Henri-Myriel Gendreau (1903-1980) (Source : Mon Magazine, avril 1928) |
Emportant nos soupirs sur leurs ailes légères,
Semant leurs souvenirs aux choses passagères,
Aux feuilles de l'automne, aux roses du printemps,
Dispersant tour à tour nos pensées et nos rêves,
Secouant à nos yeux nos illusions brèves,
Rapides passent les instants.
Tous ouverts d'une aurore et clos d'un crépuscule,
Pas empressés du temps qui sans cesse recule,
De joie ou de douleur, sombres ou lumineux,
Un par un s'enfuyant vers la brume lointaine,
Nos jours dont la mesure est pour tous incertaine
Passent d'un vol impétueux.
Et l'on voit en tremblant la fuite des années
Ravissant aux mortels leurs frêles destinées,
Avec des fleurs parfois, jonchant nos tristes cœurs
De souvenirs flétris par le vent de l'orage,
De reflets pâlissants, des restes d'une image
Et des débris de nos bonheurs.
Depuis la création de ce monde débile,
Des fleuves et des mers suivant le cours mobile,
Voyant de toutes parts les empires crouler,
Les peuples disparaître au milieu de la guerre,
Et changer lentement la face de la terre,
Tels les siècles de s'écouler.
Le temps n'arrête pas sa course dévorante,
Ainsi l'humanité s'en va toujours mourante ;
Tout passe, tout périt, rien n'est stable ici-bas.
Mais Toi, l'Ancien des Temps, debout sur nos ruines,
Immuable, éternel en Tes forces divines,
Toi seul Tu ne passeras pas.
Des siècles endormis précédant la naissance,
À jamais sans déclin règnera Ta puissance ;
Mon âme avec transport exalte Ta splendeur
Lorsqu'à mes yeux la légion des astres
Et les cieux trembleront sous les derniers désastres,
Toi seul tu brilleras, Seigneur.
Tu prévis le passé, le sort des créatures,
Étreins dans un regard toutes marches futures ;
La tempête et l'éclair suivent Ta volonté ;
L'univers T'est connu dans ses replis intimes ;
Et Toi seul, ô mon Dieu, peux sonder les abîmes
Du Temps et de l'Éternité.
Henri-Myriel Gendreau (1922)
Tiré de : Henri-Myriel Gendreau, La belle au bois chantant, Beauceville, Imprimerie de l'Éclaireur, 1927, p. 64-65.
Pour en savoir plus sur Henri-Myriel Gendreau, voyez la notice biographique et les documents sous son poème La barque des vingt ans.
D'Henri-Myriel Gendreau, les Poésies québécoises oubliées ont également présenté L'hécatombe de Sainte-Marie-de-Beauce, qui connut un important succès populaire et fut mis en musique.
La belle au bois chantant, recueil d'Henri- Myriel Gendreau d'où est tiré le poème Le Temps, présenté ci-haut. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Dans son recueil La belle au bois chantant, Henri-Myriel Gendreau dédie l'un de ses poèmes aux héros de l'aviation Charles Nungesser (1892-1927), que l'on voit sur la photo ci-dessus près de son appareil, et François Coli (1881-1927), disparus ensemble alors qu'ils tentaient la traversée de l'Atlantique avec leur avion L'Oiseau blanc. Deux semaines après cette tragédie, Charles Lindbergh réussira la première traversée aérienne de l'Atlantique avec son avion le Spirit of Saint-Louis. |
Critique par Alphonse Désilets du recueil La Belle au bois chantant, d'Henri-Myriel Gendreau, dans Le Peuple du 20 janvier 1928. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
En mars 1953, Henri-Myriel Gendreau accorda
une entrevue au journal L'Autorité du peuple,
de Beauceville, que l'on peut consulter
en cliquant sur l'illustration suivante :
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Je ne peux que regretter n'avoir jamais rencontré mon grand-oncle...
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