samedi 12 décembre 2020

Le poète malade

Olivier-Victor Bourbeau-Rainville (1873-1916)

(Source : André Couture, Les doux fantômes 
d'un grand regret
, Gatineau, Société d'histoire
de l'Outaouais, 2008)




          Au délicat poète Albert Ferland
          pour lui souhaiter la force d'obéir à sa muse.


   Pourquoi m'éveillez-vous, frais rayons de l'aurore ?
   Le sommeil m'est si doux ! J'y peux rêver encore.
   Que faire maintenant avec un nouveau jour,
   Si je ne puis remplir ma tâche coutumière ?
   Heureux le paysan qui sort de sa chaumière
   Et, robuste, conduit ses bœufs par le labour !

   Mon cœur le suit. Partout la nature s'éveille.
   Des sons mélodieux enchantent mon oreille.
   Tout retourne au travail avec rires et chants.
   Tel l'érable blessé laisse couler sa sève,
   Tel j'irai de mon cœur laisser couler le rêve
   Près des sources, sous bois, sur les monts, dans les champs. 

   J'aurais voulu tresser les beautés de l'Histoire
   Et tresser de mes vers des couronnes de gloire
   Aux héros, artisans de mon jeune pays ;
   Mais pour peindre les traits, les mœurs, les caractères
   Des immortels semeurs, pionniers de nos terres,
   Il me faudrait leur force au milieu des taillis.

   Et mon esprit ressemble aux étoiles lointaines
   Jetant à l'horizon leurs lueurs incertaines,
   Près de la rampe d'or où le jour va mourir.
   Par les minces rayons de ces pâles lumières,
   On sent glisser les pleurs de mystiques paupières
   Qui versent la rosée aux fleurs qui vont s'ouvrir.

   Songe aux Gethsémanis dont les larmes demeurent. 
   Va vers Celui qui dit : "Bienheureux ceux qui pleurent". 
   Quand tu ne pourras plus faire chanter les mots,
   Sentant vibrer ton cœur au choc de la souffrance,
   Regarde au fond du ciel l'astre de l'Espérance,
   Ravive ton courage et souris à tes maux. 

              Olivier-Victor Bourbeau-Rainville (1916)



Tiré de : revue Le Pays laurentien, Montréal, février 1916, p. 29.

Pour en savoir plus sur Olivier-Victor Bourbeau-Rainville, voyez la notice biographique et les documents sous son poème L'oeil 

Le poème malade, ci-haut, d'Olivier-Victor
Bourbeau-Rainville, est tiré du numéro de
février 1916 de la revue Le Pays laurentien.

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Outre de nombreux poèmes publiés dans divers journaux et périodiques, Olivier-
Victor 
Bourbeau-Rainville a écrit des pièces des théâtre, dont Dollard des Ormeaux,
qui fut jouée à Montréal en 1911 et qui connut un certain succès. On voit ci-haut la
dédicace manuscrite de l'auteur dans un exemplaire du texte de cette pièce,
accompagné de notes, toujours de la main de l'auteur, expliquant le cadre
dans lequel la pièce fut jouée. On peut télécharger gratuitement le texte
de cette pièce en cliquant ICI.

(Collection Daniel Laprès ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Le poème ci-haut est adressé au poète Albert Ferland.

(Source : Louis-Joseph Béliveau et la vie littéraire 
de son temps
, Montréal, Fides, 1984, p. 103)

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