Un chien de race terre-neuve, tableau d'Edwin Landseer (1802-1873) (Source : Wikipedia) |
À M. Arthur Globensky.
Vous aviez un ami, chose rare sur terre,
Nous le voyions partout accompagner vos pas ;
Il dormait à vos pieds, vous aimait comme un frère,
Et quand vous le grondiez, il ne répondait pas.
Vous vous aimiez tous deux de cet amour sublime
Qui fait que l'un commande et que l'autre obéit ;
Il parlait du regard, il était votre intime,
Et savait deviner ce que vous aviez dit.
Un jour il disparut. ― En compagnon fidèle,
Vous avez regretté cet ami d'autrefois ;
Vous l'avez appelé, déception cruelle,
Il ne répondit pas pour la première fois.
Hier, pour vous prouver qu'il est toujours le même,
Que vos bons soins pour lui ne sont pas oubliés,
Et qu'il n'a pas trahi son vieux maître qu'il aime,
Fidèle, il s'en revint expirer à vos pieds.
Il venait demander sa dernière caresse
Dans un dernier adieu qu'il avait espéré.
― J'étais là. ― Dans vos yeux se peignit la tristesse,
Oh ! n'en rougissez pas si vous avez pleuré.
Charles Ouimet (Montréal, 12 janvier 1879)
Tiré de : Revue de Montréal, février 1879, p. 78. Le poème y est présenté tel que suit :
L'auteur du poème, Charles Ouimet, est né en 1846, fils d'André Ouimet. Son oncle était Gédéon Ouimet, premier ministre du Québec en 1873-1874.
Après ses études en droit, Charles Ouimet fut reçut avocat. Il pratiqua notamment avec Joseph-Adolphe Chapleau, lequel deviendra premier ministre du Québec. Ayant pratiqué le droit tant pour la défense que la poursuite, il fut magistrat stipendiaire pour le district de Beauharnois. Il s'impliqua dans le journalisme et dirigea durant quelques mois, à l'automne 1880, le journal La Voix du peuple, de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il fut également connu pour sa participation à la vie littéraire canadienne-française, notamment en publiant des poèmes dans divers journaux et périodiques.
Charles Ouimet est mort le 2 février 1883 à Ottawa, où il était devenu fonctionnaire au ministère de l'Agriculture. Il était âgé de trente-huit ans. Malgré nos efforts, nous n'avons pas encore trouvé de photo ou portrait de lui.
(Sources : Le Courrier du Canada, 6 février 1883 ; Montreal Herald, 5 février 1883 ; Le Constitutionnel, 10 novembre 1880 ; La Minerve hebdomadaire, 8 avril 1870).
Le poème La mort de Grimm, ci-haut, de Charles Ouimet, est paru dans la Revue de Montréal en février 1879. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Arthur Globensky (1850-1925), à qui Charles Ouimet a adressé son poème ci-haut, n'aimait pas seulement l'espèce canine, mais aussi la gent ailée, comme en témoigne son poème Petits moineaux (cliquer sur le titre).
Arthur Globensky, à qui Charles Ouimet a adressé son poème La mort de Grimm, ci-haut. (Source : BANQ) |
Le journal satirique Le Canard, qui était dirigé par des adversaires politiques de Charles Ouimet, un conservateur, n'a pas manqué de tourner en dérision le poème La mort de Grimm dans cet article sarcastique et un brin malveillant paru le 28 février 1879. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
Dans son édition du 10 novembre 1880, le journal Le Constitutionnel, de Trois-Rivières, fait état du départ de Charles Ouimet de ses fonctions à la tête de La Voix du peuple. (Source : BANQ) |
Le rédacteur du journal conservateur Le Constitutionnel, de Trois-Rivières, ironise sur une polémique ayant opposé Charles Ouimet et le très libéral Laurent-Olivier David, un journaliste et historien majeur de son époque. Ce texte est paru le 23 mars 1870. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
Charles Ouimet était avocat et en 1870 il était associé avec Joseph-Adolphe Chapleau, futur premier ministre du Québec. Dans un style non dénué de comique, cet extrait de la chronique « La Cour criminelle », dans La Minerve hebdomadaire du 8 avril 1870, rapporte l'une de leurs plaidoiries. (Source : BANQ ; cliquer sur l'article pour l'élargir) |
Cet article de l'édition du 6 novembre 1882 du journal Le Constitutionnel, de Trois-Rivières, fait état sur un ton humoristique de la présentation d'un poème par Charles Ouimet à une nouvelle mariée. Ouimet décédera quelques mois plus tard, en février 1883. (Source : BANQ ; cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Le Courrier du Canada (Québec), 6 février 1883. (Source : BANQ) |
Le Sorelois (Sorel), 9 février 1883. (Source : BANQ) |
Montreal Herald, 5 février 1883. Traduction : « Les amis de M. Charles Ouimet seront surpris d'apprendre son décès, à l'âge prématuré de 38 ans, qui a eu lieu à Ottawa, vendredi dernier. Il était bien connu dans le monde littéraire, et était un avocat habile et prometteur. Il occupa quelque temps un poste au ministère de l'Agriculture à Ottawa, mais fut contraint par la maladie à abandonner les tâches les plus ardues de ses fonctions. Il détint durant quelques années la position de magistrat pour le district de Beau- harnois, mais reprit sa profession d'avocat dans cette cité suite à l'abolition de ce poste, il y a quelques années. Sa dépouille mortelle arrivera à la gare Bonaventure ce matin, où ses amis sont conviés à 11:30 ». (Source : BANQ) |
La Patrie (Montréal), 14 février 1883. (Source : BANQ) |
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