mardi 20 juillet 2021

Le vent du soir

Clovis Duval (1882-1951)

(Source : son recueil Le Bouquet)



                                       I


   Au moment de changer de circuit planétaire,
   Le vent qui, comme nous, s'attache à sa prison,
   Ressent, devant le saut bruni de l'horizon,
   Un nostalgique effroi que sa voix ne peut taire.

   C'était bon se briser aux toits drus de la terre ;
   Et là-bas, quels déserts entre chaque maison !
   Et si quelqu'un allait lui demander raison
   De ne rien rapporter ? Voici ce qui l'atterre. 

   Parti couvert du don des astrales lueurs,
   Il ne traîne en retour que larmes et sueurs
   Dont s'humecte sans fin la poudre de sa route !

   N'en pouvant plus, il tombe au firmament moins bleu ;
   Mais, au silence qui suit sa chute, il écoute
   Comme des diamants baiser les pieds de Dieu.

                                       II

   « Quel est donc ce tribut que ta chute prolonge,
   Trop pesant pour ta force et plus doux qu'un zéphir »,
   Demande au vent tombé qui portait cet Ophir
   L'astre qui le recueille et lui coupa sa longe.

   Il parle, et lui dit l'homme et le mal qui le ronge,
   L'infini ; que c'est pour, elle-même, y gravir
   Que son âme a sué ce collier de saphir.
   Et le soir qui l'entend n'est qu'un immense songe.
  
   ― Est-elle comme nous lumière quelque part ? 
   ― Oui, répondent les vents : son ciel est un regard.
   ― Voit-elle ? Partout, bien qu'étant prisonnière.

   ― Mais alors, vent conteur de son charme ébloui,
   Ne vous est-elle pas parente à sa manière ?
   Et le vent de répondre : Elle est un souffle, oui ! 

                                        Clovis Duval (1936)



Tiré de : Clovis Duval, Les aspects, Saint-Lô, Éditions de Scripta, 1936, p. 159-160.

*  Louis Henri Clovis Duval est né à Batiscan le 5 septembre 1882, de Pierre Duval, navigateur, et de Séraphine Lahaye. Il fit ses études classiques au Petit séminaire de Trois-Rivières (devenu le Séminaire Saint-Joseph), puis ses études de médecine à l'Université Laval, à Québec. 
   Reçu médecin en 1907, il exerça d'abord sa profession dans son village natal, puis, à partir de 1920, à Rivière-au-Renard, en Gaspésie. En 1927, il s'installa à Montréal, puis à Charlemagne et à Trois-Rivières. 
   Sa véritable passion étant la poésie, à laquelle il s'adonna à partir de 1907, il a publié trois recueils de poésies : Les Fleurs tardives (1923) ; Les Aspects (1936) et Le Bouquet (1950). Il a publié d'autres poésies et des articles dans divers journaux et périodiques, dont Le Nouvelliste et Le Bien public. Quelques-uns de ses poèmes ont été mis en musique par Gédéon Boucher.
   Chanteur, il donna plusieurs tours de chant à travers le Québec, dont certains eurent pour maître de cérémonie Maurice Duplessis, futur premier ministre du Québec, avec lequel il s'était lié d'amitié. Durant les années 1930, il se rendit en France pour approfondir ses connaissances de l'art du chant. 
    Atteint d'une maladie cardiaque, il retourna à Batiscan, où il est mort le 22 décembre 1951.
   Le critique littéraire Roger Chamberland a dit de son oeuvre : « Le poète chante la Nature et y puise tout le réconfort que son âme en mal d'une radieuse sérénité voudrait obtenir ».  
(Sources : Thérèse Lafontaine-Cossette, Clovis Duval, dans Héritage revue de la Société de généalogie du Grand Trois-Rivières, vol. 38, no 4, hiver 2016, p. 33-34 ; Dictionnaire Guérin des poètes d'ici de 1606 à nos jours, Montréal, éditions Guérin, 2005, p. 487 ; Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, éditions Fides, 1981, p. 505 ; L'Artisan, 7 novembre 1979 Ancestry.ca).

De Clovis Duval, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Soleil d'hiver et La partie de cartes.


Les aspects, recueil de Clovis Duval d'où
est tiré le poème Le vent du soir, ci-haut.

(Cliquer sur l'image pour l'élargir)

Préface de Jean-Louis Vaneille, spécialiste de la littérature de
Normandie, dans le recueil Les Aspects, de Clovis Duval.

(Cliquer sur le texte pour l'élargir) 

Clovis Duval, vers les années 1910.

(Fragment d'une photo de groupe. 
Source : Ginette Duval, sa petite-nièce)

Clovis Duval, vers la fin de sa vie. 

(Fragment d'une photo de groupe. 
Source : Ginette Duval, sa petite-nièce)

Le Bien public (Trois-Rivières), 
3 septembre 1909.

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'article pour l'élargir)

Présentation d'un poème de Clovis Duval, suivi d'un commentaire de
Camille Duguay dans Le Canadien (Thetford Mines), 20 novembre 1919.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

Brève présentation du premier recueil de
poésies de Clovis Duval, Les fleurs tardives,
dans Le Bien public (Trois-Rivières) du 
7 juin 1923.

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'article pour l'élargir)

Critique du recueil Les aspects, de Clovis Duval, par le poète et journaliste
Clément Marchand dans Le Bien public (Trois-Rivières), 12 novembre 1936.

(Sources : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir)

Le Devoir, 1er décembre 1936. 

(Source : BANQ ; cliquer sur 
l'article pour l'élargir)

Critique du recueil Les aspects, de Clovis Duval, dans 
le numéro de janvier 1937 de La Revue moderne.

(Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) 

Le recueil Les aspects, de Clovis Duval, a été l'objet 
d'une deuxième édition en 1938, comme en fait foi
cet article du Bien public du 15 décembre 1938.

(Source : BANQ ; cliquer sur
l'article pour l'élargir)

Le Nouvelliste (Trois-Rivières),
9 janvier 1939.


Le Soleil, 29 janvier 1952.

(Source : BANQ)

Clovis Duval fut durant plusieurs années maître de chant
pour sa paroisse natale de Saint-François de Batiscan.

(Source : Wikipedia)

Maison familiale de Clovis Duval, où il est mort en décembre 1951, à Batiscan.
Elle est située à côté de l'église, sur le Chemin du Roy, face au fleuve Saint-Laurent

(adresse civique : 661 rue Principale).

(Source :  Streetview ; cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Monument funéraire de la famille de Clovis Duval, 
au cimetière de Batiscan.

(Photo : Daniel Laprès, août 2019)

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