Gaétan Valois (1886-1952) (Source : Biographies canadiennes- françaises, Montréal, 1927, p. 489) |
Le ciel, ce soir, est comme un champ
Dont la terre est le firmament.
Avec des clartés dans ses voiles,
La neige semble le soleil
De l'août céleste aux fruits vermeils ;
On fait la moisson des étoiles.
Saison joyeuse des hivers
Où l'été revient à l'envers.
Déjà le chariot de l'Ourse,
Sous la charge des épis d'or,
Ouvre un cortège à Messidor ;
Le Sagittaire prend sa course.
Partout à l'œuvre, les Gémeaux
Chantent en cueillant des émaux.
Là-bas, la Vierge qui se penche
Est la glaneuse qui les suit ;
Un clair de neige dans la nuit
Illumine sa robe blanche.
Un peu plus loin, un moissonneur
Se redresse las de labeur.
Comme une faucille brillante,
Il aiguise le croissant fin,
Et lance à chaque tour de main
Un éclair d'étoile filante.
Le Verseau préside au torrent
Où les bêtes boivent en rang.
En ôtant son chapeau, Saturne
Éponge une perle à son front,
Et, sans retarder la moisson,
Il tend sa lèvre au bord de l'Urne.
Ici-bas, froide est notre nuit,
Mais au ciel un bel été luit.
Les étoiles, sous l'hécatombe
Que poursuit la cruelle faulx,
Vont disparaître, car il faut
Que la dernière gerbe tombe.
Ils se hâtent, les ouvriers,
De remplir les divins greniers.
Mais dès que l'Orient se dore,
C'est la fin du jour sidéral ;
La récolte du champ astral
Est emporté avant l'aurore.
Et l'on s'occupera demain
Des épis mûrs du clos voisin.
Gaétan Valois* (1927)
Tiré de : J. L. L. d'Artrey, Quinze ans de poésie française à travers le monde. Anthologie internationale, Paris, La France universelle, 1927, p. 189-190.
* Gaétan Valois est né à Sainte-Scholastique le 2 juillet 1886, de J.-Évariste Valois, notaire, et de Corinne Langlois. Il fit ses études classiques aux séminaires de Sainte-Thérèse et de Joliette, puis il étudia le droit à l'Université de Montréal, dont il fut diplômé en 1911.
Pendant ses études de droit, il fit du journalisme au journal Le Canada, que dirigeait son oncle, Godfroy Langlois. Il débuta sa pratique de notaire à Saint-André-d'Argenteuil, puis s'installa quelques temps à Montréal. Il reprit le bureau notarial de son père, à Lachute, à la mort de celui-ci, et il exerça cette profession dans cette ville jusqu'à son décès.
Il fut président d'élection dans son comté et officier rapporteur lors de diverses campagnes électorales. De 1916 à 1922, il fut conseiller municipal de la ville de Lachute, puis commissaire d'école. En 1943, il fut nommé membre du Comité catholique de l'Instruction publique, à Québec. Il est l'un des fondateurs de l'Hôpital de la Providence, dans cette même municipalité. Il fut durant les années 1920 secrétaire général de l'Association du notariat canadien, et devint plus tard, jusqu'en 1948, vice-président de la Chambre des notaires du Québec.
Tout en exerçant sa profession, passionné de littérature, il fut notamment administrateur et rédacteur en chef du journal L'Autorité et collabora à divers journaux et périodiques, dont L'Avenir du Nord (Saint-Jérôme) où il publia en 1949 et 1950, sous la signature de « L'Aigle d'Argent » une série de « Propos d'un Sauvage ― Calumet hebdomadaire ». Il publia des poésies éparpillées dans divers journaux, dont quatre furent sélectionnées pour faire partie de l'anthologie internationale Quinze ans de poésie française à travers le monde, parue à Paris en 1927. Il donna des conférences sur des thèmes culturels. Il s'intéressa aussi à la musique, ayant composé des pièces pour piano et autres instruments, dont certaines furent publiées dans la revue musicale et littéraire Le Passe-Temps. Il a aussi écrit des opérettes dont l'une, Philippino, fut mise en musique par Oscar O'Brien et jouée à la radio de Radio-Canada en 1943. Il est également l'auteur de chansons et fut lui-même un chanteur apprécié.
En 1953, les éditions Fides ont publié de lui une œuvre posthume, Minutes retrouvées.
Gaétan Valois est mort à Lachute le 1er décembre 1952. Il avait épousé Blanche Champagne le 10 juin 1912. Douze enfants naquirent de cette union. Il était le cousin de Léonise Valois (nom de plume « Atala »), première femme ayant publié un recueil de poésies au Québec).
(Sources : Biographies canadiennes-françaises, Montréal, 1927, p. 489 ; Les biographies françaises d'Amérique, Sherbrooke, Les Journalistes associés, 1950, p. 744 ; L'Avenir du Nord, 10 avril 1925 et 5 décembre 1952 ; Le Devoir, 10 août 1935, p. 1 et 19 mars 1943, p. 1 ; Louise Warren, Léonise Valois, femme de lettres, Montréal, L'Hexagone, 1993, p. 284).
Le poème Moisson hibernale, ci-haut, de Gaétan Valois, est paru dans l'anthologie Quinze ans de poésie française à travers le monde, publiée à Paris en 1927. On peut télécharger le volume ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Introduction aux poèmes de Gaétan Valois dans Quinze ans de poésie française à travers le monde, une anthologie internationale parue à Paris en 1927. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Gaétan Valois a publié des pièces musicales dans la revue littéraire et musicale montréalaise Le Passe-Temps. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Les Poésies québécoises oubliées ont retrouvé une valse composée
par Gaétan Valois en 1905, alors qu'il avait 19 ans. Pour en entendre
une interprétation par Michel Du Paul, cliquer sur cette image :
Entrefilet dans le journal humoristique Le Canard du 20 septembre 1908 au sujet de Gaétan Valois. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Compte-rendu d'une conférence de Gaétan Valois dans L'Avenir du Nord (Saint-Jérôme) du 10 avril 1925. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Gaétan Valois a achevé en 1935 le livret d'une opérette,
Philippino, mise en musique par Oscar O'Brien. Lucien
Desbiens, critique musical au Devoir, publia en première
page du journal, le 10 août 1935, une longue critique,
fort élogieuse, de l'œuvre. On peut prendre connaissance
de cette critique en cliquant sur le titre de l'article :
Malgré les critiques élogieuses, il aura fallu huit ans
pour que l'opérette Philippino, dont le texte est de
Gaétan Valois, soit finalement jouée, à la radio de
Radio-Canada, le 15 mars 1943. Lucien Desbiens,
critique musical au Devoir, se montre alors tout
aussi élogieux qu'il ne l'était huit ans plus tôt,
alors qu'il découvrait le livret et la musique de
l'œuvre. En témoigne cet article paru encore
une fois en première page dans Le Devoir du
19 mars 1943 (cliquer sur l'image
pour l'agrandir) :
L'Avenir du Nord, 5 décembre 1952. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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