mardi 2 février 2021

Février

Pris dans la tempête par Cornelius Krieghoff (1815-1872)

(Source : Hughes de Jouvancourt, Cornelius Krieghoff, Montréal, Stanké, 1979, p. 57)




   Le soleil maintenant allonge son parcours ;
   L'aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ;
   Mais l'air est toujours vif, l'autan rugit toujours
   Parmi les rameaux nus et glacés des érables.

   L'avalanche sans fin croule du ciel blafard ;
   Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
   Cependant à travers bise, neige, brouillard,
   Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.

   Et tous les rudes sports d'hiver battent leur plein
   Au milieu des clameurs follement triomphales ;
   Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin,
   Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.

   Sur le ring ou l'étang par le vent balayé,
   Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
   Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
   Des couples d'amoureux cheminent dans la plaine.

   Par un souffle inconnu chacun est emporté ;
   Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle ;
   Et dans le bourg naissant comme dans la cité
   Le bruyant Carnaval agite sa crécelle

   Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs ;
   Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
   La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs 
   S'élancent à l'assaut des grands palais de glace.

   À d'émouvants tournois la multitude accourt ;
   Tout le peuple s'ébat, tout le peuple festoie,
   Car, puisque février est le mois le plus court,
   Il voudrait s'y griser de la plus longue joie.

                            William Chapman (1912)



Tiré de : William Chapman, Les fleurs de givre, Paris, Éditions de la Revue des poètes, 1912, p. 49-50. La série «L'année canadienne», d'où provient le poème ci-haut, a été publiée pour la première fois dans le numéro de janvier 1911 de la Revue canadienne.

Pour en savoir plus sur William Chapmancliquer ICI

De William Chapman les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : À Percé ; L'île d'Orléans ; Sur la tombe de Lucien Turcotte ; Janvier.


William Chapman (1850-1917)

(Source : BANQ)

Le poème Janvier, ci-haut, est tiré du recueil
de William Chapman, Les fleurs de givre, que
l'on peut télécharger gratuitement ICI

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Dédicace manuscrite de William Chapman à
Jean-Baptiste Caouette dans Les fleurs de givre.

(Collection Daniel Laprès)


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William Chapman (tenant une cane et un livre) avec trois hommes sur un bateau.

(Source : Archives du Séminaire de Québec ; Musée de la civilisation du Québec)

Le poète William Chapman (à l'arrière)
et un ami non identifié.

(Source : Archives du Séminaire de Québec ; 
Musée de la civilisation du Québec)

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