jeudi 1 juillet 2021

Juillet

« Arbres au soleil » (1903) par Clarence Gagnon (1881-1942)

(Source : Wiki-Art)




   Le soleil brûle au fond de l'immense ciel bleu.
   Pas un flambeau de vent ne traîne sur les ondes.
   La canicule étreint dans un cercle de feu
   Jusqu'aux sapins touffus des savanes profondes.

   Les ruisseaux ont cessé leurs chants dans les vallons ; 
   Les coteaux sont jaunis, les sources desséchées ; 
   Le grillon, accablé, se tait sur les sillons ;
   Le papillon se meurt sur les roses penchées.

   Tout souffre et tout gémit dans ce nouvel enfer.
   Et, pâles et poudreux, en quête d'un asile, 
   Les citadins hier ont déserté la ville
   Pour humer l'air léger des monts ou de la mer.

   Mais l'effluve est aussi lourd dans le bas du fleuve,
   Et le brun riverain, la faux sifflante aux poings, 
   En ouvrant sa tranchée à travers les grands foins,
   Péniblement halète, imprudemment s'abreuve. 

   Le soleil parfois semble une flaque de sang. 
   Et soudain un nuage à la frange écarlate 
   Monte de l'horizon. L'orage menaçant
   Accourt. Déjà l'éclair brille, la foudre éclate.

   Bientôt le ciel voilé laisse couler ses pleurs :
   Sous cette aspersion sonore, fraîche et dense,
   Les arbres, les épis, les ajoncs et les fleurs
   Ont l'air de s'incliner devant la Providence.

   Mais l'azur resourit au terroir tout trempé
   Et, le soir, sur le pas de nos portes ouvertes,
   Nous nous grisons de l'âcre odeur des feuilles vertes,
   De l'orge blondissante et du foin frais coupé. 

                                      William Chapman (1912)



Tiré de : William Chapman, Les fleurs de givre, Paris, Éditions de la Revue des poètes, 1912, p. 59-60. La série «L'année canadienne», d'où provient le poème ci-haut, a été publiée pour la première fois dans le numéro de janvier 1911 de la Revue canadienne.

Pour en savoir plus sur William Chapmancliquer ICI

De William Chapman, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté: Janvier ; Février ; Mars ; Avril ; Mai ; JuinÀ Percé ; L'île d'Orléans ; Sur la tombe de Lucien Turcotte. 

William Chapman (1850-1917)

(Source : BANQ)

Le poème Juillet, ci-haut, est tiré du recueil de
William Chapman, Les fleurs de givre, que
l'on peut télécharger gratuitement ICI

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Dédicace manuscrite de William Chapman à
Jean-Baptiste Caouette dans Les fleurs de givre.

(Collection Daniel Laprès)


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