d'abandon,
Mainte femme alanguie, accoudée au balcon,
Livre au vent de la nuit ses tresses dénouées.
Tous les amusements ont fui de la cité.
Nous prodigue les bains, les régates, la pêche,
Le gazouillis des eaux, l'air et la liberté.
Le soleil est toujours brûlant ; mais de nos rives
Et de nos monts altiers, en de bruyants essaims,
Les touristes cossus des grands états voisins
Animent les hôtels, les bosquets, les eaux vives.
Et, pendant qu'assoiffés de frais, de gais flâneurs
S'en vont, sous le feuillage ombreux, manger sur l'herbe,
Revenus de leurs champs glanés, des moissonneurs,
Joyeux, le rye en main, mouillent la grosse herbe.
William Chapman (1912)
Tiré de : William Chapman, Les fleurs de givre, Paris, Éditions de la Revue des poètes, 1912, p. 61-62. La série «L'année canadienne», d'où provient le poème ci-haut, a été publiée pour la première fois dans le numéro de janvier 1911 de la Revue canadienne.
William Chapman (1850-1917) (Source : BANQ) |
Le poème Août, ci-haut, est tiré du recueil de William Chapman, Les fleurs de givre, que l'on peut télécharger gratuitement ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dédicace manuscrite de William Chapman à Jean-Baptiste Caouette dans Les fleurs de givre. (Collection Daniel Laprès) |
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On a l'impression d'y être avec le tableau de Clarence Gagnon en appui à ce poème. Merci!
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