lundi 3 mai 2021

Mai

Éclaircie à Beaupré (1903), par Clarence Gagnon (1881-1942)

(Source : Madeleine Landry, Beaupré (1896-1904), lieu d'inspiration
d'une peinture identitaire
, Québec, Septention, 2014).




   Sur le fleuve ruisselle une lumière chaude
   Et l'immuable azur sourit au flot mouvant.
   Le feuillage tressaille aux caresses du vent.
   Où le givre brillait rayonne l'émeraude.

   Le vallon redevient un coin du paradis.
   Tout scintille, tout chante et tout s'idéalise,
   Et le merle, amoureux, nuit et jour vocalise
   Sous le dais ondoyant des bosquets reverdis.

   La ramure se lustre et la vague s'irise. 
   L'air est lourd du parfum capiteux des lilas.
   Du ruisseau, que figeaient glace, neige et verglas,
   Des trils d'harmonica s'envolent dans la brise.

   Le Nord laurentien luit comme le Midi ;
   Nos eaux ont tout l'éclat des miroirs de Venise,
   Et les palais flottants, que heurta la banquise,
   Reviennent sillonner leur cristal attiédi.

   Le soc d'acier, tranchant et clair comme le glaive,
   Rouvre l'âpre jachère où dormaient les grillons,
   Et des guérets fumants, inondés de rayons,
   Vers l'ostensoir des cieux un encens d'or s'élève.

   Sous l'étincellement du plus riant des mois
   L'âme s'émeut, le spleen s'enfuit, le sport s'agite,
   Et sur des lacs lointains, où foisonne la truite, 
   Les pêcheurs joyeux font merveille au cœur des bois.

   Et la brise, frôlant les grands flots de turquoise,
   Nous apporte la voix mâle des gais flotteurs
   Qui, sur leurs longs radeaux aux sauvages senteurs,
   Chantent à plein gosier : « C'est la belle Françoise ».

                                       William Chapman (1912)



Tiré de : William Chapman, Les fleurs de givre, Paris, Éditions de la Revue des poètes, 1912, p. 55-56. La série «L'année canadienne», d'où provient le poème ci-haut, a été publiée pour la première fois dans le numéro de janvier 1911 de la Revue canadienne.

Pour en savoir plus sur William Chapmancliquer ICI

De William Chapman les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : À Percé ; Sur la tombe de Lucien Turcotte ; L'île d'Orléans ; Janvier ; Février ; Mars ; Avril.

William Chapman (1850-1917)

(Source : BANQ)

Le poème Mai, ci-haut, est tiré du recueil
de William Chapman, Les fleurs de givre, que
l'on peut télécharger gratuitement ICI

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

Dédicace manuscrite de William Chapman à
Jean-Baptiste Caouette dans Les fleurs de givre.

(Collection Daniel Laprès)


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