Ulric-Louis Gingras (1894-1954) (Source : Troisième centenaire trifluvien, 1934, p.167) |
Telle une blonde almée en son psyché s'admire,
La maison de mon rêve, au bord de l'eau se mire.
Simple, avec ses carreaux anciens, ses clairs auvents,
Elle semble n'avoir aucun souci des ans.
Un jardinet l'entoure, assez grand pour qu'une âme
Puisse y cueillir, au soir, le parfum dont se pâme
La fleur du songe éclos au chant du souvenir.
La fenêtre regarde au loin vers l'avenir...
Et, jonché des lilas qu'éparpille la brise,
Le seuil, où la fraîcheur d'avril s'amenuise,
Écoute au loin passer les grands troupeaux meuglants
Que l'on mène, dès l'aube, aux pâtis verdoyants.
Et, c'est là, sous ce toit, bleu de clarté dissoute,
Dans ce décor champêtre où chaque instant ajoute
Au charme d'être ensemble un bonheur sans détour,
Que je voudrais, parfois, dans le calme du jour,
Vivre de la beauté fugitive des choses,
Du songe aux cent couleurs, que mes paupières closes
Abritèrent jadis, comme une vision,
Et dont je garde encore l'étrange illusion,
Afin de mieux comprendre, au cours de l'existence,
La douceur d'un foyer qu'anime une présence.
Ulric-Louis Gingras* (1933)
La maison de mon rêve, au bord de l'eau se mire.
Simple, avec ses carreaux anciens, ses clairs auvents,
Elle semble n'avoir aucun souci des ans.
Un jardinet l'entoure, assez grand pour qu'une âme
Puisse y cueillir, au soir, le parfum dont se pâme
La fleur du songe éclos au chant du souvenir.
La fenêtre regarde au loin vers l'avenir...
Et, jonché des lilas qu'éparpille la brise,
Le seuil, où la fraîcheur d'avril s'amenuise,
Écoute au loin passer les grands troupeaux meuglants
Que l'on mène, dès l'aube, aux pâtis verdoyants.
Et, c'est là, sous ce toit, bleu de clarté dissoute,
Dans ce décor champêtre où chaque instant ajoute
Au charme d'être ensemble un bonheur sans détour,
Que je voudrais, parfois, dans le calme du jour,
Vivre de la beauté fugitive des choses,
Du songe aux cent couleurs, que mes paupières closes
Abritèrent jadis, comme une vision,
Et dont je garde encore l'étrange illusion,
Afin de mieux comprendre, au cours de l'existence,
La douceur d'un foyer qu'anime une présence.
Ulric-Louis Gingras* (1933)
Tiré de : Ulric-L. Gingras, Du soleil sur l'étang noir, Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1933, p. 71-72.
* Joseph-Aldéric dit Ulric-Louis Gingras est né à Saint-David-de-l'Auberivière le 12 janvier 1894, de Ferdinand Gingras, journalier, et de Joséphine Lambert. Il fit ses études primaires à l'école du village et ses études secondaires au Collège de Lévis.
Agent d'assurances pendant quelque temps, il obtint en emploi d'inspecteur des aliments et drogues à Montréal, puis fut muté en 1920 à Trois-Rivières, où il demeura jusqu'à sa retraite en 1940. Il revint alors s'établir à Québec.
Délégué général au Québec de la Ligue d'Union latine, membre de la Jeune Académie de France et de la Société des Poètes canadiens-français, dont il fut plusieurs fois lauréat, il remporta en 1934 le prix de l'Ordre latin de France et le prix de poésie Archon-Despérouses de l'Académie française. Il fut également, la même année, lauréat des Jeux floraux de Tunisie, dont il reçut la première médaille d'honneur. Il a collaboré aux journaux Le Bien Public et Le Nouvelliste, de Trois-Rivières.
Il a publié trois recueils de poésies : La Chanson du Paysan (1922) ; Les Guérets en Fleurs (1925) et Du Soleil sur l'Étang noir (1933).
Ulric-Louis Gingras est mort à Québec le 24 décembre 1954. Il avait épousé Jeanne Turgeon le 10 juillet 1916.
(Sources : Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome 2, Montréal, Fides, 1981, p. 205-206 ; Troisième centenaire trifluvien, édition 1934 de l'Almanach trifluvien, 1934, p. 167).
D'Ulric-L. Gingras, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté : Nocturne (cliquer sur le titre).
Bois gravé de Rodolphe Duguay accompagnant le poème "La maison de mon rêve", dans le recueil Du soleil sur l'étang noir, d'Ulric-Louis Gingras, p. 71. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Du soleil sur l'étang noir, recueil d'Ulric-L. Gingras d'où est tiré le poème La maison de mon rêve, ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'élargir) |
Dédicace d'Ulric-Louis Gingras dans son recueil Du soleil sur l'étang noir (Collection Daniel Laprès) |
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"Que je voudrais, parfois, dans le calme du jour, Vivre de la beauté fugitive des chose" C'est une merveilleuse phrase que Ulric-Louis Gingras nous présente, n'est-ce pas ? Cela me remémore les soirées estivales du mois de juillet au large du fleuve Saint-Laurent, ou encore, quand nous nous retrouvons sous les étoiles autour d'un bivouac et que le firmament nous parle directement.
RépondreSupprimer-Napoléon Aubin