Louise-Amélie Panet (1789-1862) (Source : Marcel Ducharme, Louise-Amélie Panet, seigneuresse, artiste-peintre, poétesse, L'Assomption, Éditions Point du Jour, 2016) |
Léger petit oiseau
Haut et bas qui voltige,
Pose-toi donc, te dis-je.
Ah ! le voilà ; mais qu'il est beau
Enfin fixé sur cette tige !
Ton œil est un grenat.
Plutôt cette parcelle
Que couvre ta prunelle
Qui du feu brillant a l'éclat,
En est une vive étincelle.
Cesse ton mouvement,
Oisillon, je te prie.
J'ai la plus vive envie
De te contempler un moment :
Arrête ces sauts de folie !
Il s'arrête, et son cou
Se gonfle, et vers le faîte
Du ciel levant la tête,
Il semble que j'ouïs «glou-glou».
Va-t-il me donner une fête ?
Oui, j'entends ses accents.
Un sonore ramage
Remplit le frais bocage ;
Du flageolet aux sons perçants
Il imite au vrai le sifflage.
Il change de couplet,
Lentement il roucoule.
Tous doux sa note roule,
Semblable au bruit qui tant me plaît
D'un humble ruisseau qui s'écoule.
Écoutons quels roulis
Dans l'air se font entendre !
Quels sons joyeux et tendres !
Par mille aimables gazouillis,
Son cœur paraît vouloir s'épandre.
Sous de prochains buissons,
Sa compagne chérie
Comprend sa voix amie
Et couve mieux ses nourrissons
Qui forment leur fortune unie.
Ô doux êtres ailés,
Vos chants, votre parure,
Font aimer la nature.
Dans mes bosquets, en paix, volez,
Et trouvez-y votre pâture.
Ah ! quand le souvenir
Du temps passé m'agite,
M'enivre ou bien m'irrite,
Poussez-moi vos cris de plaisir,
Afin que le souci me quitte.
Louise-Amélie Panet (vers 1841)
Tiré de : Yolande Grisé et Jeanne d'Arc Lortie, s.c.o., Les textes poétiques du Canada français, volume 4, Montréal, Fides, 1991, p. 417-419. Le poème est préalablement paru de façon posthume dans la revue La Kermesse, Québec, 25 novembre 1892 (voir ci-dessous).
* Louise-Amélie Panet est née à Québec, de Pierre-Louis Panet, notaire, et de Marie-Anne Cerré. Après son cours primaire chez les Ursulines, à Québec, elle termina en 1801 ses études chez les Dames de la Congrégation, à Montréal. En 1808, elle fréquenta l'atelier de William von Berczy et sa famille, et réalisa trois portraits qui marquèrent le début de sa carrière d'artiste-peintre. Elle s'intéressa aussi aux Lettres, ses premiers poèmes connus ayant été rédigés en 1812. Elle rédigea par la suite de nombreux autres poèmes.
Le 27 septembre 1819, elle épousa William Bent Berczy à la cathédrale anglicane de Montréal. Elle s'établit dès lors avec son époux à Windsor (Ontario). À la mort de sa mère, en 1828, le couple emménage au manoir d'Ailleboust, à Sainte-Mélanie, qui avait été construit par son père décédé en 1812. Elle devint alors seigneuresse.
Louise-Amélie Panet est morte au manoir d'Ailleboust le 24 mars 1862. Elle repose au cimetière de Sainte-Mélanie. Elle était la tante de Charles Lévesque, le tout premier poète présenté par les Poésies québécoises oubliées, et de Guillaume Lévesque, qui prit part aux luttes des Patriotes de 1837 et fut condamné à l'exil, et dont les Poésies québécoises oubliées ont présenté le poème La feuille au vent ou l'exil.
(Sources : Marcel Ducharme, Louise-Amélie Panet, seigneuresse, artiste-peintre, poétesse, L'Assomption, éditions Point du jour, 2016 ; Louise-Amélie Panet, Quelques traits particuliers aux saisons du Bas-Canada et aux mœurs des habitants de ses campagnes il y a quarante ans, mis en vers, texte édité par Roger Lemoine, Ottawa, Les Éditions David, 2000).
De Louise-Amélie Panet, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Description d'un orage (cliquer sur le titre).
Le poème L'oiseau, de Louise-Amélie Panet, est tiré du volume quatrième des Textes poétiques du Canada français. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Le poème L'oiseau est préalablement paru de façon
posthume dans la revue La Kermesse, de Québec,
le 25 novembre 1892, dans un article sur Louise-
Amélie Panet. Pour consulter cet article, cliquer
sur cette image :
Un intéressante biographie de Louise-Amélie Panet et signée Charles Ducharme, est parue aux éditions Point du jour en 2016, au sujet de Louise-Amélie Panet. Pour en savoir savoir plus sur cet enrichissant ouvrage consacré à la première femme de lettres connue du Québec, cliquer ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Entre 1836 et 1839, Louise-Amélie Panet a composé un long poème, intitulé Quelques traits particuliers aux saisons du Bas-Canada et aux mœurs des habitants de ses campagnes. Cette oeuvre est parue pour la première fois en 2000. Pour plus d'informations sur ce volume que l'on peut encore se procurer en librairie cliquer ICI. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Le manoir d'Ailleboust, à Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, où vécut et mourut Louise-Amélie Panet. (Source : Montrealbb) |
Monument funéraire de Louise-Amélie Panet au cimetière de Sainte-Mélanie, dans Lanaudière. (Source : Find-a-Grave) |
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