lundi 7 décembre 2020

Sur la tombe de Lucien Turcotte

Lucien Turcotte (1847-1874),
sujet du poème ci-dessous de

William Chapman (1850-1917)

(Source : Musée de la civilisation du Québec)




   Il n'est plus, ce jeune homme à l'âme de poète,
   Au regard plein d'éclairs, au front calme et serein :
   La mort impitoyable a foudroyé sa tête,
                De son bras souverain.

   Pourtant, naguère encore il marchait dans la foule,
   Le cœur plein de projets, de rêves de bonheur,
   Il se laissait bercer, sans remords, sur la houle
                De ce monde en fureur. […]


   Orateur et savant, il s'abreuvait de gloire ;
   On jetait des lauriers à flots sur son chemin ;
   L'avenir, lui gardant victoire sur victoire,
                Tendait vers lui sa main. 

   Digne fils du tribun, de l'homme magnanime
   Que nous pleurons encor,―dans son ambition
   Il eut sans doute atteint quelque sommet sublime
                Pour y graver son nom. 

   Mais aussi, que d'écueils il eut eus sur sa route,
   Que de fois dans les pleurs son cœur se fût baigné,
   Que de fois sa pauvre âme aux épines du doute
                Eut peut-être saigné !

   En soufflant tout à coup le flambeau de sa vie,
   La mort l'a préservé d'orages sous son ciel ; 
   De la coupe des jours, à ses lèvres ravie,
                Il n'a bu que le miel. 

   Maintenant il sommeille où tout homme un jour tombe,
   Là, jamais aucun bruit n'ira contrarier
   Son cœur d'élite, et seule, au soir, près de sa tombe
                Une ombre ira prier.

   Et comme un saint dépôt, recueillant sa mémoire,
   Effeuillant des monceaux de fleurs sur son renom,
   Le pays l'inscrira dans le saint panthéon
                De notre jeune histoire ! 

                          William Chapman (15 janvier 1874)



Tiré de : William Chapman, Les Québecquoises, Québec, Typographie de C. Darveau, 1876, p. 147-149. Le poème est préalablement paru le 15 janvier 1874 dans le journal Le Canadien.  

   Lucien Turcotte, sujet du poème ci-haut de William Chapman, est né à Trois-Rivières le 2 février 1847 de Joseph-Édouard Turcotte, avocat, tribun et homme politique, et de Flore Buteau. 
   Après ses études classiques au Séminaire de Trois-Rivières, il entreprit des études de droit à l'Université Laval, de Québec. Il perfectionna sa formation légale à Paris, où il séjourna deux années. À son retour, il occupa une chaire d'enseignement du droit à l'Université Laval et connut un brillant début de carrière en tant qu'avocat.
   Intéressé par les lettres et le journalisme, il fut en 1872 rédacteur en chef du journal Le Canadien. Conservateur en politique, il avait néanmoins appuyé son ami du parti adverse, Hector Fabre, aux élections provinciales de 1873. Lui-même était candidat aux élections fédérales de 1874 lorsqu'une maladie, probablement la tuberculose, causa sa mort le 12 janvier 1874, à Trois-Rivières. Il était âgé de 26 ans. 
(Sources : Oscar Dunn, Lectures pour tous, Québec, Imprimerie Léger Brousseau, 1877, p. 7-16 ; Le Journal des Trois-Rivières, 21 janvier 1874).   

Pour en savoir plus sur William Chapman, auteur du poème ci-haut en hommage à la mémoire de Lucien Turcotte, cliquer ICI

De William Chapman, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : L'île d'Orléans et À Percé.


Le poème Sur la tombe de Lucien Turcotte, ci-haut, est tiré 
de Les Québecquoises, recueil de William Chapman. 

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Dans le journal Le Canadien du 27 février 1874, le journaliste
Oscar Dunn, dont les Poésies québécoises oubliées ont présenté
récemment le poème Une feuille, a publié un article à la mémoire
de son ami et compagnon d'armes Lucien Turcotte. Dunn a publié
ce texte dans ses deux ouvrages, Dix ans de journalisme (1876) 
et Lectures pour tous (1877). On peut accéder à ce texte en 
cliquant sur cette photo d'Oscar Dunn : 


Dans le journal Le Canadien du 14 janvier 1874, l'écrivain et 
journaliste Arthur Buies a publié un article sur la mort de 
son ami et collègue Lucien Turcotte. On peut accéder à ce 
texte en cliquant sur cette photo de Buies : 


Publicité du cabinet d'avocats de Trois-Rivières dont faisait 
partie Lucien Turcotte. À noter que "la Rivière-du-Loup" 
dont il y est fait mention est Louiseville, et non pas la
municipalité de Rivière-du-Loup dans le Bas-du-Fleuve.

(Source : Le Journal des Trois-Rivières, 15 janvier 1874)

Le Journal des Trois-Rivières, 15 janvier 1874.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le Journal des Trois-Rivières, 19 janvier 1874.

(Source : BANQ
)

Le Canadien, 21 janvier 1874. 

(Source : BANQ)

Le Canadien, 23 janvier 1874.

(Source : BANQ)

Maison paternelle de Lucien Turcotte, où il grandit, sur la Terrasse-Turcotte
à Trois-Rivières, telle qu'elle apparaît de nos jours.

(Source : Patrimoine culturel du Québec)

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